HELGASON Hallgrímur /101 Reykjavík.

Hallgrímur HELGASON
101 Reykjavík .
Note : 3,5 / 5.
Divagations islandaises.
101 Reykjavík est le code postal du centre ville de la capitale islandaise. Donc d'entrée nous savons où se déroulera l'action de ce livre. Auteur né en 1959, c'est son troisième roman, il a été adapté au cinéma. Il est également poète et peintre.
Hlynur vit avec sa maman, malgré son âge, et il ne trouve que des avantages à cet état de fait, surtout que la dite maman très maternelle s'occupe de tout. Et en plus elle a (la maman) une copine (et plus si affinité, et affinité il y a!) . Et celle-ci, Olla, est plus jeune et plus « plaisirs défendus » alcool, joints et pourquoi pas un homme! Elle passe parfois à la maison pour fumer et taquiner Hlynur. Pour les fêtes de Noël, elle reste une semaine avec eux, enfin avec lui, maman devant partir.Un jour (de l'an), ce qui devait arriver arriva : Hlynur trompa sa mère avec l'amante de celle-ci. Olla trompa son amante avec le fils de celle-ci! Quel début d'année! Mais dans la soûlographie et la précipitation, et ce malgré le froid, Hlynur ne sortit pas couvert, Olla se trouva enceinte, et s'installa définitivement dans cette famille accueillante! Pour l'état civil, quels liens l'enfant à venir aura-t-il avec la maman d'Hylnur? Est-ce contagieux? Plusieurs femmes dans l'entourage d'Hylnur sont également enceintes et plusieurs le désignent comme l'homme par qui la grossesse arrive!Ensuite le livre n'est qu'une longue litanie de la vie pour le moins imbibée et chaotique d'Hylnur, de fêtes où il est le spectateur de nuits d'extase, d'errances nocturnes, de films porno et de télévision à haute dose, bref une vie bien remplie, de pas grand chose.
Hlynur a une notion du temps assez particulière, les heures sur le réveil sont des années, il se lève en 1601, sa mère rentre normalement en 1637 (à quelques années près!) Il se laisse vivre entre sa mère et l'amante de sa mère qui a été, un soir d'égarement, également sa maîtresse à lui. Parfait goujat, il est parfois un peu poète, pas toujours de bon goût. En parlant d'une fille un peu ivre qui l'embrasse, il dit que : son rouge à lèvres pue l'huile de foie de morue!
Et autre gracieuseté : ... ses nichons sont mignons, comme des poires en boite.
Lolla (Olöf) a un travail « Conseillère en alcoologie » donc le chômage n'est pas pour demain. Elle raconte pleins d'histoires de poivrots amusantes à des degrés divers, surtout quand elle même a trop bu. Ce qui lui arrive un soir de réveillon, avec en prime une gueule de bois carabinée et une situation pour le moins inattendue, mais dont elle se rendra compte plus tard. Ah, champagne et cotillons!
Une belle brochette de joyeux marginaux, une faune étrange un peu révoltée contre la société mais ne refusant aucun de ses avantages. Je vous passe la liste des personnages secondaires, ombres de la nuit islandaise, entre un couple d'homosexuels, un patron de bistrot, quelques filles plus ou moins bien notées, etc.....Je reconnais qu'à un certain moment, j'ai été perdu dans la signification des chiffres entre parenthèses! Puis, il m'a semblé que c'était une cotation pour ses connaissances féminines, style l'école des fans, à part qu'ici seul le physique compte! Eh non ce n'était pas tout à fait cela, mais je ne l'ai su qu'à la fin du livre.
Un constat sur une certaine jeunesse qui me semble traîner un mal de vivre que l'on retrouve chez certains auteurs américains. Mais si l'alcool, le sexe et la drogue semblent être une tentative de guérison, le remède c'est l'humour et la dérision.Un humour à froid, décapant, des descriptions et des comparaisons très imagées au service d'une histoire pas très morale! Par moment certaines des divagations intellectuelles du personnage principal sont un peu brouillonnes.
Un roman dont j'ai bien aimé le début, dommage qu'il soit si long et devienne un peu lassant. Une oeuvre très déjantée qui ne plaira pas forcément à tout le monde, le propos et certaines idées étant pour le moins osés. Un livre qui avait tout pour me plaire, qui me laisse au final un sentiment très mitigé, mais j'ai souvent ri de bon coeur.
Extraits :
- Maman, c'est le genre Arte, si vous voulez, tandis que Lolla, c'est plutôt style Canal.
- Le sourire qui m'a engendré, celui qui a plu à maman. C'était il y a de nombreuses dents. Maintenant elles sont toutes fausses.
- C'est comme si on allumait un camping-gaz au pôle Nord
- Cela ressemble à une manifestation de cinquante pèlerins devant l'ambassade de Mongolie en pleine nuit.
- Son visage s'anime, comme des corn-flakes sur lesquels on vient de verser du lait.
- Et vu que le Danemark faisait autrefois partie de notre République.
- Tout le monde a baisé avec tout le monde. On se croirait dans la salle d'attente du centre de médecine préventive, section maladies vénériennes.
- Elle me lance un regard du genre ne-me-drague-pas-je-suis-lesbienne puis éteint sa clope et se replonge dans son journal.
- Maman allume la radio. Des choeurs. Nous nous taisons en choeurs.
- On vient de passer trois cent soixante cinq jours sur la galère et, hop en route pour le prochain round, et tout de suite!
- Dieu nous a dotés d'une quéquette et d'un cerveau, mais pas assez de pression sanguine pour faire fonctionner les deux à la fois.
- Il faudra sûrement s'attendre à un léger choc psychologique quand on passe directement du chômage à la retraite.
- Et moi, alors, je suis quoi? Le rejeton d'un alcoolo et d'une lesbienne.
- Tímur est un cas, un sacré cas. Un sumo au crane rasé avec une barbe à la ZZ Top.
Éditions : Actes Sud.
Titre original: 101 Reykjavík.