HUXLEY Aldous / Le meilleur des mondes.
Le
meilleur des mondes.
Aldous
HUXLEY.
Note
: 5 /5.
Il
ne doit pas être ici bas *
J'ai
été, et ce pendant plusieurs décennies, un fan de science-fiction
! Maintenant je n'en lis pratiquement plus, mais cette année je vais
revisiter certains ouvrages qui ont marqué mes jeunes années de
lecteur, années qui sont très loin, et cet ouvrage en fait partie.
Nous
sommes en l'an 600 de Notre Ford, la terre a changé, le monde et le
mode de vie également. L'existence commence par la naissance et ici
c'est la science qui gouverne, de la Salle de la mise en flacons où
œuvrent les Garnisseurs de flacons, puis les Immatriculateurs,
ensuite vient l'étape du Dépôts des Embryons et encore la Salle
des Prédestinations Sociales...etc.... Ni l'homme ni la femme
n'interviennent dans ce long processus. Les habitants de cette entité
sont : des Alphas, des Bêtas, des Deltas, des Epsilons Gammas
reproduits à l'identique quasiment à l'infini. Chaque caste a sa
fonction et son endoctrinement (comment nommer cette éducation
autrement?) spécifique.
La
société de consommation atteint son paroxysme, la nature est
gratuite, alors les gouvernants créent des jeux de plus en plus
sophistiqués et donc rentables pour l'industrie. Le cinéma est en
quatre dimensions et même plus, avec odeurs et son, les transports
sont ultra confortables, rien n'est trop beau pour les castes
dominantes.
Les mœurs sexuelles sont très libres, il est même
incongru de rester en couple trop longtemps, toutes les émotions
sont canalisées par différents moyens pharmaceutiques, comme les
« Succédané de Passion Violentes » ou «Succédané de
Grossesses » ou de la gomme à mâcher à base d'hormones
sexuelles. Et par-dessus tout le remède miracle « Le soma ».
Tout
est pour le mieux dans le meilleur des mondes, la stabilité règne,
les femmes sont « pneumatiques » et accueillantes, les
hommes sains et sportifs, les classes laborieuses travaillent et
produisent sans rechigner. Parmi les classes dirigeantes, la punition
est une mutation sur une île, Islande ou Falkland (que sont devenues
les îles paradisiaques?), où vivent les marginaux du système,
victimes de légers incidents d'incubations, car cela arrive
parfois....
Il
existe aussi des réserves de sauvages, lieux d'observation ou de
vacances pour certains privilégiés, comme au Nouveau-Mexique, par
exemple. Et c'est là que Bernard, un chercheur se rend avec Lenina
en voyage d'études qu'il espère également amoureux. Mais
là un grain de sable va changer la destinée de plusieurs
protagonistes de ce livre, la rencontre avec John, le fils de Linda
qui un jour, il y a très longtemps....
Les
personnages de ce roman sont en général des êtres en marge de la
société dans laquelle ils vivent. Seule Lenina est le parfait
prototype de son époque, mais parfois le cœur a des inclinaisons
peu orthodoxes. John,
le Sauvage, et Linda, sa mère, sont archaïques et complètement
dépassés, avec une conception de la vie et de la morale qui n'a
plus cours, surtout pour John qui a toujours vécu dans la réserve.
La scène où Lenina s'offre à lui avec fougue est complètement
surréaliste, elle, habituée à une liberté absolue et lui, à
l'opposé, rigide dans ses convictions. Helmhotz
et Bernard sont chacun à leur manière des erreurs de laboratoires
ayant un reste de dignité humaine et de joie de vivre pour Helmhotz
ou de jalousie et de lâcheté pour Bernard.
Ce
livre n'a pas pris une ride. J'ai en plus découvert un aspect que je
n'avais pas remarqué ou alors oublié, les nombreuses citations de
l’œuvre de Shakespeare dans la conversation de John.
Dans
tous les livres que j'ai lus sur le sujet, l'avenir n'est pas très
rose, ni très réjouissant.
Avec
le recul des années, j'avais sans doute espoir d'un avenir meilleur
à l'époque de ma première lecture, maintenant je me rends compte
que ce monde est venu plus vite que prévu et ce n'est pas réellement
une bonne nouvelle.
Désolé
je vous quitte, c'est l'heure de ma pilule de soma....
Extraits
:
-
Tel était le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la
destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper.
-
Le retour à la culture. Oui, vraiment, à la culture. On ne peut pas
consommer grand-chose si on reste tranquillement assis à lire des
livres.
-
Tous les avantages du christianisme et de l'alcool ; aucun de leurs
défauts.
-
En réalité, et au fond, il s'intéressait à autre chose. Mais à
quoi ? À quoi ?
-
Je suis contente de ne pas être une Epsilon, dit Lenina avec
conviction.
-
J'aurais voulu que cela ne se termina pas par le coucher,
spécifia-t-il.
-
Les questions que posa Bernard créèrent une diversion. Qui ?
Comment ? Quand ? D'où ?
-
La beauté attire, et nous ne voulons pas qu'on soit attiré par les
vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves.
-
Sept heure trente d'un travail léger, nullement épuisant, et
ensuite la ration de soma, les sports, la copulation sans
restriction, et le cinéma sentant. Que pourraient-ils demander de
plus ?
Éditions
: Livre de poche (1960)
Titre
original : Brave New World. (1932).
*
ni plus haut non plus !