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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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16 janvier 2011

KEROUAC Jack / Big Sur.

Big_sur
Big Sur *
Jack KEROUAC.

Note : 5 / 5.
Crépuscule !
A mon avis un des livres les plus lucides de Kerouac et aussi le plus poignant, la folie, la dépression et l'alcool sont omniprésents. C'est certainement  un de mes livres préférés de Jack Kerouac, le plus émouvant sûrement.
En 1960, Kerouac tentant de se reconstruire, pense partir en Californie dans une cabane que lui prête un ami. Loin du monde, il espère trouver un havre de paix. Vœu pieu, mais vain!
Après un réveil pénible dû à une beuverie, Jack Duluoz part pour Big Sur, son arrivée au milieu de la nuit le terrifie, le bruit étourdissant de la mer qui semble provenir de sous ses pas, la faible lueur de sa torche et la réflexion  sur la dangerosité du lieu énoncé par  le chauffeur qui le conduit l'angoissent au plus haut point. Et l'auteur cherchant la raison de l'échec de ce voyage dit :
Ça ne vaut la peine d'être raconté que si je vais bien au fond des choses. Kerouac fuit la célébrité, sa vie de fou depuis le succès de son livre « Sur la route ». En réalité, il tente de se fuir lui même, de briser l'image que les gens se font de son personnage de beatnik  courant le pays en stop. D'ailleurs il va en Californie en train, puis emprunte un bus et termine le voyage en taxi, l'aventure est loin! Les années ont passé et le monde a changé, d'ailleurs les dernières tentatives de l'auteur pour faire du stop seront un échec . L'endroit est imposant, une carcasse de voiture accidentée dix ans plus tôt gît dans la mer, le brouillard est intense, seule présence Alf, le mulet placide. Les tâches domestiques, la lecture Emerson et Walt Whitman,  l'écriture de « La mer », le soir assis sur un rocher, et les réflexions sur sa vie maintenant qu'il est célèbre meublent sa solitude. Mais dès le quatrième jour, l'ennui le gagne, alors il retourne à la civilisation, aux amis, aux beuveries.....Une lettre de sa mère lui apprend la mort de Tyke, son chat, il s'ensuit une longue période sombre et très alcoolisée, il retrouve Cody qui est sorti de prison et des amis de longue date, Jack a de l'argent, donc les bouteilles défilent..... Il manque un rendez-vous avec Henry Miller, (auteur lui aussi d'un livre nommé Big-Sur) pour cause d'ivresse.
Dans un de ses rares moments de lucidité, il repart pour la cabane de Mansato, accompagné de quelques amis pour ce qui devraient être des jours heureux....
Lorenzo Mansato, en réalité Lawrence Ferlinghetti, libraire, poète et éditeur, est un ami de longue date de Jack et aussi un des ses plus ardents défenseurs. Cody, ce bon vieux Cody, l'ami des premiers voyages, celui de « Sur la route » personnage sûrement  idéalisé par Kerouac qui avait pour lui un sentiment étrange d'amitié et très certainement de jalousie. Evelyne, l'épouse de Cody, et la maîtresse de Jack, Billie, la maîtresse de Cody,  puis de Jack, éternel trio amoureux qui marquera la vie des deux hommes.  Billie a un garçon Elliot, très possessif qui obnubilera Jack qui viendra à le détester durant ce qui aurait dû être un séjour agréable entre amis avec Dave et Romana, mais qui marquera le fin du séjour californien  de Kerouac.
Je ne pense pas avoir, au cours de ma première lecture, ressenti le côté désespéré de ce texte qui est mon impression principale maintenant. L'âge et la maturité sûrement. Certaines pages sur son alcoolisme sont (un peu à l’instar d'un autre auteur ayant le même penchant, Bredan Behan)  édifiantes et terrifiantes de réalisme. La mort aussi est présente, la mort animale surtout, Tyke son chat, un poisson rouge, une loutre, une souris, tous ces évènements vont aider  la descente aux enfers de Jack, qui semble-t-il, ne s'en remettra jamais, et pourtant ce récit se termine sur une note optimiste.
Ayant terminé ce livre, je me dis que cela a parfois du bon de revenir sur ses anciennes lectures, en ayant acquis certaines connaissances sur l'auteur et ses écrits et le malentendu dramatique entre l’œuvre et l'homme, entre l'écrivain et ses lecteurs.
Un dernier mot, les auteurs bretons parlent souvent de Kerouac dans leurs écrits, comme d'un compagnon de route, et c'est ce que j'éprouve moi aussi pour lui.
Extraits :
- Le sacré « Roi des Beatniks » est de retour en ville, il paye à boire à tout le monde.
- Mais c'est facile à dire quand votre fuite loin de la cité sordide s'avère réussie.
- Oui, une plus grande solitude est donc nécessaire.
- Et c'est là, en fait, l'une des circonstances qui ont contribué à provoquer ma crise de démence.
- « Je suis breton ! » m’écriai-je et les ténèbres répondent :
« les poissons de la mer parlent breton.** »
- En fait, je ne suis qu'un clown malade d’écœurement comme tout le monde.
- Mais la mer ne m'avait-elle pas dit de retourner vite vers ma propre réalité ?
- Fini le gazouillis du ruisseau ; je suis revenu dans la cité maudite, je suis pris au piège.
- Cela accroît mon cafard, toutes ces choses de la Mort qui s'amoncellent soudain.
- Une gigantesque beuverie commence au fond du canyon.
- Mais la paranoïa causée par la drogue n'est pas l'élément essentiel et pourtant.... il y a longtemps que j'ai cessé de me droguer, cela ne me réussissait pas.
- Un crépuscule bleu tombe sur le monde californien. Frisco étincelle là-bas.
- Et je suis là en train de me flatter, fonçant tête baissée vers la haine la plus stupide que j'ai jamais éprouvée.
- Ce qui est encore un indice de la folie qui va s'emparer de moi à Big Sur.
- Mais tous les venins que j'ai dans le sang sont asexuels, asociaux, à-n'importe quoi.
- Je m'écris : « Mais ils ont l'air tous morts ; le sommeil c'est la mort, tout est mort ! »
Éditions : Gallimard (1966).
Titre original : Big Sur(1962).
* suivi de « La mer/ Bruits de l'océan Pacifique à Big Sur ».
** en français dans le texte.
Chroniques sur Jack Kerouac
:

