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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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14 juillet 2007

TREVOR William / Le voyage de Felicia

Le voyage de Felicia.
William TREVOR.
Note : 4,5/ 5.
Voyage au bout du désespoir!
Un des premier romans de William Trevor que j'ai lu, il y a entre 6 et 8 ans, ceci est donc une relecture. J'ai en réalité plus de souvenirs du film que du livre.
Felicia cherche Johnny, qu'elle a aimé, dans l'euphorie du mariage de son frère. Enceinte, elle a volé les économies de sa famille pour le retrouver.
Mais elle ne sait rien de lui, il travaille en Angleterre, Birmingham peut-être ou du moins, c'est ce qu'elle suppose. La voilà, avec deux sacs plastique, décorés de motifs celtiques à la main errant dans des banlieues grises et déprimantes. Dans ces quartiers de la périphérie, les changements sont visibles, jadis vivant d'une industrie prospère, ils ne sont plus que des banlieues déshéritées. Commence pour Félicia une longue errance dans un pays inconnu dont elle a du mal à comprendre les gens, leur accent la déroute, elle cherche Johnny, mais que sait-elle de lui? Elle se rappelle leur rencontre, ses quinze jours de bonheur, l'adresse qu'elle réclamait, mais jamais donnée. Elle revit sa rencontre avec la mère de Johnny, qui se rendant compte de son état, refuse de lui donner la moindre indication. Elle se souvient des paroles de son père lui disant que Johnny était dans l'armée anglaise, et que bien entendu, il ne voulait pas en parler. Après quelques jours passés dans les locaux d'une oeuvre caritative, la voilà de nouveau seule, sans argent ayant perdu tout espoir de retrouver Johnny. Dans ces temps de désespoir, sa rencontre avec Mr Hilditch est sa seule consolation, il lui donne des adresses, la guide dans les quartiers glauques. A son insu, celui-ci la guette, ayant de plus en plus d'emprise sur sa vie, quelles sont ses vraies motivations?
Felicia, irlandaise naïve et pas bien intelligente, le prototype de personne qui n'aura que des problèmes dans la vie. Vivant dans un monde de rêve, elle est capable de tout quitter pour un homme dont elle n'a pas l'adresse! 
Hilditch, sorte d'intendant d'une cantine d'entreprise, homme gras et disgracieux, mais toujours tiré à quatre épingle. Il vit seul dans l'ombre d'un mère défunte, mais omniprésente. Il s'invente une épouse malade et prétend travailler pour l'armée. Le personnage de Mr Hilditch est Hichcokien dont il a un peu le physique. Froid et précis, il attend son heure. Machiavélique et pervers, il tisse sa toile, usant de tous les bassesses pour amener Felicia à être tributaire de lui. Qui sont ses fantômes de jeunes femmes qui peuplent les souvenirs d'Hilditch? Ces personnages féminins dont il se rappelle avec précision?
Un roman à suspens dans une banlieue en ruine, avec ses usines fermées, la misère. La violence et un constat social alarmant servent de toile de fond à ce livre, l'Angleterre post-industrielle et ses ravages.
Un Trevor William, loin de ses bases habituelles, plutôt champêtres et verdoyantes, nous offre ici un de ses meilleurs romans. Une écriture toujours juste et précise au service d'une histoire de qualité.
Un dernier mot du film réalisé par Atom Egoyan, il révèle un Bob Hoskins ambigu à souhait.
Extraits :
- Au bureau de change, on lui a donné de l'argent anglais contre ses billets irlandais.
- L'usine est un monde à part, de même qu'au sein de l'usine, la cantine de Mr Hilditch.
- Longues et droites les rues de la zone sont en béton. Nul ne les parcourt avec plaisir.
- Elle pense à ces expressions de son père -"pas très fut-fut","un peu lente à la détente"- et se demande si c'est ce que le vendeur pense d'elle.
- C'est sa faute, puisqu'elle a eu la bêtise de ne pas s'assurer qu'elle avait l'adresse.
- Où habitait-il, en Angleterre : à Londres? Non, au nord de Birmingham. Il cite une ville qu'elle ne connaît pas.
- Autant chercher une aiguille dans une botte de foin! Entend Felicia en partant.
- Voici un nouvel autocar : l'irlandaise y est.
- Tout ce que je veux, c'est entrer en contact avec lui.
Vous avez eu suffisamment de contact avec lui.
- Comme l'irlandaise, elles venaient toutes d'assez loin et se rendaient Dieu sait où dans la plupart des cas.
- Tu ne peux pas habiter la maison et fréquenter un membre des forces d'occupation.
- Naturellement, vous êtes la bienvenue, si vous voulez coucher ici.
Éditions : Phébus.
Titre original: Felicia Journey's.
Autres chroniques de cet auteur :
En lisant Tourgueniev; Les anges dînent au Ritz; Mourir l'été; Péchés de famille;Secrets intimes; Les splendeurs de l'Alexandra.

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Commentaires
E
Bonjour Katell,<br /> Éternel problème! Le film ne m'a pas laissé un grand souvenir à part la composition<br /> de Bob Hoskins.<br /> A bientôt.<br /> Yvon.
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K
Je n'ai vu que le film il y a quelques années. Du coup, cela me donne envie de lire le roman dont le film s'est inspiré. Merci :-)
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E
Bonsoir Nina<br /> Il me semble me rappeler que le film porte le même titre que le roman.<br /> A bientôt<br /> Yvon
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E
Bonsoir Claude;<br /> C'est vrai que c'est moi aussi le seul souvenir que j'ai de ce film.<br /> Pour "Coup du Sort", il a fait également l'objet d'un film "Fools <br /> of Fortune" de Pat O'Connor, dont le seul intérêt était la présence de Julie Christie dans la distribution.<br /> A plus.<br /> Yvon
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N
Ce roman raconte une histoire plutôt réaliste car il semble montrer que que l'on peut très vite fantasmer sur une rencontre brêve, ensuite la dure réalité est une mauvaise pastille à avaler.Je note ce livre sur mon carnet.<br /> Le titre du film est le même que le titre du livre ?<br /> A bientôt
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