THE0RIN Johan / L'écho des morts.
L'écho des morts.
Johan THEORIN.
Note : 3,5 / 5 .
Les hivers se suivent......
Malgré la flatteuse réputation des écrivains suédois en ce qui concerne les romans policiers, je suis quasiment un néophyte. A part Helene Tursten et Henning Menkell, il y a longtemps, je n'ai pas souvenance d'autres auteurs de ce pays.
Nous sommes à Åluden sur l'île de Öland dans le sud de la Suède, la famille Westin a quitté Stockholm pour une vie plus calme et a racheté la maison qui jouxte deux phares. L'histoire dit qu'une partie de ce bâtiment a été construite avec la cargaison de bois d'un bateau naufragé et que de ce fait elle ne porte pas chance. Certains écrits laissent à penser que nous sommes dans une version suédoise de « La Baie des Trépassés ». Katrine Westin est retrouvée noyée, la police dont l'arrivée sur l'ile est récente, opte pour un banal accident, ce qui ne surprend personne. Son mari Joakim n'a aucune raison d'envisager autre chose. Il a d'autre soucis et doit gérer la vie quotidienne dans une grande maison en chantier et avec deux enfants auxquels il cache la mort de leur mère. Seule Tilda, jeune policière, commence à avoir des doutes, mais très confus, une sorte d'intuition, et ce n'est pas la première mort violente de l'histoire de l'île! Le temps passe, Joakim et ses enfants s'habituent tant bien que mal à cette situation, sa belle-mère reprend contact avec eux, il invite des amis de Stockholm, mais ceux-ci partent précipitamment après que l'homme ait fait un cauchemar la première nuit. Certaines légendes parlent d'Åluden comme d'une demeure hantée, lieu de nombreuses morts violentes, chose qu'un vieil habitant de l'île confirme à Joakim . Il lui parle de la légende des morts la nuit de noël, et le mois de décembre approche....
Beaucoup de personnages dans cette histoire, sorte de puzzle familial où tout se rejoint. Joakim Westin, le père, doit vivre seul, dans une contrée pour le moins peu accueillante en plein de cœur de l'hiver. Katrine semble hanter les lieux, leurs enfants, Livia et Gabriel, s'adaptent comme ils peuvent. Ethel, la soeur de Joakim, ombre du passé, qui se droguait, a été elle aussi retrouvée noyée. Tous ces décès ont-il un point commun? Tilda Davidsson, la policière, en plus de son travail, doit gérer une vie sentimentale pas très réussie. Elle collecte aussi chez un de ses parents âgés des souvenirs familiaux, choses qui ne réservent pas que des bonnes surprises. Mais d'un autre côté les personnes d'un certain âge ont du temps devant eux et passent une partie de leurs journées à la fenêtre! Et remarquent certaines allées et venues non dénuées d'intérêt, quand on enquête sur des cambriolages fréquents dans des maisons souvent inoccupées. Henrick et les frères Serilius, voleurs adeptes du spiritisme! Style « Les pieds Nickelés » sous amphétamines, bêtes et méchants, et circonstances aggravantes pour les deux frères, un goût prononcé pour le saccage intégral! Mirja Ramble, mère de la noyée, est un personnage pour le moins pittoresque, peintre et écrivain, c'est elle qui rédige les quelques lignes qui servent d'introduction à certains chapitres. Elle boit, fume, drague, surtout les hommes beaucoup plus jeunes qu'elle. Elle a habité Åluden il y a longtemps avec sa propre mère, peintre reconnue. Quelles étaient réellement ses relations avec sa fille!
Un récit sur plusieurs époques commençant durant l'hiver 1946 pour se terminer de nos jours. Un livre qui tout en restant un roman policier, oscille parfois vers le fantastique, ce que personnellement je regrette. J'ai vraiment eu du mal à entrer dans ce livre trop long à mon goût, mais la fin est réussie. Un bon roman malgré ces quelques restrictions.
A titre personnel une phrase m'a particulièrement marqué :
- Il était en principe contraire aux règles de la police d'informer un proche du décès par téléphone............
Extraits :
- Et de bois, quantité de bois. Cette épave tombe du ciel.
- Situation isolée dans ce site préservé, comme disait l'annonce.
- Les frères Serelius et leur foutu texte esprit sorti du gobelet n' aurait qu'à se débrouiller.
- Il s'agit de drogue, bien sûr. Cette merde arrive sur l'île, comme partout ailleurs.
- Voilà, la maison était vide et impeccable.
- Tilda regarda autour d'elle avec la sensation de s'être trompée de siècle. Abstraction faite des appareils électroménagers, on se serait cru la fin du XIXe siècle dans une demeure bourgeoise.
- La maison était froide et la solitude paralysait.
- Joakim l'avait entendu appeler. Il en était certain et cela voulait dire que le monde était encore plus incompréhensible qu'il ne le croyait.
- Voler dans les églises portait malheur.
- Elle m'avait enseigné ce que toutes les mères devraient apprendre : ne jamais dépendre des hommes.
- Quand j'ai commencé à entendre les morts murmurer dans la grange, à Åluden, je n'ai pas eu peur. J'avais connu pire à Stockholm.
Éditions : Albin Michel (2010)
Titre original : Nattfåk (2008)
Elles en parlent : Cuné, Clara.