Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Derniers commentaires
Archives
30 juin 2009

DAGIER P. & QUÉMÉNER H. / Jack Kerouac, Breton d'Amérique.

  Babalio   Kerouac                                                                        

Jack Kerouac, Breton d'Amérique.
DAGIER Patricia & QUÉMÉNER Hervé.

Note : 4 /5.
Les poissons de la mer parlent breton*
En retrouvant Jack Kerouac, j'éprouve souvent deux sentiments, la joie de le lire, et un petit brin de nostalgie. C'était il y a longtemps, mais j'ai gardé précieusement mon vieux volume de « Sur la route ». J'avais lu il y a quelques années « Jack Kerouac, au bout de la route ...la Bretagne » des deux mêmes auteurs. Ce livre n'est pas la réédition du précédent ouvrage, mais le résultat de dix années de recherches supplémentaires.
Prenons la route qui nous mènera des forêts du Huelgoat en 1720 jusqu'en 1969 en Floride où est décédé Jack Kerouac dont la quête de son ancêtre fut vaine .
Urbain-François Le Bihan, fils de François-Joachim de Kervoac, notaire et « principal bourgeois de la ville du Huelgoat » est dans une situation peu brillante. Il est accusé de vol, et ce n'est pas, semble t-il, la première fois! Après quelques péripéties judiciaires, il rejoint le lot des fils de familles mis à l'écart du scandale en Bretagne. Une pratique qui consiste pour les pères à envoyer par une lettre de cachet leurs fils dévoyés au loin le plus légalement du monde! Donc pour Urbain, à nous deux la « Nouvelle-France » Au début il sera chasseur, trafiquant avec les indiens des peaux contre de l'alcool, mais une de ses premières préoccupations est de se forger une nouvelle identité, et là, commence la valse des noms, prénoms, surnoms, et autre pseudo titre de noblesse! Chose rendue possible par des préposés aux archives à l'orthographe plutôt fantaisiste, bien aidée par Urbain lui même.
Quelque exemples : Carouch, Caroak, Karoüak, Querouac, Kerouacq, Kyroique, Kerouac. Son acte de décès s'établit comme suit:
- « Le 5 mars (1736) , Alexandre Keloaque, breton de nation, âgé d'environ trente ans et faisant fonction de commerçant décède à Kamouraska après avoir reçu tous les sacrements ».
Cette écriture à deux mains, la généalogiste et le journaliste, est particulièrement intéressante, surtout pour le parallèle entre les vies de Jack et de son ancêtre. Même complexité des individus, Urbain étant nettement plus roublard que Jack et étant très souvent à l'extrême limite de la légalité. Autre point commun, ils mourront tous les deux très jeunes après des vies, si l'on peut dire, bien remplies. Ils seront également des aventuriers et voyageurs, chacun à leur époque.
Deux personnages avec leur soif de vivre, même si celle-ci a tué Jack avant l'heure, deux destins semblables comme si, ironie de l'histoire, le premier traçait la route au second!
Urbain et Jack à des époques différentes auront eu leur « Conquête de l'Ouest ».
Un bon livre pour un néophyte qui voudrait connaître l'essentiel de l'oeuvre et du personnage de Kerouac, en particulier sur ses relations avec sa mère Gabrielle (dit Mémère!). Hervé Quéméner s'attache en particulier, ce que l'on ne trouve pas dans les autres ouvrages consacrés à Kerouac, à son attachement (parfois excessif ) à la Bretagne. Quelques très belles lignes sont consacrées aux rencontres et à l'amitié qui liait Kerouac et Youenn Gwernig.
Par contre, il est absolument nécessaire de s'accrocher pour suivre Urbain-François Le Bihan de Kervoac dans ses nombreuses péripéties! Et tout cela sous des noms d'emprunts qui ont dû rendre le travail de Patricia Dagier pour le moins ardu, mais passionnant.
Les auteurs signalent quelques livres de Kerouac au sujet de la Bretagne, « Big Sur » pour le poème en fin d'ouvrage, et « Satori à Paris ». Dommage que cette édition ne reprenne pas les photos et la généalogie figurant dans « Jack Kerouac. Au bout de la route....le Bretagne ».
On peut retrouver des témoignages de gens ayant côtoyé Kerouac dans l'excellent ouvrage (mais est-il toujours disponible, car il date de 1978?) « Les vies parallèles de Jack Kerouac » de Barry Gifford et Lawrence Lee aux éditions Henry Veyrier.
Extraits :
- En effet, deux personnages cohabitent dans la douleur chez Jack Kerouac.
- Il reste toute sa vie un petit garçon de Lowell, Massachusetts, fils de Canadiens français, catholiques et conservateurs.
- « Ti-Jean, n'oublie jamais que tu es breton », lui répétait son père.
- Il s'agissait en effet d'un conflit de classes sociales. Et le notaire du Huelgoat, du fait de sa condition, s'imaginait jusqu'alors intouchable.
- Tout se passe comme s'il avait des rapports incestueux avec sa mère. Ce qui n'a jamais été avéré.
- Ils ne sont pas les seuls à converger vers l'océan. L'appel du large et le plus fort et il n'est pas nécessaire d'être issu d'une famille de marins pour y succomber.
- Une garantie pour les pères, qui se débarrassent ainsi de leurs progénitures, sûrs de ne pas les voir rentrer au bercail de sitôt.
- ... »On the Road en anglais (il, Jack ») n'aurait pas traduit le titre par « Sur la route », mais par « Sur le chemin ». Cette précision n'est pas dénuée de sens. Elle ajoute l'intention de donner au livre une dimension de quête physique.
- Il affirme même que la seule conséquence de ce défi aura été de réveiller ses instincts de marins bretons !
- Mais ces moments sont de plus en plus rares. Jack se complaît dans une spirale suicidaire et se consume à l'eau de feu.
- Et cette paternité, la postérité la lui a imposé.
Éditions : Le Télégramme  (2009)
*Phrase extraite de « La mer ». Bruits de l'océan Pacifique à « Big Sur », qui termine le roman du même nom.
Ouvrages de Jack Kerouac sur ce blog:
Maggie Cassidy.
Vraies blondes & autres.
Visions de Gerard.
Les souterrains.
Le site du livre, ici

