Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs

29 mai 2023

BATHANY Claude / Desperado sur le rivage.

 

editions-metailie
Desperado sur le rivage.
Claude BATHANY.

Note : 5 / 5.
Rencontres balnéaires.

Troisième roman de Claude Bathany (ainsi qu’un recueil de nouvelles) chroniqués sur ce blog.
Nous sommes dans une station balnéaire de Bretagne. Jeff, accordéoniste, qui se défini
t lui-même comme un ex-connard, vit avec « La loche », sa compagne sur un bateau. 
Il survit grâce à quelques expédients, quelques petits boulots, bref c’est loin d’être la belle vie ! Une station balnéaire n’est pas un paradis sur terre.
Il a un rendez-vous d’affaire
s au Néfertiti avec un dénommé Wilfried, certains bruits perçus font que par politesse, Jeff laisse quelques secondes avant de frapper. Wilfried est en effet en compagnie de Blandine, sorte de chef d’œuvre en péril sauvée des eaux, mais pas d’une fontaine de jouvence !
Jeff en profite pour récupérer sa poupée vaudou ! Commence alors pour lui des pérégrinations et des rencontres ou retrouvailles pas forcément souhaité
es, ni par lui, ni par les personnes concernées, surtout féminines. 
Tout cela nous donne un récit très loin de ce que l’on attend d’un séjour dans une station balnéaire.

Jeff, contrairement à ce que chante Jacques Brel, n’est pas tout seul. Il a pour compagne « La loche », jeune femme très peu farouche ! Il reconnaît et avec beaucoup de franchise qu’il fut pendant très longtemps un connard. Il a également beaucoup d’ex et de connaissances avec qui il n’a pas forcément de très bons rapports. Doux rêveur, il cache ses faiblesses sous un humour désespéré.
Une galerie de portraits, de personnages plus ou moins marginaux, qui semble
nt sortis de « Freaks », le célèbre film de Ted Bowning, en moins monstrueux malgré tout. Parmi les moments les plus cocasses, un couple, adepte de la propreté absolue, nommé avec beaucoup d’humour O’ Cédar, a comme colocataire un Belge ayant la même obsession que Monsieur Propre. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si Monsieur O’Cédar ne découvrait pas des traces compromettantes sur certains vêtements de Madame !
Le patronyme de tous ces braves gens mérite le détour, Raymond Zanzibar, chauffeur occasionnel, Virgile amoureux transi de « la 
loche », le tonton de Jeff, Eddy qui portait le doux sobriquet de
«  Le ch’ti puceau », son épouse une jeune et belle canadienne Majorie, sera la source d’un des drames de cette station balnéaire. Et cerise sur le gâteau, une famille irlandaise, le papa, Le clown irlandais, le fils Pharrel et surtout la fille Shauna. Un couple formé d’un homme prénommé Yannick, et d’une femme ayant le même prénom surnommée Yannouche.
Tout ce beau monde participera activement à des aventures picaresques dans cette station balnéaire de la côte bretonne.
Beaucoup d’humour, de
s situations improbables, des personnages attachants malgré leur marginalité, dont les aventures sont contées par une très belle écriture.
Extraits :
- Si je suis avec la loche, c’est pour quelque chose qui va au-delà de ce que l’on appelle communément l’amour. C’est une espèce d’osmose, une vibration.
- Virgile, à cause qu’il est bal
aise, où qu’il soit, il donne un curieux sentiment de proximité. À se demander même comment il arrive à se transbahuter tout seul.
- À la voir, on dirait un leurre car, en plus d’un visage accusant des passages réitérés sous le scalpel, encadré d’une chevelure peroxydée à l’extrême, la couche superficielle recouvrant Blandine a transformé Blandine en une entité qui n’est pas vraiment Blandine.
- Elle semble nostalgique de cette époque où-je crois l’avoir déjà un peu évoqué- j’étais un connard.
-L’endroit 
a, près des falaises, avec sa statuaire hiératique, un petit cachet île de Pâques. Pour méditer sur notre insignifiance au monde, c’est le spot idéal.
- Cette marque de fabrique américaine nous vient de l’influence de mes boomers de grands-parents, clochard
s célestes s’étant tardivement accrochés à la queue de comète du rêve kerouacquien pour échouer ici à l’aube des années 70.
- Sauf que peu après ont débarqué Pharell et sa sœur Shauna.
- Alors que je cause avec la fille, derrière moi arrive un gros type en short jaune canari et 
tee-shirt rouge d’où se détache le nom numéroté d’un footballeur. Sa tête semble l’extension rondelette de son buste.
Éditions : Métailié (2023).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Last exit to Brest.
Country Blues.
Les âmes déglinguées. (Nouvelles).

