OYOLA Leonardo / Chamamé.
Chamamé.
Leonardo OYOLA.
Note : 4,5 / 5 .
En voiture.
Ce roman qui a obtenu le prix "Dashhiell Hammet de la semaina negra 2008" (meilleur roman noir en langue espagnole) est le second livre de cet auteur traduit en français après "Golgotha".
Perro se souvient d'avoir fait la connaissance de Noë en prison. L'enfer de la vie carcérale et ici le mot enfer n'est pas de trop. Dans le même bloc, celui des évangélistes, ils se sont retrouvés ensuite dans une bande de pirates qui écumait les routes. Mais un kidnapping qui tourne mal va laisser des séquelles dans leur amitié : Perro veut la peau du pasteur. Mais la route est longue, les mauvaises rencontres nombreuses. Et il faut défendre chèrement sa peau. Des assassins paraguayens dont le chef veut, longtemps après, venger la mort de Kitty Kat son "giton" tué en prison au cours d'une bagarre entre eux et Perro et Noë ; la poursuite sera sanglante.
Le récit dans ce que l'on appelle la région des trois frontières, Argentine, Brésil, Paraguay, est une suite d'épopées mortelles et sanguinolentes, des rencontres avec des personnages complètement hallucinés, les sorcières et leurs initiations sexuelles, les flics aux méthodes pas très orthodoxes, bref un livre inclassable. Plein de bruit et de fureur. Une grande baffe !
Il y a énormément de personnages, même si peu arrivent encore vivants à son final.
Perro (Le chien) est d'un des deux personnages principaux de ce roman ; ce surnom vient de son nom de famille Ovejero qui signifie berger. Son enfance ne fut pas des plus réjouissantes, élevé par un père qui avait la main pour le moins leste, il servit également de chaperon à son petit frère. C'est un mélange de dureté, de violence mais aussi capable de sentiments humains. Son histoire d'amour avec Julia en est l'exemple le plus significatif.
Pasteur Noë est l'un de ces fous furieux mystiques, soi-disant sur terre pour faire une grande oeuvre ; dans son cas la construction d'une église. Mais je dois dire que ce faire, il n'est pas très regardant sur la morale chrétienne, ni sur le sens du mot loi. Son meilleur ami et son fidèle compagnon"Le pasteur Jimenez", son couteau, qui lui permet de se sortir de certaines situations pour le moins délicates.
Entre les deux hommes les relations sont pour le moins ambiguës passant de l'estime à la haine mais faisant front commun en cas de danger les menaçant, ce qui arrive très souvent.
Âmes sensibles s'abstenir, les lecteurs imprégnés de classicisme peuvent également passer leur chemin. Ici c'est sexe, violence, sang et rock 'n' roll. C'est rapide, sans temps mort (par contre des morts il y en a!), mais écrit sans ordre chronologique apparent ce qui fait que ce livre n'est pas d'une lecture très aisée. Et pour une fois, je ne sais pas bien comment parler de ce roman.
Comme tous les ouvrages des éditions Asphalte une playlist musicale termine cet ouvrage. Mais la musique est omniprésente dans cette histoire de Bruce Springteen à Joe Cocker, des Rolling Stones aux Guns n'Roses, groupe, je pense, le plus cité. Cet ensemble de mots ont en argot argentin un côté très péjoratif signifiant à peu près "espèces de gros caïd"!
Extraits :
- J'entre dans un enfer, l'Enfer plutôt, et j'adore me vautrer dans ces flammes.
- Le fanatisme d'un converti, c'est comme un bandeau sur les yeux. Ça aveugle.
- Pauvres, pauvres types. Mes frères....Ignorants. Désespérés. Nécessiteux. Pleins de colère. Fanatiques. Aigris. Solitaires. Dépressifs. Condamnés. Trompés.
- Chacun dans notre rayon, on était des pointures. Mais là on était vraiment bon, ensemble, là où on assurait grave, c'était dans la vitesse d'exécution.
- Et je savais très bien que le paradis, ou un truc approchant, se cachait entre les jambes de cette fille.
- C'est important d'être aimé. Ça, c'est un luxe, c'est le luxe en puissance.
- Pour ce qui est de la Honda Shadow, je l'avais explosé en voulant imiter Steve McQueen dans la grande évasion.
- Ça faisait un bail que je n'avais pas baisé. Mais ça faisait encore plus longtemps que je n'avais pas fait l'amour.
- J'avais toujours adoré les culs. Et le sien, je vous raconte même pas, c'était comme un Noël avec plein de sucreries.
- Alex ne devait pas atterrir à la morgue. Hors de question qu'il finisse au cimetière.
- Les rêves ne regardent personne d'autre que celui qui les fait, sauf si le rêveur a décidé de vous y réserver une place.
- Les jambes ouvertes de Verónica, découvrir l'origine du monde.
- La légende est toujours plus intéressante que la réalité, pas vrai ?
Éditions : Asphalte (2012)
Titre original :Chamamé (2007)
Autre chronique de cet auteur :
Golgota.