KAFKA Franz / Lettre au père.
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Lettre au père *
Franz KAFKA.
Note : 4 / 5.
Au nom du père…
Longue lettre (qui en format livre de poche fait 93 pages) de Kafka, qui, alors âgé de trente-six ans, écrira à son père qui ne la lira jamais.
Ce court ouvrage commence par une présentation de Franz Kafka et la liste des livres de l'auteur publiés dans la collection Folio. Il est également signalé que ce texte est extrait du volume : Journaux et lettres, 1914–1924 : Œuvres complètes IV. (Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard).
Cette missive est écrite à Schelesen et débute ainsi :
Très cher père,
Kafka avoue dès les premières lignes qu'il craignait beaucoup son père. Pendant de très nombreuses années il a préféré se taire, car, semble-t-il, énormément de choses les opposaient.
Ce père qui était plus un homme d'affaires qu'un intellectuel, fier de sa réussite commerciale n'appréciait pas que son fils tente de vivre de sa plume.
Leurs visions de la religion étaient également contraires, Kafka a avoué ceci :
Dans le judaïsme, je n'ai pas trouvé davantage de quoi me sauver de toi.
Les divergences furent encore plus marquées quand Franz Kafka fut en âge de se marier. L'opposition du père fit qu'il rompit ses fiançailles et qu'il ne se maria jamais. Malgré qu’il ait entretenu une correspondance amoureuse avec l’écrivaine Milena Jesenkà.
La famille, Herman, ce père peu apprécié avec qui il est souvent en conflit. Julie, la mère qu’il aime, les deux frères décédés Georg et Henrich et les trois sœurs, Elli, Valli et surtout Ottla dont il parle souvent. Toutes trois auront des destins tragiques.
Une belle écriture mais malgré tout une lecture relativement ardue.
Extraits : -
...Ottla, je l'ai soutenue dans son obstination et, alors que pour toi je ne lève pas le petit doigt (je ne t'apporte même pas un billet de théâtre), pour les étrangers je fais tout.
- Mais j'en suis aussi peu coupable moi-même.
- Je ne le dis naturellement pas que si je suis devenu ce que je suis, c'est uniquement dû à ton action sur moi.
- Mais cela dit je continue de te prier de ne pas oublier que jamais de la vie je ne croirais, et de loin, à une faute de ta part.
- À cela correspondait ensuite la domination intellectuelle. Tu étais arrivé si haut, seul à force de travail, que par conséquent tu avais une confiance illimitée dans tes opinions.
- Mais est ce que c'était exclusivement sa faute, et non aussi la faute de la situation et surtout du fait qu’elle t’était devenue étrangère ?
- Si je voulais te fuir, il fallait aussi que je fuis la famille, même ma mère.
- Jamais sans doute tu ne m'as plus profondément humilié par des paroles ni plus clairement manifesté ton mépris.
- Ainsi s'achève ma vie jusqu'ici avec toi, et telles sont les perspectives qu'elle porte en elle pour l'avenir.
Éditions : Gallimard (2022). Folio pour l’édition de poche (2023).
Titre original : Brief an den Vater (Manuscrit 1919. Publication 1952).
Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary.
* Nouvelle traduction.
Autre titre de cet auteur sur ce blog :
Dans la colonie pénitentiaire et autres nouvelles (GF-Flammarion).