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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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1 septembre 2012

KING John / Skinheads.

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Skinheads.

John KING.

Note : 4 / 5.
Trois hommes et un drapeau.
John King est l'écrivain du prolétariat anglais, de ses aspirations brisés et de ses rancœurs. Il est aussi le témoin privilégié des dérives du football britannique avec son livre « Football Factory».
Dans ce roman nous suivons trois hommes d'une même famille, Terry au nom prédestiné de English, un de ses employés, son neveu Ray qui a plusieurs surnoms dont Ray-le-Cinglé ou Ray Coup-de-Boule, souvenirs de sa jeunesse, puis Laurel, le fils de Terry. L'oncle et le neveu travaillent ensemble dans une compagnie de taxis qu'a créée Terry. Chacun a sa vie, Terry est veuf, Ray est marié pour le meilleur et pour le pire et Laurel profite de sa jeunesse. Mais tous trois sont skins et fiers de l'être, comme ils sont fiers d’êtres Britanniques. Les derniers du genre, dans un pays qui va à vau-l'eau, spolié d'après eux par l'Europe et par les vagues d'émigrations successives...
Grâce à de nombreux retours en arrière, nous découvrons ces hommes, leurs vies très ordinaires et souvent sans aucun avenir. La remise en état d'un ancien club « Union Jack Club" les motive et les réunit. Le football, avec toutes ces dérives et la haine latente envers les supporters des autres clubs londoniens, est également un signe de ralliement entre eux. Mais les fins de matchs tournent toujours à l'affrontement. Le manque d'instruction, les boulots peu valorisants, ce qu'ils ressentent comme un manque de considération à leur égard, tournent souvent au racisme vis-à-vis des travailleurs étrangers. Leur sentiment profondément ancré que l'Europe veut désagréger la Grande-Bretagne, donc un sentiment de frustration et de trahison vis-à-vis de la classe politique. Les Malouines et une approbation sans faille à la politique guerrière du gouvernement est leur seul point d'accord avec leur gouvernement.
La musique, enfin leur musique, est leur exutoire, le concert du samedi un rite quasi obligatoire! Mais pour eux aussi les années passent, la jeunesse s’estompe et la santé décline...
Terry est un brave homme, plein de bonté et d'humanité, mais il peut aussi se montrer très dur. La fidélité est pour lui et à tout point de vue une chose primordiale.
Ray est un personnage très ambigu, cogneur et lecteur, très grand lecteur, et depuis sa plus tendre enfance, il tente l'âge venant de calmer le sentiment de haine qui l'anime et la violence innée qui en résulte. Mais ce n'est pas toujours réussi !
Laurel lui est un peu en retrait, il a encore le temps de découvrir l’âpreté de la vie.
Parmi les personnages cités, beaucoup sont célèbres, des musiciens bien sûr dont certains que je ne connais pas, car ce genre de musique m'est pratiquement inconnue. Beaucoup de footballeurs aussi, surtout ceux de l'équipe de Chelsea, l'ancienne, celle d'avant que l'argent ne tombe du ciel venant d'URSS. Celle des Alan Hudson, Charly Cook et Peter Osgood. L'auteur nous parle des duels opposant celui-ci, et l'inusable gardien de Tottenham, le nord-irlandais Pat Jennings*. Le foot et les derbys londoniens avec ce que cela véhicule de bières, de provocations et de bagarres!
Ce livre permet de réhabiliter en grande partie ces gens qui sont en moyenne décrit comme des brutes un peu fascisantes, gros buveurs, pour le moins incultes et cherchant la bagarre pour de futiles prétextes. La baston effectivement fait partie de leur vie. D'ailleurs trois chapitres portent ce nom, Baston'81, Baston'82 et Baston'84! Il y a des jours et des années sans malgré tout.
Tout en faisant partie du même groupe de pensée, les trois protagonistes de ce récit sont très différents. Ils ont malgré tout en commun, un amour sans limite pour leur pays, même si parfois cela frôle le ridicule.
John King utilise beaucoup de références littéraires "1984" de George Orwell, " Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley ou " L'orange mécanique" d'Anthony Burgess. Romans qui traitent tous d'un monde totalitaire et se situant en Angleterre.
Extraits :
- Ray est un homme fier. Fier de sa famille, de sa culture, de son pays. Il n'aimait pas les gens qui prennent des libertés avec ça.
- Le monde était plein de mabouls et de cinglés, et c'est ça qui faisait que la vie valait d'être
vécue.
- Ce n'était pas une tombe, juste un établissement fermé et condamné, un mausolée de pisse fermentée et d'innombrables cadavres de bouteilles.
- L'école faisait de son mieux mais ne pouvait pas concurrencer le business mondial et les médias.
- Tu diras ça quand tu te retrouveras à pointer avec les Kosovar et les Albanais, à faire
copain-copain avec les pirates somaliens et les maquereaux serbes.
- Ils croyaient à l'élite et voulaient faire leurs places au soleil, aux côtés des grands, mais Ray savait qu'il n'avaient pas l'ombre d'une chance d'y parvenir. Leur nature avide, profiteuse les trahissait toujours.
- Ray voyait ce qu'il voulait dire. C'était une sorte de croisement entre Orange mécanique et les Teletubbies. Il ne leur manquait que le matériel de cricket et un abri antiatomique.
- La radio marmonnait sur le tableau de bord, et il ne pigeait pas le moindre mot du débat, un truc intellectuel discutant des diverses tendances de l'islam, que les Anglais de race blanche devaient accepter avec ses coutumes et ses croyances. De la merde, quoi.
- Les Polonaises, les Russes, et les Lettones. Il les aimait, toutes. Toutes s'intégraient, appréciaient le mode de vie libéral de l'Angleterre, contrairement aux ressortissants d'autres pays qu'il aurait pu citer.
- Voilà, la bonne monnaie britannique. Ici, on est en zone libre, on refuse des conneries de l' Union Européenne.
- Les skinheads étaient une illustration de la Grande-Bretagne dans ce qu'elle avait de meilleur.
- Il se rendit compte qu'ils évoquaient un délit mental, exactement qu'Orwell avait prophétisé. C'était un nouveau pas franchi depuis le meilleur des mondes vers le soma-ecsta et la pulsion digitale de la machine à transes capitalistes.
Éditions : Au Diable Vauvert (2012)
Titre original :Skinheads (2008)
Autre chronique de cet auteur :
Football Factory.

* 119 fois international nord-irlandais, 22 ans de carrière et plus de mille matchs joués.Il a participé à six éliminatoires de Coupe du monde. Un des meilleurs gardiens que j'ai vu jouer.

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Commentaires
E
Bonjour Maryse.<br /> <br /> Belle chronique tu dis....comme d'habitude, j'ajouterai....des personnages très attachants.<br /> <br /> Bises et à bientôt.<br /> <br /> Yvon
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E
Salut Denis.<br /> <br /> Après les supporters, puis les dirigeants, il semble que de plus en plus de joueurs deviennent eux aussi cinglés comme tu dis!<br /> <br /> Enfin ainsi va le ballon rond!<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> Yvon.
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M
ce livre parait interessant ;<br /> <br /> Bonne chronique
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D
Beau commentaire qui donne envie de lire ce livre qui parle du foot quand les cinglés étaient dans les tribunes et non pas au rênes de clubs croulant sous les dettes qui resteront à jamais impayées.
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