Jack Kerouac, Breton d'Amérique. Patricia Dagier & Hervé Quéméner.
Chroniques des livres de Jack Kerouac :
 KEROUAC Jack / Maggie Cassidy
 KEROUAC Jack / Visions de Gérard
 KEROUAC Jack / Vraie blonde, et autres.
KEROUAC Jack/ Les Souterrains. 

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Commentaires
E
Bonjour Niki.<br /> Lire Kerouac est effectivement une expérience à mon goût très enrichissante. D'après Patricia Dagier (dont je te conseille le livre qu'elle a co-écrit avec Hervé Quéméner) son ancêtre serait parti d'Helgouat justement.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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N
je note ce titre, car kerouac est un personnage fascinant que je connais assez mal - mais je me souviens avoir découvert, lors d'une balade à huelgoat, que ses parents étaient d'origine bretonne ;o)
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E
Bonjour Patricia.<br /> Pour les lettres choisies, je pense les lire assez rapidement ; il faudrait que je regarde si le premier tome est à la médiathèque. C'est, comme vous le dites, une synthèse du personnage qui est très différent de son œuvre.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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P
Bonjour Yvon<br /> <br /> Rien de nouveau pour ce qui concerne Lorient à l'heure où je vous adresse ce message. Je vous tiendrai informé.<br /> <br /> Pour ce qui est de lire Kerouac, j'ai beaucoup aimé lire "avant la route" puis "Sur la route" et ensuite les oeuvres selon la date de leur écriture. On mesure l'évolution de l'auteur. <br /> Et finalement la lecture de "Lettres choisies" permet de faire une synthèse de l'ensemble et surtout de mieux connaître et comprendre l'homme qu'était Kerouac, avec tous ses paradoxes et ambiguïtés. <br /> <br /> À bientôt<br /> <br /> Patricia
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E
Bonjour Patricia.<br /> Malheureusement pour l'ordre chronologique, c'est un peu tard. Et quel ordre ? Celui de l'écriture ou celui de la vie de Jack Kerouac ! <br /> Viendrez-vous au Festival interceltique cette année que nous finissions notre conversation commencée à Carhaix, il y a déjà deux ans.....<br /> A bientôt.<br /> Yvon.<br /> Le site de Patricia, auteur avec Hervé Quéméner de « Jack Kerouac, Breton d'Amérique ».<br /> http://kerouac.monsite-orange.fr/
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