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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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24 août 2010

CALLOC'H Yann-Ber / Ar en deulin (A genoux)

A_genoux__
Ar en deulin
(À genoux).
Yann-Ber CALLOC'H.

Note : 4 / 5.
Me zo ganet é kreiz er mor *
Tous les bretons (et quelques autres) connaissent ces mots extraits d'un long poème en langue bretonne « Pédenn én Téoelded » (Prière dans les ténèbres ), mais ce sont souvent les seuls que l'on connaisse de ce poète et écrivain né le 21 juillet 1888 à Groix et c'est dommage. Si ces vers sont connus, c'est que Gilles Servat les a mis en musique sur son tout premier disque en 1971 (cela ne me rajeunit pas, hélas!).
Ce livre, bilingue, je rassure tout le monde, permet de mieux comprendre l'homme et ce que représente son œuvre, fortement ancrée dans son époque et son insularité. Il est séparé en quatre parties principales dont le nom comporte les mots « Ar en deulin »
(À genoux) :
À genoux pour ma pauvre âme. (Ar en Deulin eid m'iné peur).
À genoux pour mes frères. (Ar en deulin eid mem breudér).
À genoux pour mon pays. (Ar en deulin evid mem bro).
À genoux à la guerre. (Ar en deulin ér brezél).
Une série de textes non poétiques « Sur le chemin de la guerre » clôt ce livre qui se termine par une lettre écrite à un de ses amis le Dimanche de Pâques 1917, deux jours avant sa mort et un an après les Pâques irlandaises, pays dont il parle plusieurs fois.
La Bretagne, il la chante dans « Mon coeur est en Basse-Bretagne » et dans « Prière pour la Bretagne » deux très beaux textes, dont le dernier est plein de tristesse.
La mort, le fameux « Ankou » des Bretons, est très souvent présente dans ces poèmes. Quelques exemples , « La guerze de la mort »,  « Pour les trépassés » « Heureux les morts » avec ces vers :
- Mais, toi ô mon sang, combattant terrible
Fils de Bretagne, tu ne craindras pas la mort.

La mélancolie, vraie ou supposée des Celtes en général et des Bretons en particulier dans « La tristesse du Celte » :
- Elle gémit toujours et je ne sais qu'un air :
Dieu mit tristesse dans le cœur du breton.

La mer, mais peut-il en être autrement quand on est natif d'une île, « Les marins », « La  prière du marin » et un texte surprenant « La patelle », hommage à un mollusque pour son obstination à s'accrocher à la roche malgré la fureur des flots.
Une chose me gêne, mais qui pour l'époque était normal, c'est le catholicisme omniprésent de la Bretagne.
Le texte « La messe dans la forêt » est à ce point édifiant, à six heures du matin au front, une messe est célébrée pour deux cents bretons, combien en reviendront?
Dans « Sur les chemins de la guerre », l'auteur se fait reporter pour dénoncer la stupidité du conflit, mais également celles des autorités, toujours présentes, mais loin du front:
-Celui-ci qui commande notre régiment et qui devrait intercéder pour nous quand nous sommes las a répondu hier que nous étions frais. Que voulez-vous ? Il n'est jamais avec nous.
C'est une très belle écriture, qui gagne sûrement à être lue dans sa version originale, en langue bretonne, mais à part la chanson de Gilles Servat (qui signe l'avant-propos de cet ouvrage) je ne sais pas si d'autres textes sont lus ou disponibles en CD.
La dernière partie du livre, celle qui traite de la guerre, est très prenante, et à la lecture de certains textes je me pose une question : les gens, qui devaient censurer le courrier des soldats, ne devaient pas parler breton, car cette phrase résume la position de Yann-Ber et de beaucoup de combattants.
« Au revoir, Yves, la guerre est laide, voyez-vous » !
Dorénavant mes chroniques pour la littérature de Bretagne seront aussi sur mon nouveau blog (en construction) :
Ma Bretagne littéraire.
Extraits :
-
Je n'ai rien, je suis rien ! Il est temps que mon heure sonne. Il est temps que le vieil Ankou vienne me prendre !
- Parmi le froment d'or des oiseaux chantaient :
Nous avons été mariés le jour de mon baptême.
- Au milieu du feu peut-être sont les âmes....
Ceux-là qui sont morts, oh ! Ne les oublions pas.
- Et devant le ciel sombre et les étoiles claires,
Mon Irlande et ma Bretagne se donnèrent la main...
- Soldat de mon pays, tu ne sais pas combien grand tu es : tu batailles pour que la beauté ne meure pas.
- Le chemin du bois de Saint-Mard à Trosly- Breuil est parent de celui de Tipperary : il est long.
- Alors, ils comprendront, peut-être.....
- Peut-être y a-t-il là-bas, loin, oh si loin, des villages, des foyers. Ici nous ne savons pas, nous pensons plus.
Éditions :  Kendalc'h / Breizh Hor Bro (2003).
*Je suis né au milieu de la mer.

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