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24 mai 2023

RÉAGE Pauline / Histoire d'O.

Histoire d'O

Histoire d’O. *
Pauline RÉAGE.
Note : 4 / 5.
Jouissance et souffrance.
Livre qui est considéré comme un chef d’œuvre de la littérature érotique. Il fit scandale en son temps, d’abord pour le thème abordé, la soumission totale d’une femme à son amant.
Une autre énigme secouât le monde littéraire : qui était l’auteur (ou l’autrice) qui se cachait sous le nom de plume de Pauline Réage ? Question qui resta longtemps sans réponse.
« Histoire d’O » est précédé dans ce livre par un court texte de Jean Paulhan, « Du bonheur en esclavage ». Il est d’ailleurs tentant de penser que l’existence d’O est une sorte d’esclavage consenti.
Du bonheur en esclavage de Jean Paulhan.
Une révolte à la Barbade. Décisif comme une lettre. Une décence impitoyable. Curieuse lettre d’amour. La vérité sur la révolte.
Histoire d’O de Pauline Réage.
Les amants de Roissy. Sir Stephen. Anne-Marie et les anneaux. La chouette.
Il existe une seconde fin…
O est dans ce qui semble être un taxi avec René son amant ; celui-ci, petit à petit, l’oblige à commencer à se dénuder.
Ce court trajet a une fin, René lui ordonne alors de sonner à une porte, et de satisfaire tous les fantasmes des hommes qui vont lui être présentés. Fantasmes et services compris. Il lui signale aussi qu’elle est seulement la fille qui leur fournit.
Commence alors quelques jours où O sera l’esclave sexuelle de tout homme qui passera la porte de cette maison. Elle sera fouettée et humiliée, elle sera attachée pour dormir. Le but de tout cela au nom de l’amour sera de briser sa résistance.
Ces quelques jours de cauchemar ont une fin, elle retrouve René, qui lui jure encore qu’il l’aime encore plus que tout, mais il la cède à un anglais Sir Stephen qui serait en quelque sorte son demi-frère…
Puis, du fait de sa profession, elle fait la connaissance de Jacqueline, très belle femme qui ne la laisse pas indifférente et que René et Sir Stephen aimeraient prendre en apprentissage à Roissy. Ils aimeraient qu’O tente de la convaincre d’accepter. Mais celle-ci est réticente.
Sir Stephen la présente à Anne-Marie qui est chargée de parfaire son éducation… qui comporte la pose « d’anneaux » !
O est le personnage principal de cette histoire, jeune femme amoureuse, très amoureuse, elle cède à tous les caprices de René, son amant.
René, lui jurant grand amour, mais lui fait subir les pires sévices, la partageant avec Sir Stephen, qui ne demandait que cela.
Dans les autres protagonistes de cette histoire, nous trouvons quelques femmes qui subissent le même sort que O. Quelques valets dans le château qui ont également pratiquement tous les droits sur ces jeunes femmes.
Une très belle écriture, mais la lecture de ce livre me laisse un sentiment mitigé.  Certaines, même bien écrites, m’ont donné un sentiment de malaise ! Comment peut-on se laisser dominer de la sorte soi-disant par amour ! Comment peut-on accepter ces souffrances physiques et autres humiliations. Mystère, mais c’est entre adultes consentants ; et cela n’est en aucun cas, vis-à-vis de la loi, répréhensible.
J’ai choisi des extraits les moins dérangeants, ni les plus explicitement sexuels.
Extraits :
- C’est d’une autre sorte de livre dangereux qu’il s’agit ici. Précisément, des érotiques. (Extrait de la préface).
- Voici le discours que l’on tient ensuite à O. « Vous êtes ici au service de vos maîtres ».
- René ordonna soudain : « Répète : je vous aime. »
- Elle était profanée et coupable. S’il la quittait, ce serait juste.
- Il ne voulait pas se séparer d’elle. Il tenait d’autant plus à elle qu’il la livrait davantage.
- Ceux-ci ne donnaient jamais un ordre, bien que la politesse de leurs prières fût aussi implacables que des ordres.
- Ce que son amant voulait d’elle était simple : qu’elle fût constamment et immédiatement accessible.
- En Sir Stephen, il avait trouvé le maître rigoureux que lui-même ne savait pas être.
- Il parlait en anglais, mais d’une voix basse et sourde, qu’on ne pouvait percevoir aux tables voisines.
Éditions : Jacques Pauvert (1954).
* Préface de Jean Paulhan.

