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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 janvier 2023

BELEZI Mathieu / Un faux pas dans le vie d'Emma Picard.

Un-faux-pas-dans-la-vie-d-Emma-Picard

Un faux pas dans la vie d’Emma Picard.
Mathieu BELEZI.
Note : 5 / 5.
Bienvenue en enfer !
Dernier roman de la trilogie Algérienne de Mathieu Belezi, après « C’était notre terre. » et « Les vieux fous ».
Dans un avant-propos, l’auteur nous explique qu’il a recueilli le témoignage d’une vieille Alsacienne qui avait fait le voyage avec ses quatre enfants, elle répétait en parlant de la terre :
- de la cendre, Monsieur, de la cendre brûlée. Il n’y vient pas un chou, pas un chou.
 Mathieu Belezi dit :
- La vieille, j’en ai fait mon Emma Picard. Je l’ai simplement un peu rajeunie. Et puis je l’ai laissé parler.
Une femme, Emma Picard, veuve avec quatre enfants, cherche à échapper à la misère. Elle accepte la proposition d’un fonctionnaire cravaté :
La France lui donne vingt hectares de bonne terre, avec une maison en Algérie.
Dans ce roman, elle dialogue avec Léon, son seul fils encore vivant, mais pour peu de temps, elle le prend à témoin :
- rappelle-toi Léon
L’espoir pour cette femme, et aussi dans son esprit pour ses enfants, d’une maison à elle, de la terre pas énormément, mais de la bonne terre, et un climat plus clément qu’en France.
Le voyage est long par bateau, enfin Alger, mais qui n’est qu’une étape. Puis vient Mascara, encore une diligence pour Sidi-Bel Abbès, et enfin le village de Mercier-le-Duc pour rejoindre la ferme perdue dans les collines. En route elle fait la connaissance du curé qui officie au village et qui lui a promis de l’aider.
Pour gagner la ferme, il faut plusieurs heures de marche à pied. Cette ferme est abandonnée depuis plusieurs années, les derniers occupants étant rentrés en France après le décès de leur petite fille, emportée par une maladie foudroyante.
Un Arabe nommé Mékika lui propose de travailler pour elle, il demande juste le gîte et le couvert. Il s’avère être un homme de confiance, travailleur, en tout point correct. Il vient des collines avoisinantes, et garantit à Emma qu’elle et sa famille sont en sécurité, malgré qu’un sentiment de révolte agite les campagnes algériennes.
Mais cette terre présentée comme une terre d’abondance n’est qu’un sol caillouteux. Le puits est, d’après Mékika, un puits d’hiver qui sera à sec l’été, il sera alors nécessaire d’aller à une source assez lointaine.
Le travail est dur, pour peu de rendement, mais Emma s’accroche tant bien que mal, les enfants aident, vont à l’école, mais l’argent manque, le peu de bétail meurt, les récoltes, faute d’eau, sont médiocres.
Seul bonheur pour Emma, elle fait la connaissance d’un dénommé Jules Letourneur qui devient son amant et qui l’aide…
Mais une première catastrophe marque le début de la descente aux enfers, une invasion de sauterelles qui ravagent tout sur son passage…
Après cela, la situation d’Emma est une suite de revers jusqu’à la catastrophe finale !
Le personnage principal est Emma Picard, femme courage qui pense, et c’est en grande partie vraie, avoir été abusée par un fonctionnaire malhonnête ou peu au courant de la situation de la vie en Algérie.
Ses quatre garçons, Charles, Joseph, Eugène et Léon, ainsi que leur mère paieront cela au prix fort.
Jules Letourneur, qui deviendra son amant, est un homme hors du commun, révolutionnaire, prêchant pour la chute de Napoléon III.
Mékika est et restera un homme au service de cette famille, un grand personnage.
Comme dans tous ses romans, Mathieu Belezi est très avare de ponctuation, en particulier les points sont quasiment inexistants !
Après avoir parlé des colons riches, avec de très grandes propriétés dans « C’était notre terre », puis de richissimes extrémistes prêts à tout dans « Les vieux fous », il aborde ici un sujet qui, me semble-t’il, a été peu traité, celui des colons qui eux ont tout perdu, même la vie !
Extraits :
- et comme tu ne réponds rien, c’est la maison qui gémit à ta place, qui pousse des plaintes à fendre l’âme, qui éclate en craquements soudains quand le sirocco pèse trop lourdement sur les murs et la toiture ruinés
- j’ai toujours considéré qu’un homme qui travaille dur dans mes champs, soigne mes bêtes et entretient mes outils, a le droit de manger à ma table ce que je mange, qu’il soit Breton ou Arabe
- … où je m’étais réfugiée, et déshabillée, et glissée dans le lit avec l’envie de jouir, l’envie d’avoir entre les cuisses un homme
n’importe quel homme
- derrière moi, assis à sa table, celle qui lui servait à écrire et à lire, il y avait ce Jules Letourneur, l’homme à qui j’avais tapé dans l’œil le jour où il m’avait mis en garde contre l’enfer des étés algériens…
- Léon, si je ne m’étais pas laissé berner par la France, vous seriez tous encore en vie et tout autour de moi, alors ne m’en veux pas de te raconter ce que je te raconte et ceux qui ne se racontent pas dans la vie d’une femme, c’est l’heure du grand déballage
- l’hiver est pire que l’été, il tue les bêtes mais les hommes en bien plus grand nombre. Tu verras
- … c’était de bien médiocres soucis, mais il pesait sur mon épaule un poids qui ne me permettait pas de m’engager ailleurs
Éditions : Flammarion (2015).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Attaquer la terre et le soleil.
les vieux fous.
C’était notre terre.

 

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