PRIN Rémy / Maison bretonne.

Maison bretonne.
Rémy PRIN.
Note : 5 / 5.
Au fil d’une vie…
Auteur que je découvre avec ce titre qui ne pouvait que m’interpeller ! Dans ce livre, nous suivons un couple qui s’installe dans le sud de la Bretagne.
Ils font l’acquisition d’une ancienne demeure, qu’une vieille femme leur vend. Commence alors le dur labeur de moderniser cette maison, qui, en son temps, fut une ferme, en essayant de garder l’âme des vieilles pierres.
Il faut détruire, reconstruire, rendre ce logis plus rationnel et confortable. Supprimer les pièces qui ne serviront plus, divers endroits qui servaient à la paysannerie et au travail des champs, et peut-être aussi à protéger le bétail durant la mauvaise saison.
Il faut aussi vivre avec la météo, qui n’est pas toujours clémente.
Il est également nécessaire de s’intégrer dans un monde rural qui ne semble pas être le leur.
Leurs voisins les plus proches, Jean-François et Marianne, sont des paysans, on y va pour chercher le lait. Braves gens toujours prêts à donner un coup de main, ou à prêter le matériel nécessaire. Ils ont une fille Gaëlle qui étudie au loin.
Il y a également Richard et Danielle, eux aussi nouveaux arrivants.
La vie s’écoule lentement, mais non sans tension…
Nous voyageons également au cœur de la Bretagne, par exemple :
-C’est dans le nord de la Bretagne, une petite ville avec une cathédrale.
L’auteur nous laisse deviner ?
Balade dans des lieux que j’ai bien connus, Port-Louis à quelques minutes de Lorient d’un coup de navette maritime. Son musée qui rappelle son glorieux passé. Le Faouet et sa pittoresque église Sainte Barbe.
Il est aussi beaucoup question de l’Irlande, en particulier des îles d’Aran, ici InishMore. Je me souviens des quelques heures passées sur Inisheer, l’été dernier et de la fascination que j’avais éprouvée pour ces hauts lieux de la culture gaélique.
Il est beaucoup question de gens anonymes, ces personnages de tous les jours, marins ou paysans qui ont fait la Bretagne.
On croise aussi les célébrités du monde culturel breton, Alan Stivell, Gwenaël Kerléo le harpiste, Gilles Servat chanteur compositeur, Yann Fanch Kemener autre chanteur et Didier Squiban pianiste.
Des hommes de lettres, Yann-Ber Calloc’h, poète de Groix décédé pendant la guerre en 1917, ainsi que Xavier Grall entre autres.
C’est magnifiquement écrit, une écriture pleine de poésie, d’amour pour les gens, pour le travail de la terre et pour la Bretagne.
Une découverte.
Extraits :
- Cette ambiguïté mettait mal à l’aise et comblait le corps tout à la fois.
- J’écoute cette langue-là qui ne veut pas mourir, je l’entends suppliante, écho des terres et mers improbables, amputée déjà de tant de ses parleurs en ces territoires.
- Mettre du neuf sur l’ancien, c’est composé avec le temps.
- On ne sait jamais bien ce qui s’intègre en soi d’un paysage.
- En Bretagne comme ailleurs et partout, la culture s’est retirée comme un reflux interminable.
- La conscience du temps devrait nous rendre tous amoureux de ce vivant-là, de sa richesse, de ses bienveillances subtiles sur nos vies.
- Nous allons vers l’île d’Arz mais je me souviens de l’arrivée sur Inishmore. Terres celtes comme ici, où les anciens gaéliques avaient quadrillé de murets leurs parcelles.
- Où nous mène ce voyage-croissance, argent, confort… ?
- Tout ce qu’on voit baigne dans la magnifique lumière de Bretagne.
- Nous assistons consternés à ce qui se détruit des relations humaines, sans trop savoir, sans trop comprendre, effarés de cette absurdité qui s’est installée.
- Terres celtes déracinées d’elles-mêmes, rétrécies comme celles d’ailleurs, du vaste monde.
Éditions : Terre du Couchant ( 2023).