21 juin 2016
FÉREY Caryl / Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale.
Caryl FÉREY.
Note : 4 / 5.
Au nom du frère.
Sorte de récréation pour moi, entre deux lectures de romans noirs, ce livre de souvenirs des jeunes (et moins jeunes) années de l’auteur.
Monfort-sur-Meu est une bourgade aux environs de Rennes, pas forcément un endroit idéal pour passer son enfance, mais je pense qu’il y a vraiment pire ailleurs.
Deux parties : « L’âge de pierre » et « L’âge de fer » pour quinze chapitres aux noms prometteurs comme par exemple : « L’autre pédé », « Jimmy Connors ou rien » et des références aux ouvrages de l’auteur « Haka, l’éternel retour du même » ou « Utu, un principe de vengeance » et pour terminer un clin d’œil au voyage et un hommage au cinéma « Easy Riders ».
Le frère personnage omnipotent de « L’âge de pierre », sorte de surdoué échouant régulièrement dans tous ces projets en particulier sportifs. Terreur des tatamis et des footballeurs des environs ; mais peu compatible avec l’esprit d’équipe, il se tourne vers le tennis. Sans plus de succès.
Le sport et la musique, le football et le vélo, le tennis aussi, les distractions de la jeunesse, les amis, les filles et l’école. Une jeunesse somme toute ordinaire.
Puis vient la fin de l’âge de pierre et le début de celui de fer ! Le début de l’âge adulte, les études à Rennes, la passion des voyages, la Nouvelle-Zélande, les petits boulots car il faut bien manger, et l’écriture encore et toujours !
Et la notoriété au bout de la route, escarpée la route, pleine d’embûches et d’épreuves…
Des membres de la famille bien évidement comme personnages de cette série de textes avec le frère en invité d’honneur parfois envahissant.
Mémé Marthe, la grand-mère d’une autre époque, des amis des différentes périodes de la vie, des filles aussi, puis des femmes les années passant, celles dont on tombe amoureux et les autres, joies et chagrins.
Des célébrités, idoles de jeunesse, Johnny Repp et Michel Platini, des matchs de légendes rejoués sur des terrains perdus dans la campagne bretonne, Bernard Hinault, idole de la Bretagne, en plus voisin. Les nombreux musiciens écoutés depuis l’enfance. On croise aussi d’autres écrivains qui nous valent ces lignes pleines d’ironie mais d’empathie :
-… les grands noms du polar français était là. Je n'en connaissais aucun mais ils étaient rudement impressionnants avec leurs fringues dégueulasses et leurs têtes d'ivrogne.
Je dois reconnaître que j’ai éprouvé un énorme coup de cœur pour « Jimmy Connors au rien » un joueur que j’ai adoré avant que le tennis devienne ce jeu formaté avec des joueurs « clean » sur eux et passablement ennuyeux ! Merci Jimmy, tes coups de gueule avec ceux de McEnroe me manquent ! Époque bénie où je me levais la nuit pour regarder l’US Open !
Un bon livre qui m’a permis de connaître le personnage Caryl Férey et donc de mieux comprendre les ressorts de son œuvre que je découvre roman après roman.
Extraits:
- Mon frère avait le ressort mouillé, la trouille au ventre, bien voyante, comme une faim qui le rongeait, une trouille de tranchée.
- Mon frère perdait ses moyens et quand il les retrouvait, c'était tout mélangé. Il fallait toujours recommencer.- Carole était d'un naturel superbe, Vénus au grand corps plein de seins, Bowie-la-lopette était selon elle le mec le plus mignon qu'elle connaissait et elle trouvait que je lui ressemblais.
- J'avais beau être pauvre, je n'étais pas non plus une buse : à quand les éditions du Crédit Agricole où le héros récurrent, lancé dans la jungle des Côtes-d'Armor, pourchasseraient des serial killers de cochons industriels ?
- Par contre, vu la liste d'attente, Crumley, Dantec, Pouy, la réédition de Long Goodbye, ça ne sortira pas avant deux ans...
- « Ce qui compte, c'est le chemin, pas le résultat », est une des phrases de Brel qui ne me quitte pas. Je le savais déjà à l'époque.
- Haka était paru en 1998, Utu sortirait en 2004 : personne ne m'attendait, sauf moi. Le combat avait été dur, âpre, mais j'avais donné le maximum.
Éditions : Points ( 2013)
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