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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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5 novembre 2011

Collectif / Karavell. Nouvelles traduites du breton.

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Karavell.
Collectif. Nouvelles traduites du breton.

Note : 4,5 / 5.
Récits de Bretagne.
Seize nouvelles traduites du breton par Mich Beyer. Les noms des auteurs, Alan Botrel, Annaig Renault, Daniel Douget, David ar Gall, Goulc'han Kervella, Hervé Bihan, Jakez Konan, Jakez Riou, Jef Philippe, Lan Tangi, Maguy Kerisit, Maï Ewen, Per Denez, Ropartz Hemon, Yann Gerven et Yann Fulub Dupuy.
Jakez Riou est, il me semble, le seul à être présent sur ce blog pour son recueil de nouvelles « L'Herbe de la Vierge ». En fin d'ouvrage, on trouvera une biographie, très bienvenue des auteurs, car la plupart sont malheureusement inconnus du grand public. Ce livre m'amène à me poser la même interrogation que celle qui concerne la poésie gaélique, pourquoi les auteurs ne se traduisent-ils pas eux-mêmes ?
« Deux Statues » nous les voyons souvent, nous nous arrêtons parfois...rester immobiles pour quelques euros....« Le tsunami », dans un texte très réussi, mélange ce phénomène récent avec les anciennes légendes bretonnes. « Trop tard » est un de mes nouvelles préférées de ce recueil, elle m'a fait penser au long poème de Patrick Kavanagh « La grande famine » de ces êtres qui restent vivre à la campagne en compagnie de leur mère veuve.....et qui deviennent eux aussi veufs de vie sexuelle sans jamais avoir été mariés. Une femme fait le bilan de sa vie, confinée dans l'ambiance étouffante de la ferme familiale....elle était belle, elle aurait voulu une autre vie, loin d'une mère malade et acariâtre. Elle aurait voulu être amoureuse....ailleurs dans une autre ville, une autre vie. Enfin sa mère est morte.....mais......
« Déchets » on est tous le déchet d'une société de consommation à outrance, les poubelles sont pleines de détritus ménagers, mais les hommes et les femmes qui sont mis au rebut de ce monde, que deviennent-ils ? La triste histoire de Herri ar Wern de Ploutrekerlann près de Guingamp. Un texte très réaliste qui interpelle. Qu'allons-nous devenir? L’Amérique, « Au Blue-Moon avec Yellow Hawk », là-bas les vétérans ont fait le Vietnam, en Bretagne l'Indochine...même traumatisme. Un récit où l'on croise Kerouac, Dylan Thomas, un breton et un indien....la misère est la même partout. « Nuit blanche » est un monologue intérieur.......être ou ne pas être ? Le vieux Mathurin, qui, situation paradoxale, a une vache, mais ni pré, ni herbe....elle n'est pas bizarre la vie ? Et pourtant il est heureux. Un de ses petits voisins aussi est heureux, lui il a un petit chien. Elle est cruelle la vie ! Ce livre comme les feux d'artifice se termine en apothéose....avec « L'enquête » dont je ressors cette phrase :
-« Que voulez -vous, l'être humain par instinct est porté à la vie. »
Certains personnages ne sont pas ceux que l'on pense, prenez par exemple « Lionel Keraotret » tout le monde le connait dans son village et même aux alentours. Lui aussi est victime de la crise, moins de représentants..alors plus de kilomètres. Ces lectures sont en breton, mais parfois il se laisse aller à regarder les femmes....la longueur des jupes qui raccourcissent....et surtout leurs nuques...mais Anna l'attend là-bas où il loge.... Un pauvre garçon veut revoir le soleil se coucher sur Saint-Anne-La-Palud...ses vœux seront exaucés....un Aristo pas très catholique.....ni membre éminent de la SPA, il faut dire que Madame va à la messe et que sa chienne (enfin celle de Madame!) a de la visite... cela crée de la tension, puis de l'animation dans le bourg, et cela se termine au bistrot ! A noter que la parole est souvent donnée aux chiens....Une femme Suzanne héroïne d'une belle histoire d'amour pleine de mystère....la renaissance inespérée d'une vie..Il vaut mieux qu'une porte soit fermée pour éviter les intrusions, mais parfois celles-ci ont du bon. Vous voyez ce que sait faire une voyante, mais si elle est ou se fait passer pour une sorcière, on peut qualifier cela d'usurpation de qualité, mais bon ce n'est que pêché véniel. Mais qu'il y ait mort d'homme, cela vous en met plein la vue ! Le mauvais œil, vous connaissez et on meurt par où on a péché.
Si beaucoup de ces récits, et c'est bien normal, sont d'essence bretonne et se passent en Bretagne, d'autres nous font voyager, dans le désert entre Israël et la Palestine par exemple. Un mélange d'humour dans « L' Aristo » ou dans « L'insecte que l'on ne pouvait pas tuer », de gravité « Il n'y a pas d'enfance sans jours sombres ».
Ces nouvelles ont une chose que j'apprécie, des chutes inattendues, explicites dans les deux ou trois dernières lignes , quand ce n'est pas dans les derniers mots! Bref, du grand art !
Extraits :
- Il est important de laisser des traces de l'Histoire pour les générations à venir.
- C'était loin maintenant, quand il y pensait, mais comme trente ans plus tôt, il aimait toujours regarder la nuque des filles, cet endroit merveilleux qui marque la frontière entre le paradis de leur chevelure et la courbe de leur dos.
- Dans un pays si beau, quand le ciel resplendit.... la mer tellement bleue, les goémons roux, la blancheur éclatante du sable et des galets.
- Hélas ! On ne conquiert pas le feu de la vie.
- Après le génocide et le mépris vient le temps de la mode.
- « Sur les monts incultes les branches pliaient sous le poids des corps comme une bonne année de pommes. Atroce récolte. »
- Maintenant son corps est endormi lui aussi, comme son coeur, son esprit et sa mémoire.
- Je n'ai mal nulle part, et pourtant je souffre.
- « Trop de bonté fait parfois plus de mal que la méchanceté », disent les sages.
- Mais je suis comme Pontkalleg, jugé et condamné....
Éditions : An Alarch'H Embannadurioù (2011).
Chroniques d'ouvrages traduits du breton :
L'herbe de la vierge. Jakez Riou.
La roche percée. Jakez Kérrien.
Ar en deulin. Yann-Ber Calloc'h.

 

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