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19 mai 2023

TULLY Jim / Belles de nuit & Sur l'Amérique.

bellesdenuitsite

Belles de nuit.
Jim TULLY.

Note : 4/5.
Elle n’est pas toujours belle la vie !
Avant de commencer la lecture de ce livre, j’ai également lu « Sur l’Amérique, observations d’un ex-hobo », court essai dans je parlerai brièvement à la fin de cette chronique.
Ce roman qui est inédit en français a fait scandale à sa sortie, ce qui est très bien expliqué dans la remarquable préface de Thierry Beauchamp.
En prélude à ce texte se trouve une citation d’Ernest Renan, de « Prière sur l’Acropole » du livre « Souvenirs d’enfance et de jeunesse ». Que j’ai lu, me semble-t-il, il y a très longtemps.
Leora Blair est l’aînée de neuf frères et sœurs dans cette maison située au bord d’une rivière de l’Ohio. Ce n’est pas la misère complète, mais s’en est pas loin. Leora est belle, très belle, mais elle a aussi un caractère bien affirmé. Elle aime beaucoup sa cousine, Alice Stracey, un peu plus vieille qu’elle, qui habite maintenant à Chicago. La sœur de son père qui habite la même ville est connue sous le surnom de Moll La Rouge, qui tient ce que l’on nomme pudiquement « une maison close ».
Leora entretient une liaison avec le docteur Farway, puis avec un de ses confrères, le docteur Haley. Mais à la mort de sa mère, ayant obtenu de l’argent en faisant chanter ses amants et leurs femmes, elle décide de rejoindre Alice à Chicago.
Début d’une nouvelle vie, mais laquelle ?
Celle de pensionnaire de maison où passent des Messieurs plutôt fortunés ayant envie de corps plus jeunes que ceux de leurs épouses.
Mère Rosenbloom, mère maquerelle à l’ancienne, règne sur ce petit monde, l’ambiance est feutrée, les filles sont triées sur le volet, très peu de violences, sauf lors de passage de quelques maffieux.
Leora devient rapidement une de ses favorites, les pensionnaires changent souvent, car dans ce genre d’endroit, il faut renouveler le « cheptel ».
L’héroïne de ce roman est Leora Blair, qui deviendra pour des raisons professionnelles, Leora La Rue, car d’après ses collègues de travail, cela sonne français et ça fait chic.
Arrivant de la campagne, elle s’acclimate rapidement aux us et coutumes de son nouveau métier. Elle y retrouvera Alice, sa cousine.
L’autre personnage principal est Mère Rosenbloom, figure de tenancière de maisons closes à l’ancienne, très proche de ses pensionnaires, mais elle peut être aussi parfois très autoritaire.
Le juge Brandon Slaterry, un homme de pouvoir, un dénommé « Le Professeur » et le médecin de service sont les seuls personnages masculins récurrents de cette histoire.
J’ai moins aimé ce roman que les autres ouvrages de cet auteur chroniqués sur ce blog. C’est bien écrit, d’une lecture agréable, mais il manque le coté documentaire, les voyages et la vie de bohème de ses autres titres.
Un bon roman sur la condition des filles dites de « joie » dans un univers clos, mais malgré tout très feutré d’une maison réservée à une clientèle aisée.
Extraits :
- Et par pitié, Sally, ne laisse aucun homme de cette ville te changer en poulinière.
- La grosse femme fit le tour de Leora comme un acheteur avisé l’aurait fait avec un cheval.
- Même un pasteur ne prierait pas pendant cette nuit de noce.
- Fais ce que tu veux quand tu seras plus âgée, Leora, mais ne tiens jamais une maison de plaisir. On n’y trouve que des raisons de s’attrister.
- Mère Rosenbloom avait beau diriger un établissement sélect, elle appartenait à la vieille école des tenancières de bordel.
- Mère Rosenbloom était plus changeante qu’un mois d’avril.
- Elle avait la plus grande tolérance pour les aberrations sexuelles, ce qui se ressentait dans toute la maison. Aucune prostituée n’était autorisée à révéler ce qui se passait dans sa chambre.
- Ils sont capables de tout en Angleterre, commenta Doris.
Sauf de foutre la paix aux Irlandais, hoqueta Blaidor.
- J’ai l’intelligence des bars, Jack, et c’est la plus utile.
Éditions : Éditions du Sonneur (2023).
Titre original : Ladies in the Parlor (1935).
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp qui signe également la préface.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Les assoiffés.
Le boxeur.
Vagabonds de la vie.

