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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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7 novembre 2014

Le CARRE Stephane / À pleines dents la poussière.

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À pleines dents la poussière.
Stéphane Le CARRE.
Note : 5 / 5.
Ruée vers l'Ouest.
Recueil de neuf nouvelles d'un auteur que j'apprécie particulièrement. Après son roman "La cavale blanche", Stéphane change de registre pour un exercice qui n'est pas si évident que cela. Je m’élèverais toujours contre ce snobisme ridicule à mon avis qui consiste à dire que la nouvelle est un genre littéraire mineur !
La première ligne donne le ton de cette œuvre :
-"Je peux te dire, pendant des années j'ai été un sale type".
Et à la lecture de "Boukhoo" on en est persuadé ! Un duo d'enfer, au service d'une compagnie d'assurances, qui fait froid dans le dos. Assurez-vous, nous ne ferons pas le reste. Sûrement que ce genre de personnage existe hélas !
"Barbecue à Methléem" : l'histoire fumante d'un groupe de métal suédois en tournée dans le trou du cul de l'Amérique profonde ! Même là-bas la dope remplace la gnôle ! Triste époque !
"Fourche", randonnée à l’Easy Rider des trois bikers à la recherche de l'Amérique ancienne et de ses bisons. Mais des rancœurs personnelles vont gâcher la fin du périple !
"Au fond du trou" : le monde de la publicité passé à la moulinette ! Ses us, coutumes et codes....pas très reluisant tout cela ! Saint Fric, que ma moisson soit abondante !
Une nouvelle avec un titre breton (assez rare pour que je le signale) : Ar Vourc'h Nevez (Le bourg nouveau) peuplé d'anciens qui, quand ils partent en piste, ce n'est pas pour faire semblant. Mais il y a aussi des plus jeunes et des déceptions amoureuses.
"Presque killed" est ma nouvelle favorite, peut-être parce qu’il me semblait la connaître.
Stéphane m'avait parlé de cette aventure à la terrasse du Gallion, son antre lorientais un jour de l'été dernier pendant que nous nous désaltérions en devisant de choses et d'autres, dont ces quelques jours bucoliques dans la campagne finistérienne !
N’espérez pas croiser des gens sans problèmes ici. Les gens sans problèmes ne sont pas de bons sujets pour les écrivains. Tous sont sur le fil du rasoir, proches de la chute, et proches est souvent un euphémisme ! Et le fil du rasoir est mince et tranchant !
Il suffit de lire "Le Bar Chenal " et sa galerie de portraits sans concessions, mais avec malgré tout beaucoup d'empathie pour ces piliers de bistrot. Un constat social plein de lucidité ! On côtoie aussi un chauffeur américain, un impresario sulfureux, un joueur de boule atypique ayant plusieurs cordes à son arc.
On rencontre aussi un personnage presque récurrent qui ressemble fortement à l'auteur !
"Ruée vers l'Ouest" à l'Américaine ou à l'Armoricaine, certaines aventures se passant aux États-Unis, d'autres dans la partie la plus septentrionale de la Bretagne.
Une écriture un peu pessimiste, très noire dans certains textes, pleine de musique et de fureur. Un recueil à lire calmement pour bien se rendre compte de la puissance de plusieurs textes !
Une réussite qui me fait très plaisir car je peux vous l'assurer, Stéphane n'est pas un sale type, bien au contraire.
Extraits :
- Ils restèrent un long moment à observer les animaux. Cela n'avait pas de sens mais ils comprenaient qu'ils étaient la raison même de leur voyage. Après cela, quelle que soit la direction qu'ils prendraient, ils seraient sur le retour.
- Je n'avais jamais entendu parler encore, dans leurs castings, d'un ou d'une débile de la pointe bretonne ou de la plaine d'Alsace. Pas assez cabot ? Un mystère que de résister à ce vaste recrutement national. La télé, c'était pourtant l’immortalité pour les imbéciles.
- Une vie sexuelle insatisfaite par les groupies dont de déprimantes étudiantes des Beaux-Arts constituaient le noyau dur.
- Soupe de poissons. Je commence à en avoir ma claque de cette culture portuaire.
- Il gémit, la douleur lui tétait littéralement les globes oculaires. Une sorte d'hydre barbotait dans la piscine de suc gastrique qu'était son estomac.
- Il se sentait acculé. Un peu plus chaque jour, la vie déroulait des tapis d'asphalte et répandait des cubes marchands monotones sur les anciens labours.
- Trop dur. Parce que, bousculant les abords, la ville, là-bas, avait grandi et pas lui.
- En quelques instants, tu as compris que Carcass était lui aussi habité, possédé, par sa terre. Finistère. Tu sais. Tu es pareil.
- De toi. De cette histoire. Ils te diront que c'est tellement idiot, tellement drôle. Tu as dérapé, la veille. Tu sais qu'ils ont raison.
- Nos pères. Nos pairs. Nos pires. Leurs préoccupations, leur langage, si étrange pour qui n'était pas du coin, me tiraient quand même des demi-sourires.
Éditions : Antidata (2014). Le blog.
Autre chronique de Stéphane Le Carre :
La cavale blanche.
Réflexion un peu débile et venant de ma part partagée avec Stéphane après la lecture de ce
recueil :
"Il vaut mieux avoir les dents pleines de poussière que de recevoir une soupière à travers les dites dents ".

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Commentaires
J
Mais il vous (te) reste combien de nuits ? (sur les mille et une)
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S
je partage le commentaire ci-avant, car en ce qui me concerne, des résultats sanguins me font penser que peut-être, les pissenlits par la racine, ce serait pour bientôt :lol:
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J
La soupière c'est Bobonne qui l'envoie! !<br /> <br /> Un autre aphorisme un peu debile:<br /> <br /> Tant qu'on ne mord pas les pissenlits par la racine ..mieux vaut mordre la vie à plein dentier .
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