THOMPSON Jim / Sang mêlé.
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Sang mêlé.
Jim THOMPSON.
Note : 5 / 5.
Le retour du fils prodigue.
Je continue, bon an, mal an, (plutôt mal an) ma tentative de lire l’intégrale de l’œuvre de Jim Thompson. Je ne peux pas dire que j’avance beaucoup.
Critch est dans le train qui roule dans l’ouest de l’Oklahoma, il attend la femme d’un soldat qu’elle doit rejoindre dans sa caserne. Critch, en plus de la bagatelle, espère lui voler l’argent qu’elle a sur elle. Il repense à l’homme qui l’a éduqué, Ray Chance, pour qui sa mère a quitté son mari. Mais celle-ci, un peu trop accro au sexe, l’a aussitôt délaissé pour se livrer à la prostitution.
Il est justement en route pour aller retrouver son vrai père, ainsi que sa famille, son frère et ses belles-sœurs.
Ne voulant pas arriver comme un vagabond, il doit à tout prix trouver de l’argent liquide, et il semble que cette femme en a beaucoup.
Il ne sait pas que celle-ci et sa sœur sont des criminels en puissance, leur tableau de chasse est impressionnant, il se compte en dizaines de morts.
Il dérobe effectivement l’argent, arrive dans sa famille qui est un véritable panier de crabes, son jeune frère Alfie ayant tué Boz, son aîné. Commence alors, entre les deux frères, une partie de poker menteur, avec l’aînée de deux sœurs (Grande Sœur Ethel) bien décidée à lui mettre le grappin dessus, se venger, et récupérer son argent.
Argent que Critch n’a plus, son frère avec l’aide d’un jeune indien, lui a subtilisé.
Et en plus le marshal James Sherman Thompson aimerait bien s’occuper de la famille King en mettant quelques-uns de ses membres derrière les barreaux…
La première phrase de l’épilogue résume la teneur de ce texte :
- Une fois mort, le plus grand homme de la terre peut se faire pisser dessus par le chien le plus vil…
Sur pratiquement deux pages figurent quelques notes de l’auteur qui nous parle des personnages fictifs ou réels. James Sherman Thompson est un personnage réel qui pensait faire une grande carrière politique mais il ne la fit jamais.
Les sœurs Anderson, elles sont des personnages imaginaires, inspirés par la famille Bender, qui assassinaient et volaient les clients de leur auberge. Leurs victimes sont estimées entre trente et quarante personnes.
Une très abondante galerie de personnages, dont on a du mal à en trouver un, ne serait-ce que sympathique.
Avec beaucoup d’humour et de dérision, l’auteur nomme le marshal James Sherman Thompson dit Jim Thompson, ce qui ne le rend pas plus sympathique pour cela ! Il s’avère que l’auteur le connaît bien car il s’agit de son père.
Critchfied dit Critch King, ses frères Arlie, Boz qui est tué par Arlie, il faut réduire les parts de l’héritage, ses belles-sœurs indiennes Kay et Josie ; Ike King est un homme apparemment riche, la ville où il réside s’appelle en effet King Junction où il y fait régner sa propre loi.
Tepaha est un indien que Ike King considère comme son frère de sang.
Un des romans les plus intéressants de Jim Thompson, des plus compliqués également, mêlant encore une fois les problèmes familiaux, l’argent, le sexe et la haine.
Une chronologie parfois déroutante rend la lecture de ce roman ardue, mais c’est pour moi un des meilleurs de Jim Thompson que j’ai lu.
Sur la quatrième de couverture, un dénommé Geoffrey O’Brien compare ce livre à une saga islandaise, ce qui n’est pas faux.
C’est violent, parfois malsain et gore, avec un final immoral.
Une découverte qui nous permet au fil des pages de découvrir des aspects méconnus de la culture indienne.
Extraits :
- Ray était en train de se taper sa mère. Ray était en train de lui défoncer la chatte.
- Et, merde, elle devait bien être bonne à autre chose qu’à baiser !
- Ils se sont dit que leurs scalps pourraient bien se retrouver en haut d’un mât s’ils ne vendaient pas. Alors…
- Ce jeune godelureau avait déniché Petite Sœur le premier.
- Finalement, Arlie lui pinça affectueusement un sein et lui demanda pourquoi il fallait qu’une aussi jolie petite squaw soit une telle emmerdeuse.
- Le vieil Ike faisait la police lui-même. Il était son propre tribunal.
- L’exode des Tribus, contraintes de quitter leur pays natal, était l’un des épisodes les plus honteux et les moins connus de l’histoire. Déplacés par milliers et par milliers, ces Indiens avaient été envoyés au nord-ouest, dans un désert de l’Arkansas, où ils devaient vivre entre eux, dans une paix éternelle, et où ils seraient plus « heureux ». Car, bien entendu, tout ce qu’on faisait, c’était pour leur « bien », à ces Peaux Rouges.
Éditions : Rivages / Noir. (1987).
Titre original : King Blood (1954) Première publication 1973.
Traduit de l’américain par Michèle Valentia.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
La cabane du métayer.
Deuil dans le coton.
Un meurtre et rien d’autre.
Le criminel.
Une combine en or.
Ici et maintenant.
Un chouette petit lot.
A deux pas du ciel.
Cent mètres de silence.
Avant l’orage.
Une jolie poupée.
1275 âmes.
Rage noire.
Les alcooliques
Les arnaqueurs.
Le lien conjugal.
Monsieur Zéro.
L’assassin qui est en moi.
Le démon dans ma peau.
Nuit de fureur.
Sur Jim Thompson :
Michael Mc Cauley :
Jim Thompson. Coucher avec le diable.