CouvAmerique

Sur l’Amérique*
Jim TULLY.
Note : 5 / 5.
Moi seul suis resté le même. **
Après une préface signée Thierry Beauchamp, nous découvrons ce très court texte de Jim Tully d’à peine cinquante pages
Dans cet essai, il fait part de ses observations sur la société américaine de son époque, que semble-t-il, il n’apprécie pas trop.
Auteur autodidacte, ancien hobo (sorte de vagabond à la sauce américaine), ex boxeur devenu, à force de travail et de volonté, journaliste, scénariste, écrivain et romancier.
Il nous narre son existence, maintenant qu’il est devenu quelqu’un de fréquentable, et qui est encore regardé comme une bête curieuse.
Il nous raconte l’accueil qu’il reçoit quand il donne des conférences pour certaines ligues féministes…
Thierry Beauchamp termine sa préface par ces quelques lignes :
- En ce sens, on peut voir en lui un authentique précurseur de la Beat Generation, mais il fut surtout, pour citer ses propres mots, « un réaliste cynique en lutte contre le sentimentalisme » hérité de ses ancêtres irlandais.
Le moins que l’on puisse dire est que Jim Tully n’y va pas par quatre chemins, son propos est dur, et ses réflexions brutes de décoffrage !
Il nous parle d’un procès qui s’est tenu à Los Angeles où comparaissaient des travailleurs affiliés à l’IWW (Industrial Workers of The World), il y qualifie le juge de sénile.
Il nous parle aussi de littérature en citant quelques écrivains, Josiah Flynt Willard, neveu de Frances E. Willard, Walt Whitman, Jack London, Gorki, Nietzsche, Edgar Lee Masters et même Anatole France.
Une phrase en particulier qui figure sur la quatrième de couverture résume son aversion pour les classes supérieures américaines :
- « L’Amérique, contrôlée par le banquier, le juriste, le marchand et le voleur, est la nation la plus réactionnaire de la terre. »
Extraits :
- Un gamin de la route est peut-être le rejeton le plus brutal des bas-fonds de l’Amérique.
- Un homme est ce que les vents et les marées font de lui. Passé un an sur la route dans sa jeunesse marque pour toujours.
- Très tôt j’avais découvert son fameux : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », qui me fut d’un secours précieux pendant mes années de formation.
- Mon goût pour la lecture me permit d’échapper à la plupart des vices meurtriers de mon milieu.
- L’ampleur du rêve démocratique de Whitman y passait au-dessus de la tête.
- L’atmosphère de l’Amérique est saturée d’auto-satisfaction.
- Je suis par nature un compteur et un poète irlandais qu’une vie difficile a transformé en hobo, en boxeur et en écrivain réaliste.
Éditions : Éditions du Sonneur (2020). La petite collection des éditions du Sonneur.
Titre original : An Ex-Hobo Looks at América. (1927)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp qui signe également la préface.
* Observations d’un ex-hobo.
** Phrase du livre.

