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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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3 avril 2010

HUNCKE Herbert / Coupable de tout.

Coupable_de_tout
Coupable de tout.*
Herbert HUNCKE.

Note : 3,5  / 5.
Une vie, des vies.
Écrivain américain né en 1915 et décédé en 1996. Il est un des rares auteurs de ce que l'on nomme la « Beat Generation » que je n'ai pas encore lu, faute de traduction, me semble t-il. Il apparaît sous divers pseudonymes dans l'œuvre de Jack Kerouac , « Elmo Hassel » par exemple dans « Sur la route », ou dans celle de William S.Burroughs comme un des personnages de « Junky ». Ce volume qui contient la plupart de ses textes commence par « Un crépuscule cramoisi», quelques pages toutes simples, mais d'une grande force, sorte d'initiation à la peur et à la beauté de la nature. Et ce crépuscule jamais oublié! Magnifique, une énorme surprise d'entrée de jeu.
Suit une galerie de portraits dont je parlerai plus loin, et une énumération de scènes de la vie hors-normes de Herbert Huncke à New-York en particulier aux environs de la 42ème rue, ou en différents points du globe. Les séjours en prison et les quelques tentatives de vie de couple, les différents essais d'associations commerciales, les cures de désintoxications, tous les aléas d'une vie à la dérive nous sont narrés sans apitoiement. Il se pose une question : « je ne vole plus, je ne transgresse plus les lois, laissez- moi me droguer en paix ! .
Ensuite viennent des extraits de « Coupable de tout » ; dans ce texte l'auteur se raconte sans fard, son enfance, le divorce de ses parents et sa mésentente avec son père. La première fugue à douze ans, ses premières prestations sexuelles tarifées, ses premières drogues et séjours en prison. En quelques mots, il parle de la mort de son ami d'enfance abattu par la police, pauvre gosse pensant courir plus vite qu'une balle! La rencontre avec William Burroughs est très bizarre. En effet Huncke pense que l'auteur « Du festin nu » est un policier appartenant au FBI!
Les personnages croisés au fil des pages sont des marginaux souvent peu recommandables, prostitués hommes ou femmes, drogués et délinquants, mais on sent dans les propos de l'auteur un amour de ces gens anonymes qui furent ses compagnons de misère et de galère. Certains des protagonistes de ce livre semblent magnifiés par la plume de Huncke. Je pense à Vickie dans « La rousse de Détroit, 1943/1967 » prostituée, puis camée, femme flamboyante comme sa chevelure! Elle rencontrera le grand amour, mais malchance elle avait eu comme client le père de l'homme dont elle était éprise! Celui-ci interdit le mariage!  Sauvons les apparences! Les couples se font, se défont, homo, hétéro,  il y a même un hermaphrodite déclaré, ami de passage de l'auteur.
En quelques lignes, l'auteur nous explique comment la drogue, qui était un phénomène relativement marginal, est devenu un vaste marché obéissant aux lois d'un commerce comme les autres. Un jour la drogue manque, c'est ce que l'on nomme « La panique », quelques jours plus tard elle réapparait, mais plus chère, le business s'est installé......
Parmi les célébrités de l'époque, malgré que la plupart n'était pas encore connu, on retrouve tous les auteurs de l'époque, Jack Kerouac, William Burroughs, Allan Ginsberg parmi les plus connus. Et d'autres écrivains ou poètes de l'époque, Gregory Corso, John Cellon Holmes, Carl Salmon ou Peter Orlowsky. Parmi les autres personnalités figurent Neal Cassady, le Dean Moriarty de « Sur la route » ou le professeur Alfred Kinsey, célèbre sexologue américain qui questionna Huncke pour son étude ! J'ai de sérieux doutes sur le fait qu'Huncke soit un représentant de la sexualité américaine de l'époque ! Mais, comme il était payé pour cela! Il faut remarquer aussi la place de la musique, le jazz en particulier pour tous les écrivains de cette mouvance. Ce livre se termine par « Journal » et « Textes inédits ,» sortes d'instantanés écrits dont un discours pour un festival dédié à Kerouac qui s'est déroulé à Lowell, ville natale de l'écrivain, en 1995. Toute une époque de la vie américaine, car ces différents récits s'échelonnent (ou ont été écrits) entre 1939  et 1996, année de son décès.
