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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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6 juin 2013

KEMENER Yann-Fanch / Chant de vision.

 

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Chant de vision.

Yann-Fanch KEMENER.
Entretiens menés par Sophie DENIS.

Note : 4,5 / 5.
La Gwerz de la Terre.
Comme tout Breton et ardent défenseur d'une culture bretonne plongeant ses racines dans la tradition et la ruralité, j'ai depuis des années écouté Yann-Fanch qu'il me semble avoir également vu en diverses circonstances.
Je dois dire que quand Sophie Denis m'a contacté pour lire ce livre, j'ai un peu hésité, parler d'un roman, je pense savoir faire, mais là j'étais moins sûr de moi.
Une préface signée de Patrice Antona, chroniqueur sur France Bleue Radio Corse Frequenza Mora, nous met dans le bain, les confrères sont cités, Erik Marchand, Anne Auffret ou Erci Menneteau. sans oublier les poètes qui ont fait la Bretagne au même titre que les bâtisseurs d'humbles chapelles, Angèle Vannier, Xavier Grall, Eugène Guillevic ou Per-Jaskez Hélias entre autres. Sans oublier Armand Robin et Emile Masson ou encore Anjela Duval, la célèbre poétesse de langue bretonne, quelques-uns parmi les glorieux ancêtres!
Des mots sur une page blanche (désolé de ne pas respecter la disposition du livre) : Enracinement, Limites, Attachement, Terroir, Liens, Ancêtres, Terre, Transgression, Emprisonnement, Quitter sa terre pour exister.....
En premier ce qui nous rattache à nos racines, à notre famille, à la Bretagne. Quitter sa terre pour exister, beaucoup de ma génération l'ont subi, les plus chanceux comme moi ont pu faire le chemin inverse!
D'autres mots, une autre page (et le même non respect de la disposition initiale) :
Poésie, Yezh, Notenn, Geriou, Klotennoù, Rime, Ma langue, Le breton, Amour, Karantez, Résonances, Peb ger digasa e notennen, Rythme, Son.
La langue, la danse, la musique et la place qu'elle tient dans la vie de tous les jours dans l'ancienne société bretonne en particulier pour les mariages, les battages et dans beaucoup de travaux des champs ou de la ferme.
La mort, l'Ankou, personnage inquiétant, mais incontournable :"Entre le monde des morts et des vivants il n'y a a pas l'épaisseur d'une feuille de papier de soie".
D'autres mots, une autre page ( et la même remarque, encore!) :
Passeur, Mémoire, Héritage en partage, Transmettre, Écoute, Prolongement, Être.
Les racines et la transmission de la mémoire du peuple et de son savoir ancestral. Yann-Fanch a eu la chance de recevoir et d'être apte à recevoir, mais combien de vieilles chansons ou airs de musique se sont perdus depuis des siècles.
Bref plein de rubriques, de très belles photos, certaines en noir et blanc, magnifiques, une discographie très précise et complète, et deux textes sur des créations visuelles et musicales auxquelles a participé Yann-Fanch.
De glorieux anonymes parmi les personnages rencontrés au fil des pages et des chansons. Ces "Anciennes Personnes", mémoires du peuple, collecteurs de chansons tout en ignorant la signification de ce mot. Professeur sans diplôme, sauveur d'une culture chantée encore vivace grâce à eux.
Toute la famille chantait, des grands-parents aux oncles et tantes, puis des apports étrangers pour apprendre encore et toujours, Madame Bertrand, sabotière dans les bois de Canihuel, Albert Bolloré ou encore Françoise Mehat. Ne cherchez pas ces gens dans un dictionnaire! C'étaient des humbles voisins.
Un petit mot sur l'Oncle Julien, il déserta pendant la Grande guerre et fut exécuté. Il figure à ce jour sur la liste des « Non morts pour la France » !
On ne peut guère parler de style d'écriture dans le cas de ce livre, mais on sent une certaine poésie dans les réponses de Yann-Fanch même pour les questions les plus anodines. Un livre que j'ai beaucoup aimé et qui m'a permis de mieux connaitre le chanteur et surtout l'homme qui se cache derrière cette voix, une des plus renommées et des plus vraies de Bretagne.
Extraits :
- Tout naturellement, je chantais.
- Alors que beaucoup ne savaient ni lire ni écrire, la gwerz permettait de tracer leur histoire. Elle se transmettait oralement.
- Sur un espace scénique, je vis des moments de grâce partagée qui dépasse le réel.
- Dans ce sens que je rejoins certains domaines spirituels "L'inconnu me dévore ».
- Paysanne pauvre le jour, elle écrivait ses poèmes sur un cahier d'écolier après ses journées dans les champs.
- Les anciennes générations vivaient dans le temps présent.
- On s'est coupé soi-même de ses propres racines.
- Hirie Dime, Varchoas Dide* Aujourd'hui c'est moi, demain ce sera ton tour.
- C'est un luxe d'avoir le temps de réfléchir.
Éditions : Vivre tout simplement (2013)
* Inscriptions sur le catafalque de Saint-Gilles-Pligeaux(22). En breton actuel :Hirie din me, Warc'hoazh dit te.

 

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