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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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26 mai 2008

JONES Thom / Le pugiliste au repos.

Le pugiliste au repos
Thom JONES.
Note : 4 / 5.
« American Dreams »
Recueil de onze nouvelles (rounds) séparées en quatre parties d'un écrivain né en 1945 que je découvre. Édité en 1993, ce livre fut la première publication de cet auteur, il a fallu attendre 2005 pour une traduction française.
Je n'ai pas de connaissance particulière sur ce sport si ce n'est la lecture de « La brûlure des cordes » de F.X.Toole dont une nouvelle « Million Dollar Baby » qui servit de base au scénario du film de Clint Eastwood.
Dans la nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage, le narrateur nous raconte sa vie. L'armée, son copain Jorgeson qui voulait être beatnick, qui vénérait Neal Cassidy et Jack Kérouac. Leur départ pour le Vietnam, la mort en héros de Jorgeson. Lui qui rempile, puis sa carrière de boxeur. Mais il est maintenant un homme brisé, invalide, au cerveau en compote!
Le Vietnam encore dans « Breack on trough » avec comme le dit l'auteur :
-
« Rétrospectivement je me dis que nous étions quelques-uns des individus les plus dangereux se déplaçant sur le territoire du Vietnam ".
L'alcool, la drogue et les amphétamines sont au menu avec quelques interrogatoires musclés. Mais également les patrouilles, la peur, les assassins qui échappent à la peine de mort en s'engageant dans cette troupe d'élite, la tension qu'il faut oublier. Les exactions commises dans les villages, et pour certains, au bout de la route, la mort ou la folie qui les attendent!
Dans la nouvelle « Les moustiques », nous suivons un homme en vacances chez son frère. Il déteste sa belle soeur qui le lui rend bien et est particulièrement pénible. Elle a un amant, lui une maîtresse, bref une vie normale, mais cette année en plus il y a des moustiques, de gros moustiques.
« Délivre mon coeur » est une exception, car c'est une femme qui se raconte. Elle est folle d'amour pour son amant plongeur de grand fond. Car respirer de l'azote sous l'eau donne un regain de vigueur et de tonus au sexe masculin, et comme madame ne dédaigne pas cela, tout pourrait aller bien. Mais hélas l'azote a d'autres effets secondaires sur la santé. Les choses allant mal, elle tentera de ne pas sombrer.
« Je veux vivre » c'est le cri d'une femme atteinte d'un cancer. Et ce n'est pas la délicatesse du cancérologue qui va l'aider:
- « Vous êtes en parfaite santé.... en dehors de ça ».
Des personnages parfois pitoyables ou complètement broyés par la vie. Des êtres qui perdent tout contrôle d'eux mêmes.Un « marine » d'une grande éducation, qui commence une lettre à sa petite amie par « Salut ma poule » en l'appelant affectueusement « Rosie-Pue-Du-Con » on se doute bien que l'on a affaire à un salopard ! Il ne faudra pas s'étonner qu'un coup de crosse anonyme lui défonce le crâne! Et que personne ne dénoncera le coupable.Un autre meurt à douze jours de sa démobilisation. Un brave garçon un peu passe partout , tellement passe partout qu'il est appelé « Window » ; cela peut servir quand on est amoureux fou d'une jeune fille déjà enceinte! Cette nouvelle « Silhouettes » laisse un goût étrange tout en étant une des meilleures!Un lieutenant-colonel, neuropsychiatre qui a frôlé la mort de très près, tente de refaire sa vie. Mais ce n'est pas évident quand un « marine » fou vous a arraché le nez d'un coup de dent. Quitte à ce que cela se voit, autant arborer fièrement un faux nez en fer blanc qu'une prothèse plastique qui se remarque aussi vite. Mais intérieurement le traumatisme est profond. Surtout quand les patients sont souvent des anciens militaires.
Un séducteur prétentieux, mais qui se brûle les doigts, un enfants qui entre un père qui rêve de gloire mais qui ne l'atteindra pas, et une mère qui réussit enfin son mariage, mais c'est le troisième et déjà il ne vit plus avec elle! Un américain amnésique perdu à Bombay, où habite-il?
Un livre dur, mais très bien écrit. On sent du vécu dans ces récits, de cet homme vétéran du Vietnam et également ancien boxeur. Un hommage à tous les laissés pour compte de l'Amérique, et aussi à tous ceux que l'Amérique a brisé, au Vietnam et ailleurs. Je ne suis pas un amateur de boxe, mais j'aime les hommes honnêtes et je suis sûr que contrairement à l'image véhiculé il y en a encore dans ce sport. Il est aussi beaucoup question de littérature et de musique dans ces nouvelles qui apportent un peu de douceur. L'amour, la mort, la guerre, la boxe, une vie pour certains,mais il y a ceux que l'on oublie au moment des comptes, car personnages insignifiants.
L'écriture est directe (du gauche ou du droit, comme vous voulez) sobre et sans fioriture, comme les hommes et femmes (pour ces dernières je reconnais que la part est plutôt maigre) dont il est question dans ce livre. L'auteur parle souvent de littérature et aussi de musique. Une oeuvre noire, mais d'un réalisme total.
Extraits:
- Qu'est-ce que le courage? Qu'est-ce que la lâcheté?
- Je me livrai à d'intolérables exactions et j'en fus à chaque fois décoré.
- Je deviens un être timoré. Je deviens introverti. Je me demandais ce qui m'avait poussé à commettre des actes que j'avais commis.
- Je savais que rien ne me tuerait durant cette mission.
- Baggit était un cinglé ordinaire, mais la folie d'Ondine était mille fois plus redoutable. Ondine était dangereux avec un grand « D ».
- Mais il était médecin et son appréhension professionnelle m'avait incité à me poser des questions sur mon propre compte.
- « Si tu veux être heureux toute ta vie, te maries pas avec une jolie femme ».
- Elle avait le rire le plus terrifiant que j'ai entendu depuis «  L'exorciste ».
- Je pense que les humains sont méprisables.
- Je sais, je sais. Elle ne vaut rien.
Éditions : Albin Michel et 10/18.
Titre original : The pugilist at rest.