A noter une préface de Willliam S. Burroughs, et une autre de Bernard Comment pour l'édition française.
J'ai été surpris de la qualité de l'écriture d'Huncke, dont je pensais à tort qu'il avait profité de la notoriété de Kerouac pour être édité, mais il n'en est rien. J'aimerais avoir le temps de relire les quelques livres que j'ai dans ma bibliothèque qui parlent de cette époque et de ces auteurs, « Personnages secondaires » de Joyce Johnson ou « Les vies parallèles de Jack Kerouac » de Barry Gifford et Lawrence Lee, entre autres.
Dommage simplement que certains textes lus à suivre se ressemblent fortement, mais c'est un peu la rançon de ce genre de publication qui veut rassembler le maximum de ces  écrits qui éclairent un mouvement littéraire qui, s'il fut bref dans sa durée, laisse malgré tout certains textes de valeur, avec, ici, une touche d'humour ou de provocation avec « Histoire orale de la Benzédrine aux États-Unis ».
Extraits :
- Aujourd'hui un coucher de soleil a le pouvoir de me remplir d'une conscience de la beauté qu'aucune autre chose ne saurait susciter en moi.
- Un certain désespoir émanait des clients de ces beuveries répétitives, comme s'ils cherchaient délibérément l'autodestruction. Extérieurement ils appartenaient à la jeunesse dorée, mais au fond ils débordaient de colère et de haine.
- Je suis là, mais en fait, c'est l'appart de Florence. Il est lumineux, propre, frais et blanc. Il dégage une sorte d'éclat, mais j'ai peur que ma simple présence suffise à l'enténébrer.
- Jack était le type même du jeune Américain propre sur lui. Pour moi, il avait l'air d'une pub pour les chemises Arrow : leur campagne représentait toujours des jeunes hommes d'affaires américains modernes, avec une coupe de cheveux impeccables et l'oeil pétillant. Le portrait craché de Jack.
- La clique qui se réunissait plus ou moins là consistait en qu'une poignée d'individus à la Oscar Wilde, très décadent et très fin, avec un mordant terrible- presque venimeux dans leurs sarcasmes.
- Pourtant, Bill m'agaçait parfois. Tout d'abord, il a donné de moi une description peu flatteuse dans « Junky ».
- Les crimes devenaient plus violents. Les guerres des gangs organisés devenaient monnaies courantes.
- Comme je pense à la visite d'Irwyne et à nos longues années d'amitié, un afflux de chaleur pénètre mon esprit et je souris- ferme les yeux.
Éditions : Fiction & Cie. Seuil. (2009).
Titre original : The Herbert Huncke Reader (1997)
*et autres textes.

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Commentaires
E
Bonjour Patricia.<br /> Ce livre a un côté documentaire très intéressant et est de plus bien écrit.<br /> A bientôt.<br /> Yvon.
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P
Bonjour Yvon<br /> <br /> J'avais "loupé" la sortie de ce livre.<br /> Après la publication de votre critique, j'ai vite passé commande et je m'en félicite.<br /> Cette publication, un véritable document de société en réalité, permet une immersion totale dans une Amérique inconnue, révolue, glauque, sordide, mais aussi formidablement humaine. <br /> Un témoignage utile et sans complaisance à conseiller à tous ceux qui s'intéressent aux Etats-Unis et à la beat generation.<br /> <br /> Patricia
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E
Bonjour Joëlle.<br /> Nous somme rarement d'accord sur nos (rares) lectures en commun, donc c'est comme d'habitude!<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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J
Je l'avais emprunté ... j'ai du en lire 10 lignes et je l'ai ramené ;) Le genre de vie décrite dans ce livre ne m'attire pas pour deux sous ! mdr !
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