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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 mai 2025

JESENSKÁ Milena / Vivre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre. *
Milena JESENSKÁ

Note : 4,5 / 5.
C’est simplement la vie…

Je découvre cette autrice tchèque au destin tragique. Elle est aussi connue pour avoir reçu des lettres d’amour parmi les plus belles envoyées à une femme. Leur auteur, Franz Kafka !
Ce livre est un recueil d'articles parus dans différents journaux ou magazines entre 1919 et 1939 qui se divise en deux parties et commence par un avant-propos de Dorothea Rein.
1ère Partie : « L’ancien temps hante le nouveau ». (1919/1933).
Chroniques extraites des journaux praguois suivants :
Tribuna. Národní Listy.
2ème Partie : « Les événements projettent leur ombre par-dessus les frontières ». Reportages politiques (1937/1939).
Toutes ces chroniques sont extraites du magazine Přítomnos qu’elle dirigeât.
Quelques photos et illustrations sont insérées entre ces deux parties.
L’ancien temps hante le nouveau ». (1919/1933).
Des textes durs, des sujets divers, pleins d’humanité et d’une belle écriture.
Deux de ces articles concernent la ville de Vienne, une ville où les habitants malgré les graves pénuries gardent un certain art de vivre.
« Lettres de grands hommes » avec cette question : A-t-on le droit de publier ces correspondances ?
« Mon amie », l’amie en question c’est tout simplement Madame Kohler, la concierge…
« L’affaire Georg Kaiser », procès qui a passionné l’Allemagne, l’auteur à succès, marié et père de trois enfants est condamné pour vol…
« Triste adieu » où l’on retrouve Madame Kohler et où l’autrice propose un drôle de marché à son mari !
« L’attente est mauvaise conseillère » qui commence par ces mots :
-« Nous passons notre vie à attendre quelque chose » mais quoi ?
Reportages politiques (1937/1939).
Cette seconde partie, plus historique et politique, est plus complexe à lire, car j’avoue ne pas réellement connaître l’histoire de la Tchécoslovaquie entre 1937 et 1939.
Il est ici beaucoup question de quelques provinces tchèques nommées les Sudètes.
Ces provinces sont peuplées de Tchèques et d'une grande minorité allemande. La coopération entre les deux communautés était relativement paisible, mais la montée du nazisme et la prise de pouvoir d'Hitler changea la donne. Les Allemands, sous la houlette d'un
pro-nazi nommé Konrad Henlei réclama et obtint que ces provinces soient rattachées à leur puissant voisin. Au grand désespoir des Tchèques, qui récupéreront ces provinces à la fin de la guerre.
On croise relativement peu de personnages, si ce n'est des gens du peuple. On parle évidemment de figures historiques qui ont marqué les années d'écriture de l'autrice.
Il est aussi question de divers écrivains tchèques Franz Kafka et Jaroslav Hasek ou autres.
Elle rend également un hommage appuyé à Charlie Chaplin pour son film
« A Woman of Paris ».
Contrairement au sentiment que je ressens d'habitude en lisant certains recueils de nouvelles très anciens, ici je n'éprouve pas le sentiment que ces textes aient vieilli, même ceux traitant de l'histoire et de la politique.
C'est bien écrit, une lecture très agréable et une découverte.
En fin d'ouvrage, un excellent post-face de près de trente pages, nous renseigne sur la vie de Milena, son enfance, ses mariages, les hommes de sa vie, ses lectures (Byron et Óscar Wilde), ses relations avec Franz Kafka, ses problèmes de santé et ses années de dépendance à la morphine.
Elle fut aussi la traductrice de Guillaume Apollinaire, Henri Barbusse, Paul Claudel, Romain Rolland, Jules Laforgue, G.K Chesterton, R.L. Stevenson, Jonathan Swift et de nombreux autres.
Elle meurt  le 17 mai 1944 à Ravensbrück, à l’âge de quarante-huit ans.
Extraits :
- A-t-on le droit de publier la correspondance des grands hommes ? Je reviendrai tout à l'heure sur cette question qui ne me paraît pas essentielle.
- Si, comme moi, vous avez grandi dans ces rues qui crucifient nos métropoles, vous saurez de quoi je parle.
- Voilà bien les hommes, on ne peut jamais compter sur eux. Voilà la récompense de mes six années de patience et d'amour. Le salaire de mes souffrances. Voilà où nous en sommes.
- Malheureux ceux qui n'ont jamais connu l'ivresse. Malheureux ceux qui n'ont jamais connu l'insouciance.
- Son monde grouillait de démons invisibles qui détruisent et déchirent l'homme sans défense. (Lignes écrites au moment de la mort de Franz Kafka).
- Le rôle du reporter ressemble parfois à celui d'une hyène.
- Dans les petites auberges, ça discute ferme. Que va faire l'Angleterre ? Comment se comportera la France ? Qu'est-ce que Hitler a dans la tête ?
- Parfois le père est tchèque, la mère allemande, les enfants sont chez Henlein et mettent leur papa en quarantaine sous son propre toit.
- Trop d'hommes sont tombés victimes dans les filets de cette paix saluée de par le monde avec tant de jubilation.
- Nous lisions Dostoïevski, Tchekhov, Tourgueniev, Flaubert, Stendhal avec la passion que les jeunes d’aujourd'hui vouent au roman policier.

Éditions : Lieu Commun (1985). Réédition. 10-18 (1996).
Titre original : Pas de titre original.
Traduit du tchèque par Claudia Ancelot.
*Textes réunis et présentés par Dorothea Rein.

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