ZINET Nagui / Une trajectoire exemplaire.
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Une trajectoire exemplaire.
Nagui ZINET.
Note : 5 / 5.
Une lente descente aux enfers !
Je vais commencer cette chronique par une citation de W.C. Fields :
- Un homme qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais.
Cette haute pensée philosophique m'inspire celle-ci :
- Un auteur qui aime Jim Thompson, Charles Bukowski, Raymond Carver, et de nombreux autres, ne peut être qu'excellent.
Cet ouvrage commence par un prologue qui a pour titre Patrick Dewaere. Puis un dénommé Guyader entre en jeu. Il lit le journal d'un homme que nous ne connaîtrons que sous l’initiale de son nom : N.
Nous commençons donc la lecture de ce fameux journal qui débute dans la ville de Lille.
N. vit dans un studio crasseux, c'est un minable, un laissé-pour-compte, un traîne savate, un marginal. Il a vingt-cinq ans et est au chômage. Sa situation est la même que beaucoup de gens.
Il est fauché, boit énormément, fume beaucoup, il a peu d'avenir et un passé douloureux. Il traîne sa misère de droite et de gauche. Sa seule et unique distraction qui lui permet de se sortir de sa solitude est la lecture. Des ouvrages qui n'incitent pas forcément à la joie de vivre, il adore Jim Thompson, dont il lit en ce moment "Nothing Man"*.
Un jour, dans un bar, alors qu'il boit un coup avec un copain, il rencontre Irène une femme plus âgée que lui, professeur de danse, qui semble être aussi solitaire que lui.
Commence alors entre ces deux personnages que tout semble opposer une liaison amoureuse.
Mais N. aura-t-il la force de lutter contre ses démons ?
J’ai beaucoup aimé ce livre, on sent au fil des pages beaucoup de sincérité, un certain vécu.
Une découverte et un coup de cœur.
Extraits :
- Le côté qu'occupait Laure avait déjà été remplacé. Par des cendriers débordant de mégots.
- Plus tard, tu te diras qu'il aurait fallu qu'on te montre de l'hostilité, alors je serais rentré chez toi après le premier bar. Et tu t'es dirigé, crétin alcoolisé, vers le troisième.
- Chacun a son odeur : toi, tu sens l'alcool, Louise la sueur, Malo la chance et Irène la solitude.
- Voilà, elle commence comme ça, l'histoire.
- Être un eunuque au milieu d'une partouze, ça amuse qui ?
- Après une vingtaine de minutes à maudire les cyclistes, les handicapés, les motards, enfin tous ces canards, tu trouves enfin un endroit où te garer.
- Tuer une jeune fille, ça désaoule. Tu rentres dans le bar sans tituber et commandes un demi.
- C'est fini, maintenant il remplit deux verres de vin et t'offre une cigarette. Parler littérature. Parfois il t'embrasse. Ce n'est ni agréable ni désagréable. Tu t'en fous.
- On t'a donné une chambre individuelle. Tu ne la quittes pas. Tu y lis Jim Thompson et David Goodis toute la journée.
Éditions : Joëlle Losfeld éditions (2024).
* Détail étrange, j’ai lu il y a très longtemps la première traduction de ce roman : "Monsieur Zéro", et récemment la nouvelle traduction de l’intégrale du texte qui a gardé son titre original "Nothing Man ".