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15 mai 2023

SYNGE John Millington / Les îles (d')Aran.

Les îles d'Aran

Les îles d’Aran. *
John Millington SYNGE
.
Note : 4,5 / 5.
Voyage en îles gaéliques.
La quatrième de couverture nous explique le but de ce voyage de John Millington Synge aux îles d’Aran. William Butler Yeats lui a conseillé de faire ce voyage destiné à perfectionner ses connaissances de la langue gaélique.
Cet ouvrage commence par un avant-propos très bien venu du traducteur, qui débute lui-même par quelques lignes de W.B. Yeats. Puis vient une introduction suivie de quatre parties, qui sont autant de visites prolongées de l’auteur aux îles d’Aran.
John Synge, s’il visitera les trois îles, résidera principalement sur Inis Meáin (Inishmaan en anglais).
Il écoutera des contes distillés par des anciens, il entendra les chansons en gaélique interprétées par de merveilleuses voix en général féminines (Je vous invite, à titre personnel, à écouter certaines de ces chanteuses, telles que AOIFE ou LASAIRFHIONA qui est native de l’une des îles d’Aran ou encore Maighread NI DHOMHNAILL).
La vie et la mort, la mer et la vie des habitants de ces lieux au début des années 1920, lieux où la langue gaélique était la plus parlée et de nombreux linguistes venaient étudier cette langue.
Les personnages de ce livre sont, bien entendu, les habitants des îles de l’Archipel d’Aran. Par exemple, Michael, jeune homme de Synge, rencontré à plusieurs reprises aussi bien sur l’île que sur le continent.
Également le vieux Pat Dirane avec qui il aura de nombreuses conversations en gaélique.
Il aura aussi de bons rapports avec beaucoup d’habitants des trois îles qui forment l’archipel des îles d’Aran.
J’aime bien l’écriture dans un style très documentaire de cet ouvrage de Synge qui décrit avec une certaine sécheresse sa vie sur ces îles, loin de son existence d’homme de lettres dublinois et protestant.
Dans quelques temps, je pense lire une autre traduction plus récente de ce livre.
Extraits :
- Je suis à Aranmor, assis devant un feu de tourbe en train d’écouter un murmure de gaélique qui monte d’un petit cabaret situé sous ma chambre.
- La cuisine elle-même, où je me propose de passer la plupart de mon temps, est pleine de beauté et de distinction.
- Nous passâmes la plus grande partie de l’après-midi assis sur des barils vides au cabaret à parler de la destinée du gaélique.
- En règle générale, il y a peu de malades et les femmes en couches s’arrangent souvent entre elles sans aucune aide professionnelle.
- Ensuite, après une longue pause, elle me dit avec gravité, comme si elle me parlait d’une chose qui la surprenait elle-même et qui devait me surprendre, qu’elle aimait beaucoup les garçons.
- Dans notre maison, je ne les ai jamais entendus prononcer un mot d’anglais, si ce n’est pour parler aux cochons ou aux chiens, ou encore quand la fille lisait une lettre en anglais.
- Tout l’esprit de l’Irlande de l’Ouest, avec sa sauvagerie étrange et sa réserve, semblait être en route dans ce seul train pour rendre hommage au défunt homme d’État de l’est.
- Elle joue continuellement avec son gaélique comme les filles aiment à le faire, accumulant les diminutifs et répétant les adjectifs avec un plaisant mépris de la syntaxe.
- L’Irlandais ne pourra jamais s’éteindre, et quand les gens commenceront à la voir tomber très bas, il ressuscitera de ses cendres comme le phénix.
Éditions : Petite Bibliothèque Payot / Voyageurs (1996).
Titre original : The Aran Islands (1921).
Traduction et avant-propos par Pierre Leyris.
* Les illustrations sont des dessins de Jack Butler Yeats, frère de William Butler Yeats, prix Nobel de littérature.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Poèmes.
Sur la relation amoureuse entre Molly Allgood et John M.Synge :
Muse
 de Joseph O’Connor.

