JAOUEN Hervé / Á l’Anguille agile.
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Me tenir droite.
Denis SOULA.
Note : 4,5 / 5.
Destin brisé.
Je découvre cet auteur avec cet excellent roman.
Une femme nous raconte sa vie.
Elle entre d'une manière illégale, à l'aide d'une épingle qui retient son chignon, dans un appartement qu'elle connaît bien. Car il y a vécu dix ans. Elle se glisse dans la chambre de son fils, le seul qui est encore en vie et le regarde dormir.
Elle sort de prison, un jour, ivre et sortant de chez son amant. Roulant beaucoup trop vite, elle a eu un accident. Un de ses deux fils est décédé...
Pour elle, la vie ne fut pas un long fleuve tranquille. Fille de la campagne, il a suivi des études de serrurerie en lycée professionnel. Parfois les études mènent à une spécialisation qui n'était pas prévue au programme. Ici le cambriolage.
Son premier amour, un jeune loubard lui fait découvrir une autre facette de la vie, une existence plus facile, avec moins d'interdits.
Elle s'est mariée, s'est rangée pendant de nombreuses années, a eu deux fils. Enfin une vie normale.
Mais elle a revu par hasard le loubard, et son destin a basculé...
Depuis sa sortie de prison, elle tente de refaire sa vie, elle travaille dans un café comme serveuse, elle copine avec ses collègues de boulot, mais elle repense souvent à son fils, celui qui est encore en vie, et qui un jour réapparaît...
Plusieurs narrateurs dans ce roman, la femme à la fois mère de famille et criminelle, que la vie n'a pas épargné.
Son fils, avec qui elle tente de retrouver des relations normales, mais ce n'est pas évident après une longue absence.
Un très bon roman bien écrit, que j'ai particulièrement apprécié. Un personnage de femme qui tente de retrouver une raison de vivre malgré un passé tourmenté.
Une découverte.
Extraits :
- Je vais dire ces choses d'emblée, je suis la méchante de l'histoire, je suis la criminelle, je sors de tôle.
- Je ne le savais pas à l'époque, la folle c'était moi.
- Alors, je fais couler les cafés et l'ancienne nous embarque dans le Mékong de ses souvenirs.
- Quand on a seize ans, c'est juste un jeu. Je restais sur le qui-vive, me protégeais et guignais les biens des autres. Une petite garce, disaient les parents des copines.
- Je ne suis pas parvenue à supprimer mes deux fils.
- Puis un brouillard qu'on appelle aussi le cafard m'est tombé dessus, entourant mon fils des mystères de l'adolescence.
- Le plus hasardeux quand on ressort de ces immeubles le sac à main rempli de la camelote, c'est de trouver un fourgue de fiable.
- Les morts attendent que nous soyons seuls dans l'obscurité pour sortir de derrière les rideaux.
- Au bout d'un an et demi, l'enthousiasme s'émousse. Parfois, nous sommes heureux de nous voir, d’autres fois j'ai l'impression qu'il pointe. Qu'il se sent obligé de venir.
Éditions : Joëlle Losfeld (2025)