JAOUEN Hervé / Á l’Anguille agile.
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Á l’Anguille agile.
Hervé JAOUEN.
Note : 5 / 5.
Nouvelles de Bretagne.
Recueil d’Hervé Jaouen qui, je le reconnais bien volontiers, est un de mes auteurs bretons préférés.
Titres des nouvelles :
À l'Anguille agile. La prairie. Mon chéri. Le banquier amoureux. La maison du sénéchal.
Des textes assez longs pour ce genre littéraire, cet ouvrage fait en effet deux cent soixante quinze pages pour cinq nouvelles.
« À l’Anguille agile. » Un dancing sur le bord de la Loire, où règne une maîtresse femme Aïcha, un nom qui lui donne un petit côté exotique alors qu’elle est native du Morbihan voisin. Mais pour elle, la Loire n'est pas un long fleuve tranquille. Elle a fait un mariage de circonstances avec un dénommé Antoine Mallarmé, morbihannais comme elle, né en 1926. En réalité ils avaient peu de choses en commun. Un enfant, Tony, naîtra de cette union, puis une petite fille suivra, Colette. Mais les bonnes choses ont toujours une fin, qui sera tragique...
« La prairie. » Un texte qui nous parle de la Bretagne d'antan, Maï-Yann et Youenn sont nés avant 1910 au bord de l'Odet. A cette époque la marche à pied était le moyen de communication le plus employé. Ils se sont mariés à vingt et un ans, l’âge où la permission des parents n’était plus obligatoire !
Le couple subit de plein fouet la modernisation de la Bretagne, la perte des traditions et d'une certaine culture. La nature perd ses droits.
« Mon chéri. » Gwladys a été élevée dans un catholicisme très strict, Pour Gildas la religion était beaucoup moins présente. Gildas entra à l'école nationale de la Marine de Saint-Malo, et choisit de faire carrière dans la marine marchande. Ils se marièrent par un beau jour d'avril, un petit Quentin naquit de l'union. Mais le petit chéri va décevoir sa mère. Il devait se marier mais la jeune femme a rompu ! Le prétexte est des plus étranges.
« Le banquier amoureux. » L’amour rend fou… parfois fou furieux et c’est ce qui arrive à Raymond Cosquéric. Il a gravi les échelons dans une banque, s’est marié avec Éliane, une union sans passion excessive, la vie suit son cours. Sauf qu’un jour une nouvelle employée débarque dans la succursale où il travaille. Une dénommée Geneviève Sizun… Cupidon arriva avec elle !
« La maison du sénéchal. » Aline est une petite fille tout ce qu’il y a de normale. Elle est triste et s’ennuie car elle est retournée vivre avec ses parents, elle ne se souvient pas très bien d’eux. Elle a passé du temps chez Mémé au cœur des monts d’Arrée ou chez ses autres grands parents,
à Brest… Elle se sent punie par ce retour chez ses parents, et se pose la question « Quelle faute a-t-elle commise ? ». Elle ne trouve hélas pas la réponse !
Des êtres plutôt ordinaires dans des situations qui semblent banales mais qui débouchent souvent sur des drames.
La Bretagne ancienne et contemporaine, la modernité est-elle arrivée trop vite ?
Toujours la belle écriture d’Hervé Jaouen, qui met la langue bretonne à l’honneur !
Un très grand recueil.
Extraits :
- Au lit elle était insatiable et son Antoine, qui avait des années de chasteté à rattraper, infatigable.
- En ce temps-là, le breton était la langue maternelle des petits pauvres, qui ne savait ni lire ni écrire, et c'était à l'école qu'on apprenait le français, si on avait la chance d'y aller.
- En pensée, elle l'autorisait à se désénerver entre les cuisses d'une fille de joie, aux Antilles ou ailleurs. S'il le faisait vraiment, c'était tant pis, ou tant mieux.
- Les amours platoniques ont leur charme, à condition qu'elles ne soient pas synonyme d'inhibition.
- Très rares étaient les employés qui acceptaient de quitter leur canton. En Bretagne, ils s'accrochaient comme lichen au granit.
- C'était comme si elle avait au Huelgoat trois mémés et un pépé pour la choyer.
Éditions : Terres de France. Presses de la Cité (2025).