KEROUAC Jack / Vraie blonde et autres.
Vraie blonde et autres.
Jack KEROUAC.
Note : 4 / 5.
Écrits pour magazine!
Rassemblés en 1993 et 1994, ces textes ont été publiés entre 1957 et 1967. Ils parurent dans diverses publications dont "Playboys" par exemple ou "Esquire".
Ils sont précédés d'une préface à l'édition américaine ainsi que d'une seconde préface (appelés notes) à l'édition française cette fois.
Fidèle à mes habitudes, je ne lirai celles-ci que ma chronique finie. Dernière précision, ceci est ma première lecture de ce livre, ce qui n'était pas le cas de Maggie Cassidy" et de "Les Souterrains".
Ce livre commence par deux leçons d'écriture à la Kerouac : "Croyance et technique pour la prose moderne" écrit en 1959, suivi de "Principe de prose spontanée", édité en 1957.
Avec le recul quelques petites choses amusent : "Débarrasses-toi de toute inhibition littéraire, grammaticale et synthaxique". Kerouac a pourtant passé une partie de son temps dans des corrections pour pouvoir être édité!
Dans "La grande traversée de l'Ouest en bus", nous suivons l'auteur dans un périple de fou, San-Francisco/New-York en autobus! La lente traversée des Etats-Unis avec quelques lignes sur le Montana avec un nom de ville écrit comme cela "Missoula" qui à l'époque ne devait être qu'un trou minable, un tout petit point sur une carte!
Le récit d'un autre voyage "En route vers la Floride" est une expérience originale, Kerouac part en voiture avec un photographe Robert Frank pour confronter leurs impressions, Jack dira:
"Le résultat: quoi que cela puisse être, c'est l'Amérique. C'est la Route Américaine et chaque fois ça réveille l'oeil".
Des souvenirs des fêtes de Noël dans deux courts textes : "Il n'y a pas longtemps on était fou de joie à Noël" et "Noël à la maison", on sent une nostalgie certaine dans le coeur de Kerouac et la fin de l'innocence. Ce sentiment que l'on retrouve dans " Mon Chat Tyke".
L'observation d'une ville sert de décor à "Esquisses de Manhattan", style dans lequel Kerouac excellait.
Musique et littérature complètent cet ouvrage avec une question " Naît-on ou devient-on écrivain?"
Les personnages croisés sont le plus souvent les laissés-pour-compte de la société américaine, comme ce vieux vagabond noir du Sud, qui en une chanson et une nuit prophétique lui fait reprendre la route. Ou cette fille superbe de "Vraie blonde" en maillot de bain et grosse voiture de luxe, le prendra en stop de Dallas à San-Francisco. Le voyage se fera à grand renfort de Benzédrine, la jeune fille lui fera le coup de la panne d'essence, les pompistes l'envieront et Jack qui se posera toujours la question "Que voulait-elle?".
On trouve aussi les amis écrivains, Gregory Corso entre autres.
Relire l'oeuvre de Kerouac, c'est pour moi voir la vérité de plein fouet, le monde a changé, mais pas en bien. Kerouac, ou Brel ou Brassens, ne serait-ils pas rejetés par des directeurs artistiques-comptables, circulez, vous ne vendez pas assez!
Dans ces textes, l'écriture est soignée et la lecture aisée. Les récits de voyages, l'Ouest, la Floride ou autres sont des moments où l'on sent que Kerouac maîtrise son sujet et ses descriptions, "La traversée de l'ouest en bus" et Vraie blonde" en sont des exemples.
Ses tentatives d'explications au sujet de son appartenance à "La Beat Génération" sont plus confuses pour ne pas dire contradictoires. Avec lucidité, il dit "Il ne reste en fait plus rien de la Beat Génération originale.
Un livre intéressant permettant de mieux cerner les multiples personnalités de l'auteur.
Extraits:
- Mais il marchait dans la nuit américaine.....
- Je n'avais rien d'autre à faire que de lire le paysage ; j'étais seul.
- Et derrière, un Paysage Américain d'une désolation indicible indescriptible, à faire frissonner Marcel Proust.
- Une expérience bien morose, traverser Richmond, Virgine, sous une pluie diluvienne à minuit.
- Ce n'est pas le problème, je ne voudrais même pas avoir d'enfants, ils ne naissent que pour mourir.
- La Beat Generation n'est pas une bande de voyous.
- Mais de l'autre côté de la rue un presbytère triste.
- Puis j'ai lu Joyce et écrit tout un roman juvénile à la "Ulysse" intitulé "Vanité de Duluoz"
Éditions : NRF/Gallimard.
Titre original: Good blonde & Others (pour l'essentiel des textes.)
Autres chroniques de cet auteur :
Maggy Cassidy.
Les souterrains.
Visions de Gérard