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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 février 2025

LEGÁTOVÁ Květa / La belle de Joza.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La belle de Joza.
Květa LEGÁTOVÁ.

Note : 4 /5.
La belle et le godichon.
J’ai relu ce roman, ayant oublié que je l’avais déjà lu il y a environ une vingtaine d’années.
L'auteure est née en 1919 en Moldavie de son vrai nom Vera Hofmanova. Ce livre fut édité l'année de ses quatre vingt deux ans. Elle est également l’auteure d’un recueil de nouvelles
« Ceux de Želary ».
Nous sommes à Brno, Eliška « La belle », qui est doctoresse, travaille pour un réseau de résistance à l'envahisseur allemand. Très sûre d'elle- même et un peu inconsciente, elle croit en sa bonne étoile, vit une histoire d'amour avec un autre médecin, Richard. Elle s'occupe également par bonté d'âme de Joza Jorda, être difforme qui est arrivé à l'hôpital dans un état désespéré. Faute de sang, elle a servi de donneur pour lui sauver la vie. Il vient de Želary, village des montagnes de Moldavie. La nature lui a donné une qualité indéniable, le don de raconter des histoires dont il charme l'hôpital. Petit à petit, ces deux personnes vont se rapprocher.  Mais la guerre est là, et ce n'est pas un jeu d'enfant. Richard disparaît et elle, pour échapper à la Gestapo, doit fuir dans les montagnes de Moldavie et épouser Joza. Commence pour elle une autre vie, diamétralement opposée à ses habitudes de citadine et de femme d'un certain prestige. Le voyage en train, par ailleurs très éprouvant, lui permet d'entrevoir la vie qui, semble-t-il, sera la sienne avec cet homme qu'elle connaît à peine et qui déjà devient plus sombre plus l'arrivée approche ! Mais, il y a une étape dans ce voyage, dans un village proche du but, le temps de trouver une maison pour le couple, et de faire les travaux nécessaires. La veille du mariage, c'est encore loin d'être le cas ! Et qui est cette mystérieuse
Žeňa qui semble régenter la vie de Joza ! C’est alors le début d’une vie dans un village qui semble être resté à l'époque du moyen âge ! Et dans ce qu'elle appelle un paysage terrifiant ! Avec des gens encore plus terrifiants !  Mais la guerre n'est-elle pas encore pire que tout cela !
Eliška, narratrice de sa propre vie, se retrouve devant le choix dramatique : être emprisonnée par la Gestapo ou se marier à un homme beaucoup moins intelligent qu'elle et devoir vivre dans une région totalement inconnue dans un village retiré de tout !  Le mariage est la solution qui lui permet de rester en vie, mais est-ce réellement la vie ? Joza a été quasiment vendu par son père à la mort de sa mère à l'âge de quinze ans. Sa vie ne sera que brimades et exploitations, un accident lui permettra de connaître une autre manière de vivre. Richard, homme par qui la trahison arrive, l'héroïne apprend de manière fortuite qu'il est marié et père de deux enfants, il aurait à première vue regagné l'Autriche, pays de son épouse. Au grand désespoir de la narratrice.
Les habitants de ce village, région montagneuse et boisée de Tchéquie servent de personnages secondaires avec leurs qualités et leurs défauts, la loi des hommes frustres et souvent imbibés d'alcool étant omniprésente. Un pays que je connais peu, à part l'espoir soulevé par « Le printemps de Prague » et huit jours passés dans une ville à la frontière avec la Pologne en 1969. Quant à cette période de l'histoire, je ne la connaissais pas du tout, tout en sachant très bien que là-bas comme ailleurs de nombreuses exactions avaient eu lieu, là comme partout.
J'ai bien aimé l'écriture, ce style changeant, variant les phrases courtes qui donnent du rythme à l'action, puis une écriture plus lyrique dans les montagnes où la vie est plus monotone. Mais la danse et le théâtre sont les rares espaces culturels. L'auteur nous parle également d'auteurs, comme Stanislav Neumann, Karel Čapek qui aurait, paraît-il, inventé le mot « Robot », ou du poète Otakar Březina.
Toujours une belle histoire et un bon roman.
Extraits :
- « Vous avez appris aux notions à parler la langue des gueux » a écrit Vančura*. Exécuté comme « otage ».
- Lorsque, plus tard, je rencontrais Joza, j'eus l'impression de voir le bossu de Notre-Dame.
- Ce godichon est amoureux de toi.
- C'était à leur merci que j'allais être livrée.
- Nous venons avec l'arrogance des ignares, de résoudre des questions vieilles comme l'humanité.
- Prague, jusqu'alors intouchée , joyeuse, allait en liesse à la rencontre des futurs martyrs.
Oripeaux rouges aux noires inscriptions.
- Demain, je vais épouser un idiot.
- Dès le premier jour, on m'avait fait bien comprendre mon état de femme.
- Chaque matin, je retrouvais la brutalité du quotidien.
- Je me guérissais des traumatismes de l'enfance.
- On jouait principalement des contes de fées. A travers eux, les montagnards rejoignaient leurs rêves secrets, irréalisés.
- La phase initiale d'un enfer planifié, sur les autels sans dieu, où trônait la croix gammée.
Éditions : Noir sur Blanc. (2008). A vue d’œil (Gros caractères) (2008).
Titre original : Jozova Hanule (2002).
Traduit du tchèque par Eurydice Antolin avec le concours d’Hana Aubry.
*Vladislav Vančura (1891 / 1942). Médecin et écrivain, il est arrêté en 1942 par la Gestapo, parmi d'autres otages exécutés en représailles à l'attentat contre Heydrich à Prague. Note d'Eurydice Antolin.

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