Publicité
Commentaires
E
Bonjour Laurence.<br /> Un livre très intéressant et Patricia Dagier est quelqu'un de très sympathique et pleine d’enthousiasme au sujet de Jack Kerouac...<br /> Pour Barry Gifford, je connais le film dont tu parles, mais pas le livre.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
Répondre
L
PS: Barry Gifford, que tu mentionnnes dans l'article est aussi un excellent auteur de polar américain, il a notamment écrit ' sailor et lula", adapté au ciné par david Lynch
Répondre
L
Etonnée je suis de ne pas avoir lu cet article avant, c'est un livre que j'entends me procurer bientôt, parce que je suis une fan de Kerouac ! Sur la route, Big Sur , les anges vagabonds étaient mes lectures d'ado ! grand écrivain voyageur ce Kerouac et grand noceur aussi
Répondre
E
Bonjour Patricia.<br /> Effectivement de la lecture en perspective ! Mais plus d'un week-end pour les deux. Car il semble que la version originale de « Sur La route » est un pavé. <br /> A bientôt!<br /> Yvon
Répondre
P
Bonjour Yvon<br /> <br /> En ce grand jour, 20 mai 2010, sortie de "Sur la Route" en version originale, vous avez eu l'heureuse idée d'insérer votre critique de "Jack Kerouac, Breton d'Amérique" sur le site de la librairie Dialogues de Brest.<br /> Heureuse intitiative.<br /> Ce matin, je me suis précipitée chez mon libraire pour acheter mon exemplaire du "rouleau original". J'ai aussi acheté le "Livre des Esquisses", traduit par Lucien Suel et sorti le même jour.<br /> De la bonne lecture en perspective pour ce week end.<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> Patricia
Répondre
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Publicité
Newsletter
Publicité