CARSON Jan / Les lanceurs de feu.

Les lanceurs de feu.
Jan CARSON.
Note : 4 / 5.
Belfast, tout feu, tout flamme !
Second ouvrage de cette autrice nord-irlandaise chroniqué sur ce blog après son recueil de nouvelles « Le fantôme de la banquette arrière ».
Nous sommes à Belfast durant l’été 2014 ! Ce roman se déroule entre les mois de juin et d’août.
La saison des traditionnels grands feux et des grandes parades protestantes du 12 juillet n’a pas encore commencé.
Et pourtant des feux se déclarent dans Belfast, tristes souvenirs de la récente période des « Troubles ». Période que beaucoup aimeraient oublier mais que certains redoutent de voir revenir.
La majorité des habitants de la ville est consciente que la moindre étincelle peut remettre le feu aux poudres, et pourtant…
Des feux non officiels en attendant le grand feu rituel du 12 juillet.
Jonathan Murray médecin est un homme solitaire, il a été amoureux mais cette femme avait un copain ! Un jour, allant voir une patiente qu’il ne connaissait pas, il commence une relation avec elle ! Cette femme a un comportement étrange, elle aime vivre dans la baignoire de l’appartement et de préférence sous l’eau. Elle le quitte lui laissant un bébé de sexe féminin à moitié immergé dans l’évier de la cuisine ! Il la prénommera Sophie.
Sammy en regardant une vidéo reconnaît son fils Mark comme un des lanceurs de ces feux ! Il fut dans sa jeunesse un homme violent, membre des loyalistes, toujours prompt à se battre. Mais Mark est une énigme pour lui, le dépassant dans la violence. Il se souvient de l’attitude de son fils, enfermant sa petite sœur qui avait peur des oiseaux dans le poulailler pour la guérir ! 
Mais un jour ces deux hommes, Jonathan Murray, le médecin et
Sammy Agnew, ancien membre des paramilitaires loyalistes, vont se rencontrer dans un Belfast proche du chaos.
Un roman très étrange, mêlant l’atmosphère des étés de Belfast, et des passages surréalistes en italique nous parlant d’enfants ayant des pouvoirs surnaturels. Ces enfants qui, sous la houlette d’un médecin, forment une sorte de club « Les enfants Infortunés de Belfast-Est ».
J'ai particulièrement apprécié cette phrase :
- La littérature comporte des risques, mais il est très rare que la manipulation incorrecte d’un livre entraîne la mort.
Une découverte très différente de son recueil de nouvelles « Le fantôme de la banquette arrière ».
Extraits :
- Un matin j'étais moi. Le lendemain, j'étais nous.
- Jonathan Murray est né ici, lui aussi, a tout juste cinq minutes de Sammy dans la même rue, bien que la distance entre eux soit continentale.
- C'est Belfast. Ce n'est pas Belfast. C'est la ville qui ne les laissera partir ni l'un ni l'autre.
- La ville a la migraine à cause du cri constant des sirènes qui se ruent d'un incident à l'autre.
- Tous les deux pâtés de maison, la chaussée se lève en cratères arrondis, dont les bords rebiquent, comme la croûte noire brûlée d'un gâteau trop cuit. Ce sont les vestiges d'anciens feux.
- Je me détruirais avec joie pour passer encore une heure dans son lit.
- Pendant les défilés, le Lambeg fanfaronne comme un ivrogne bavard.
- D'autres gardent une vieille tendresse pour la violence. Ils ne cracheraient pas sur une bonne petite émeute, si l'occasion se présentait.
- Il a le sentiment d'être le roi du monde, mais il ne peut le dire à personne.
- Parce que-vous vexez pas-, docteur, vous êtes trop huppé pour savoir ce qui se passait à l’autre bout de la rue.
- Elles sont en talons aiguilles et, pour la plupart, orange à la fois par le teint et la couleur politique.
Éditions : Sabine Wespieser (2021).
Titre original : The Fire Starts. (2019).
Traduit de l’anglais (Irlande du Nord) par Dominique Goy-Blanquet.
Autre titre de cet auteur sur ce blog :
Le fantôme de la banquette arrière.