TULLY Jim / Le boxeur.

Le boxeur.
Jim TULLY.
Note : 5 / 5.
Deux poings, quatre cordes.
Troisième titre de cet auteur américain sur ce blog. Hobo, boxeur, journaliste et aussi romancier. Ancien boxeur, il sait très bien de quoi il parle.
Ce livre est dédié à Jack Dempsey :
- À un autre gamin de la route, Jack Dempsey.
Une très instructive préface de Thierry Beauchamp nous présente la vie et l’œuvre de cet auteur qui gagne à être connu.
Shane Rory est un jeune homme, hobo par nécessité comme beaucoup de gens à cette époque aux États-Unis. C’est un garçon honnête qui a le cœur sur la main. Il travaille dans une ferme.Un jour il remplace au pied levé un boxeur dans un combat de première partie. Il le gagne. Sa carrière est lancée, elle aura des hauts et des bas, et aussi des coups-bas, ce milieu est impitoyable.
Sa progression connaîtra des coups d'arrêt. Naïf, il acceptera d'aller au bout d'un combat sans mettre son adversaire KO et sera déclaré battu aux points ! Un autre jour, il refusera de se « coucher » malgré les pressions de la maffia locale et devra quitter la ville.
Suite à une défaite, il retournera dans la ferme du Dakota du Nord, il retrouvera Lyndal dont il est amoureux, et c'est réciproque. Mais la mère de celle-ci lui annonce le futur mariage de Lyndal… Alors il reprend la route... la boxe... et l'ambiance des combats...
Shane Rory qui deviendra « Shane Rory l'Enragé », pour les plumitifs spécialistes de la boxe, est un garçon tout ce qu'il y a d'ordinaire hors du ring. Il désire apprendre, il aime lire et est fidèle en amitié. Les femmes et l'alcool ne ruineront pas sa carrière et ne gâcheront pas sa vie.
Lyndal est la femme qui lui convient, il l'a connu quand il était jeune, avant d'être un boxeur de renom, c'est vers elle et le travail à la ferme qu'il reviendra quand il mettra sa carrière entre parenthèses.
Tim le Taiseux sera son manager et homme de confiance avisé, qui le mènera au sommet.
Beaucoup de personnages ont des surnoms, tous plus poétiques les uns que les
autres : Shane Rory l'Enragé, Tim le Taiseux, Le Balafreur de Dublin, Miller Bat-d'l'Oeil, Chaud-et Froid, Jones la Torpille, etc...
Nous avons droit à un inventaire en règle des boxeurs américains du début des années mil-neuf-cent. Certains ont laissé leurs noms dans l’histoire du noble art, Jack Dempsey (qui figure sur la couverture de ce livre), Jim Corbett (Gentlemen Jim), une mention spéciale pour John L. Sullivan qui devint champion du monde au bout d’un combat en soixante-quinze rounds… il ne fut battu qu’une fois durant toute sa carrière, par Jim Corbett.
Une autre figure dont il est beaucoup question (ce boxeur a-t-il réellement existé, ou est-ce un personnage romanesque ? )» ?
Un excellent roman sur la boxe, ses us et coutumes, pas toujours très reluisants, la vie d'un homme, très ordinaire à part ce don pour « Le Noble Art », et plein de bon sens.
Un agréable moment de lecture, malgré des descriptions très réalistes des combats d'une extrême violence ! Mais tous les combats sont par essence violents.
Extraits :
- Ce n'est pas plus douloureux de prendre des coups pour un million pour un dollar.
- Il n'y avait vu qu'un obstacle sur sa route : il s'était révélé incapable de battre Billy Hill, un boxeur de seconde zone, après trois tentatives.
- Tim le Taiseux avait appris trop tard à frapper sans s'abîmer les mains. Il avait transmis son savoir à Shane : au moment de cogner, il fallait tourner le poing pour que le pouce soit en bas.
- La moitié des boxeurs que je connais ont une case en moins, dit-il à voix basse et sans amertume. À quoi te sert un million si tu sucres les fraises ?
- Comme Shane, il se méfiait des femmes et l'alcool n'avait pas de place dans sa vie. Aucun des deux hommes de les condamner moralement ; il est jugé simplement « mauvais pour les boxeurs ».
- Il repensa à la fille qu'il avait rencontrée dans une ferme du Dakota du Nord. Il entreprit de lui écrire. Les mots venaient lentement. La plume grattait. Il déchira la lettre.
- Je n'ai jamais vu un aussi beau boxeur, à part le Balafreur de Dublin et toi. Sur le ring, il bougeait comme s'il avait des ailes aux épaules et des boulets aux pieds.
- Devant lui s'étendait les champs de blé du Dakota du Nord. Il avait passé des mois heureux là-bas, l'année où il était devenu boxeur. Le prêtre, le garçon noir, le jeune envoyé au pénitencier et Dilly Dally lui apparurent.
- Haut les cœurs, p'tit ! On est Irlandais, tous les deux, et on a des traditions ! dit-il en s'esclaffant. Il y a pas une race plus douce pour mettre un homme en morceaux. Bonne nuit.
- Sa robe verte collait à son corps mince. Avec ses bas fins sur ses jambes adorables, ses escarpins en satin, ses cheveux auburn tombants en vague ondulante, elle avait une allure qui tranche nettement avec celle de Shane.
- Un puissant astreignent congela le sang au-dessus de l'œil de Shane.
Éditions : Éditions du Sonneur (2020).
Titre original: The Bruiser (1936).
Traduit de l’américain par Thierry Beauchamp, qui signe également la préface.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Vagabonds de la vie. Autobiographie d’un hobo.
Les assoiffés.
Autres titres concernant la boxe :
F.X. Toole. De sueur et de sang.
F.X.Toole. La brûlure des cordes. (Avec la nouvelle « La fille à un million de dollars).
Thom Jones. Le pugiliste au repos.
Wilfred Charles Heinz. Ce que cela coûte.