JAOUEN Hervé / Les Confidences du pommier.

Les Confidences du pommier.
Hervé JAOUEN.
Note : 5 / 5.
Auprès du pommier…
Dernier ouvrage en date de la vaste saga bretonne entreprise il y a des années par Hervé Jaouen.
Une voiture abandonnée au Cap de la Chèvre, qui contient cinq courriers à remettre en mains propres. La propriétaire du véhicule est Antoinette Cosmao. Un possible suicide ? Toutes ces missives sont à remettre à une des personnes ayant pour nom de famille Cosmao, sauf une femme Maryvonne Ronarc’h.
Qui sont ces gens ? Et quels sont leurs liens de parenté avec Antoinette ?
Un pommier veille depuis des décennies sur la petite ferme Kermordrouz Izella dans la baie de Douarnenez.
Depuis des années, Antoinette, la benjamine de la famille, vit dans cette maison avec son père Tad Yvon qui est veuf. Elle a longtemps vécu à Paris, une vie plutôt dissolue et elle est revenue au pays.
Les relations qu’elle entretient avec le reste de sa famille sont loin d’être cordiales.
Certains de ses frères sont devenus des notables imbus de leur personnalité affichant de manière ostentatoire leur réussite. Le seul avec lequel elle a des contacts amicaux est Jean-Marie. Les autres enfants sont : Maurice, Maryvonne, Christian, Gilbert, tous nés avant la guerre. Jean-Marie et elle sont nés après la fin de celle-ci.
Gilbert a quitté la région depuis très longtemps ; où vit-il et est-il encore vivant, c’est la question ?
Toinette suit un traitement qui nécessite une quinzaine de jours d’hospitalisation. À son retour, elle découvre que les autres membres de la famille ont décidé de placer leur père en maison de retraite. Chose que, ni lui ni elle, n’apprécient particulièrement.
Commencent alors des querelles intestines au sein de la fratrie.
Au fil des pages, nous découvrons la vie de Toinette, sa vie à Paris, sa solitude, une rencontre amoureuse. Enceinte, sa famille rejette cette relation, elle se fait avorter et l’homme la quitte.
Suivra des années d’errance, d’alcool, de rencontres fortuites et de déchéance.
Antoinette est une battante, elle prépare sa vengeance contre les autres membres de sa famille.
D’où ces lettres dans cette voiture…
Antoinette est le personnage central de ce roman, femme très attachante, malgré une vie difficile. Contrairement aux autres, elle n’attache aucune importance à la notabilité et à l’argent.
Tad Yvon est un brave homme, on peut pas forcément en dire autant des autres membres masculins de cette histoire.
L’argent pollue tout.
C’est comme d’habitude très bien écrit, et j’aime beaucoup la manière dont Hervé Jaouen met du breton dans ses dialogues.
Et aussi parfois quelques tournures de la langue bretonne :
- Une soupe au café ira avec lui comme repas de midi.
Extraits :
- Entre pays, on se comprend plus facilement.
- C’était il y a deux ans, l’année de son soixantième anniversaire. A Kermordrouz Izella le téléphone a sonné.
- Des fois je me dis que Mamm et moi n’avons eu que deux enfants. Jean-Marie et toi.
- Nous avons un choix de cantiques en breton.
- Pour clore la cérémonie, nous aurons le Kantik ar Baradoz, que les gens du pays connaissent par cœur.
- Pour les oubliés de l’avis de décès, la vengeance était un plat qui se mangeait tout chaud brûlant à la sortie du four.
- Pendant la Grande Famine, les émigrants irlandais mettaient le couvert avant de quitter leur maison. Pour conjurer le sort.
Éditions : Terres de France (2023).