HERRY Cyril / Tempête Yonna.
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Tempête Yonna.
Cyril HERRY.
Note : 4 / 5.
Isolés du monde !
Première lecture de cet auteur qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai. La France est paralysée par une grève générale, la vie est déjà compliquée. En plus une tempête, joliment baptisée Yonna, dévaste tout sur son passage. Les habitants d’un petit village, Braconne, sont complètement isolés du reste du monde, plus d’électricité ni d’eau. Plus de moyens de communications, plus de téléphones. Isolement complet. Les habitants doivent s’organiser malgré leurs différences et certaines animosités. Il y a des différences d’âge, ceux qui sont nés au village, ceux qui y résident depuis plus ou moins longtemps, et des Parisiens qui étaient en vacances dans le gîte du village.
Deux hommes prennent les choses en main, Bruno et Saul. Si Bruno est un villageois, Saul lui habite avec sa compagne Yonna et leur bébé Nino dans une roulotte. Mais entre eux et le reste du village il n’y a aucun problème. On ne peut pas en dire autant de Barbara, jeune femme vivant seule avec Lou, sa fille. Barbara accueille beaucoup d’hommes et est de surcroît la maîtresse de Bruno. Julia, l’épouse de celui-ci, le découvre… Bonjour l’ambiance !
Mais pour l’instant il faut parer au plus pressé et Bruno et Saul s’y collent. Faire le tour des fermes isolées, voir les besoins de cette population en général âgée, trouver de la nourriture. Mélanie, la restauratrice du village, participe à l’effort et son restaurant devient le quartier général des bénévoles. Frédéric, le cadre parisien se joint à l’équipe, avec Angeline, sa fille, mais pas Estelle, son épouse…
Barbara également brille par son absence, mais Bruno n’est pas à son premier coup de canif dans son contrat de mariage au chapitre fidélité.
Une absence est très remarquée, qui est Edgar qui n’a pas réapparu ?
Il faut aussi prendre des nouvelles de P’tit Léon qui habitait une ferme isolée avec sa vieille mère.
Le gros œuvre ne manque pas, il faut bâcher les habitations, car les toits n’ont pas résisté. Il devient aussi urgent de dégager une route des arbres et autres objets qui l’encombrent pour tenter d’aller dans un des villages voisins, mais lequel ? La distance est sensiblement la même, chacun donne ses arguments.
Mais des drames ne vont pas tarder à intervenir… ainsi que des morts violentes.
Des personnages au premier abord tout ce qu’il y a d’ordinaire, mais chacun porte en lui des zones d’ombres et des fêlures, qui surgiront durant ce huis-clos à ciel ouvert, mais ciel couvert.
J’ai beaucoup aimé l’atmosphère de ce livre, très belle écriture, un auteur, homme de terrain et amoureux de la nature, mais qui plonge dans les problèmes des êtres humains confrontés à des problèmes qui les dépassent.
Extraits :
- On ne pouvait donner d'âge à P'tit Léon qu'à quinze ans près.
- On ne se séparait pas de la terre. C'était sacré, la terre.
- Elle l'aimait toujours, mais tout s'était ébréché et l'écroulement durait, durait…
- Et elle les avait tous vu s'en aller, Jules compris. Loin d'ici, en voiture ou en train, ou à un kilomètre, les pieds devant. Presque tous. Les uns après les autres.
- « On n'a pas fait exprès de te faire, avait crié la mère. Alors maintenant tu arrêtes de nous faire chier, tu entends ? Tu restes ici et tu ne la ramènes pas. »
- Tout un peuple d'anges profita du temps que la porte se referme pour investir la salle.
- Tout ça pour un corps.
- Cette fille doit rester ici, on lui fera une place. Angeline aussi doit rester. La vie qui les attend à l'extérieur leur permettra pas de s'épanouir.
- Je ne pensais pas que ce maudit coup de vent nous causerait tant de malheur, dit-elle.
- « Les belles morts sont si rares », ajouterait-t-elle.
Éditions : In 8 (2021).