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10 mai 2023

MILLAR Sam / Black's Creek

Black-s-Creek
Black’s Creek.
Sam MILLAR.
Note : 5 / 5.
Noyade en eaux troubles.
Nouveau roman de Sam Millar qui a la particularité de se passer exclusivement aux États-Unis, autour d’un lac dans le nord de l’état de New-York
Un homme découvre un des titres de son journal :
- L’affaire du meurtre de Black’s Creek est sur le point d’être réouverte.
Il fut des années auparavant l’un des protagonistes de cette série de meurtres.
Tommy avait quatorze ans à l’époque, ils étaient trois amis, trois frères de sang, ses acolytes avaient pour nom
s : Brent Fleming et Charlie « Horseshoe » Cooper.
Trois familles et trois adolescents différents. Un jour ils assistent à la noyade de Joey malgré l’intervention de Tommy. Joey avait été victime d’un pédophile peu de temps avant. 
Pour les trois jeunes, le violeur c’est Norman (dit Normal) Amstrong qui a un lourd passé.
Le père de Tommy est le 
shériff de la ville, il explique que l’on ne peut pas arrêter un homme sans preuves. Alors les trois jeunes hommes décident d’agir… mais sans résultat !
Brent a une mauvaise réputation, son père est en prison, mais sa mère est belle et peu pudique !
Les Cooper sont des gens normaux et plutôt « cool », pas comme les parents de Tommy, plutôt strict
s, surtout sa mère.
Un jour qu’il se baigne, Tommy rencontre Devlin qui, elle aussi, se baigne nue. 
Pour Tommy, c’est le coup de foudre immédiat, il tombe amoureux de cette jeune fille étrange.
Mais un jour, on découvre son cadavre sans vie, aussitôt les soupçons se focalisent sur Norman Amstrong, mais sans preuve, la police le relâche.
Et un troisième meurtre est commis…
Tommy décide alors d’aller tuer celui qui fait figure de s
erial killer !
Et Amstrong est découvert mort dans sa caravane…
Alors pourquoi 
rouvrir l’enquête ?
Tommy est le personnage principal de cet excellent roman, il subit les affres d’une jeunesse dans une famille très strict
e, la vie dans une petite ville américaine et un énorme et premier chagrin d’amour, ainsi qu’une série de morts violentes dans son entourage !
Chaque chapitre de ce roman est précédé de quelques lignes d’un roman, parfois irlandais, Olivier Goldsmith, Oscar Wilde, Jonathan Swift, américains Joseph Conrad, Allan Poe, anglais William Shakespeare, Conan Doyle et de nombreux autres. Il est aussi question de super
s héros de la bande dessinée américaine.
Un excellent roman très noir, agréable à lire avec une histoire qui tient la route.
Extraits :
- Il s’était menotté à la porte de la vieille épave ; les mêmes menottes que celles qu’utilisait son père, gardien de prison au pénitencier.
- J’étais loin de me douter que tout cela était sur le point de changer.
- Anne Cartwright était une fille splendide. Doté
e d’une grosse poitrine, on était tous amoureux d’elle, surtout Horseshoe.
- Elle s’est approchée de moi en me distillant son sourire secret, si près que je pouvais sentir le parfum de sa féminité.
- Pa’ avait acheté récemment, à la librairie d’occasion de Monsieur Brunt dans Lexington Avenu
e, un bouquin appelé De Sang-Froid.
- Je reconnais que le système n’est pas infaillible. Comme tout système, il a ses défauts.
- Elle se tenait là, nue, les mains sur les hanches, les jambes largement écartées, comme une paire de ciseaux charnus.
- Je n’en savais rien à l’époque, mais mon destin était aussi entre leurs mains.
- C’était ça le temps des fêtes ? Une veillée mortuaire aurait été plus festive.
- On a tous les deux éclaté de rire. On était de nouveau des gosses, même si ce n’était que pour quelques précieux instants.
Éditions : Mauvaise Graine / Le Beau Jardin (2022)
Titre original : Black’s Creek (2014).
Traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal.

Autres titres de cet auteur sur ce blog :

Un tueur sur mesure.
Au scalpel.
Le Cannibale de Crumlin Road.
Les chiens de Belfast.
Poussière tu seras.
Redemption Factory.
On the Brinks.

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