THOMPSON Jim / Hallali.
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Hallali.
Jim THOMPSON.
Note : 4 / 5.
Treize à la douzaine !
Découverte de ce titre de Jim Thompson que je suis certain de ne pas avoir lu. Dans la mesure du possible j’essaie de suivre l’ordre des éditions américaines.
Nous sommes à Manduwoc, une station balnéaire en perte de vitesse car relativement loin de New-York. La population était il y a peu de 1275 âmes.
Clouée dans son lit, Luane Devore est omniprésente, étendant son pouvoir de nuisance sur la ville. Elle dit du mal de toutes et de tous, et pas toujours des calomnies, parfois des vérités pas bonnes à savoir refont surface !
Douze chapitres, autant de narrateurs par ordre d’entrée en scène :
Kossmeyer, l’avocat déjà rencontré dans « Le criminel ». Après avoir reçu un coup de téléphone hystérique de Luane Devor, il lui rend visite. Comme souvent la discussion se termine par des pleurs et de la bouderie de la part de la vieille femme. Elle se vante d’avoir donné une vie agréable à son mari. Ce qui ne convainc pas l’avocat.
Ralph Devore, mari de Luane Devore, est beaucoup plus jeune qu’elle. C’est un homme à la fois naïf et malin, malin car il s’est procuré une superbe Mercedes d’une manière pas trop orthodoxe. Il ne cache pas qu’il a pensé tuer son épouse, surtout depuis qu’il entretient une liaison avec Danny Lee.
Il a perdu beaucoup de clients et donc beaucoup de rentrées d’argent.
Rags McGuire, musicien, a découvert et formé Danny Lee. Il travaille pour la saison dans le dancing de la station balnéaire, propriété de Peter Pavlov. Il se souvient de la première rencontre entre Ralph et Danny, lui homme de peine ressemblant à un clochard !
Bobbie Ashton connaît son père mais sa mère, paraît-il, est morte il y a de nombreuses années. C’est pour beaucoup l’incarnation du mal, il prend tous les clients de Ralph par plaisir. Il est aussi responsable de la dépendance à la drogue de Myra Pavlov.
James Ashton, médecin, père de Bobbie, il a débarqué d’un autre état, un beau jour avec Haatie, sa gouvernante de couleur. Est-elle uniquement sa gouvernante ou plus impliquée dans sa vie ? Il a aussi des doutes sur sa paternité vis-à-vis de Bobbie !
Marmaduke « Goggy » Gannder (Irresponsable) est l’ivrogne local. Au réveil son premier but est de trouver un ou mieux plusieurs verres d’alcool ou à la limite quelques dollars pour s’offrir une bouteille. Il entre par effraction chez Luane, dont il entend la voix au loin. Sa quête va lui faire rencontrer Kossmeyer puis Peter Pavlov !
Hattie, noire, gouvernante chez le docteur James Ashton, Persécutée par Bobbie, elle semble prisonnière de cette famille qu’elle sert depuis longtemps, trop longtemps. Elle est au courant de beaucoup de secrets d’alcôve et d’ailleurs. Son statut de femme de couleur ne l’aide pas dans l’Amérique de l’époque.
Luane Devore, langue de vipère, elle est crainte de pratiquement toute la population de Manduwoc. Sa mort est souhaitée par beaucoup de gens. Son arme favorite, le téléphone. Un jour elle entend des pas dans l’escalier mais personne ne répond à ses appels !
Danny Lee, chanteuse, fille d’une vieille famille désargentée du Sud, descendante du général Lee, sa voix et son physique sont des atouts pour réussir dans la vie. Honnête plus que talentueuse sa vie ne fut pas des plus heureuses.
Henry Clay William, attorney du comté, doit en septembre repasser devant les électeurs. Vieux garçon, il vit avec sa sœur… qui parfois ne le porte pas dans son cœur. Au point de lui souhaiter de perdre ce passage devant les électeurs. Il était chez Luane dans les moments précédents le décès de celle-ci !
Myra Pavlov, fille de Peter, grosse dépendance à la drogue, par la faute de Bobbie Asthon. Mais elle devait vider le coffre-fort du dancing et s’enfuir avec lui. Mais l’argent ne fait pas le bonheur.
Pete Pavlov, homme d’affaires, propriétaire du dancing. Il est en affaires avec la famille de la défunte depuis très longtemps. Il découvre aussi la relation et la fuite de sa fille. Mais est-ce suffisant pour avoir tué Luane ?
Mais ultime coup de théâtre : une phrase en fin de roman.
- Ce n’est pas lui qui l’a tuée, dit une voix depuis la porte. C’est moi.
Un livre étrange à la narration originale. Une atmosphère sinistre et pour le moins étouffante où tout le monde a des cadavres dans ses armoires tout en essayant de ne plus les voir. Mais n’hésiterait pas à en ajouter d’autres… surtout s’il est possible de faire porter le chapeau à autrui.
Une grande similitude finale avec un précédent roman de Jim Thompson « Monsieur Zéro » où celui ou celle qui pense avoir tué n’est pas obligatoirement la ou le coupable !
Extraits :
- Les autochtones en ont pris un peu trop à leur aise ; ils se sont un peu trop permis d'escroquer le touriste.
- Mais il n'y avait chez elle absolument rien de pathologique. Sinon son égoïsme, son apitoiement sur elle-même, sa méchanceté et sa peur : son besoin de traîner les autres dans la boue depuis le sanctuaire d'un lit d'invalide.
- Car elle s'était très mal conduit, Luane. Elle avait commis la grave erreur de dire la vérité.
- La chair était prompte, mais elle était faible également. Quant à l'esprit, j'en étais totalement dépourvu.
- Rien ne porte à croire que Ralph ait tué Luane–ni, à vrai dire, que Luane ait été assassinée par qui que ce soit.
- Alors, si ce n'est pas moi qui l'ai tuée, qui ça peut-il bien être ?
Éditions : Rivages / Noir (1994).
Titre original : The Kill-Off (1957)
Traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias.
Autres chroniques de cet auteur sur ce blog :
Sang mêlé.
Écrits perdus (1ère partie)
Écrits perdus (2ème partie)
Nothing Man.
Après nous le grabuge (1ère partie)
Après nous le grabuge (2ème partie)
Un nid de crotales.
La cabane du métayer.
Deuil dans le coton.
Un meurtre et rien d’autre.
Le criminel.
Une combine en or.
Ici et maintenant.
Un chouette petit lot.
A deux pas du ciel.
Cent mètres de silence.
Avant l’orage.
Une jolie poupée.
1275 âmes.
Rage noire.
Les alcooliques
Les arnaqueurs.
Le lien conjugal.
Monsieur Zéro.
L’assassin qui est en moi.
Le démon dans ma peau.
Nuit de fureur.