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Commentaires
E
Bonsoir Georges.<br /> Pour la foule chez vous, je n'y suis sûrement pour rien. Pour la richesse, méfiez-vous que certains marins pêcheurs bretons viennent mettre les péages gratuits dans votre région! <br /> Mais, je ne voudrais pas mettre à mal votre conviction de toujours.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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G
Merci, Yvon, les foules déferlent sur mon blog, je vais installer un péage à l'entrée. Depuis toujours, j'étais sûr que la littérature finirait par me rendre riche !
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E
Bonjour Georges,<br /> Un petit mot pour conseiller à tout le monde d'aller lire votre billet sur l'écriture et la conception d'un recueil de nouvelles :<br /> .http://georges-flipo-auteur.over-blog.com/article-19885660-6.html#anchorComment<br /> Personnellement c'est un genre que j'adore. Pour revenir à ce livre, c'est un bon recueil, mais je suis d'accord avec Claude, je pense qu'il sera vite oublié. J'ai de beaucoup préféré cette année, la découverte de l'afgane Zaria Spojmail avec « Les murs ont des oreilles » pour n'en citer qu'un.<br /> A bientôt.<br /> Yvon.
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G
Les parutions de nouvelles sont infiniment plus rares que celles des romans. Et ce n'est pas leur annonce dans les magazines qui noircira beaucoup de pages. Entre nouvellistes, on se surveille donc constamment, sans jalousie, pour voir s'il y a du nouveau. Et ce recueil-là, je dois avouer que je l'avais raté. Je vais me l'offrir pour l'été. Merci pour ce coup de projecteur.
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E
Bonjour Claude.<br /> Je pense que tu as absolument raison, c'est un livre dont la lecture est très agréable, mais qui ne doit pas laisser un grand souvenir, à part certainement la nouvelle « Je veux vivre » qui est très émouvante.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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