O'BRIEN Edna / La maison du splendide isolement.

La maison du splendide isolement.
Edna O’BRIEN.
Note : 5 / 5.
Au nom de l’Irlande…
J’ai un rapport assez ambigu avec ce roman, comme avec le reste de l’œuvre d’Edna O’Brien.
J’ai lu ce titre il y a une bonne vingtaine d’années, avant d’avoir créé ce blog et je l’avais vraiment beaucoup aimé. Depuis plusieurs années, j’envisage de le relire, mais à chaque fois je renonce à ce projet.
Comme je reviens d’un récent voyage en Irlande, je me décide enfin.
Josie O’Meara vit seule dans une grande demeure isolée et quelque peu délabrée. Femme âgée et veuve après un mariage qui ne fut pas des plus réussis. Elle se sent parfois responsable de cet échec. Elle n’espère plus grand-chose de la vie, n’ayant plus de famille et n’ayant jamais eu d’enfant.
Mais l’intrusion d’un homme masqué dans son isolement va bouleverser sa vie. Cet homme, McGreevy, est un combattant pour la réunification de l’Irlande.
Il a un lourd passé derrière lui, et toutes les polices de l’île sont à sa recherche.
Que vient-il faire dans ce coin retiré d’Irlande du Sud ?
La cohabitation entre ces deux êtres que rien ne rapproche, s’avère au début très compliquée, tout les oppose. Elle comprend que l’on veuille la réunification de l’Irlande, elle serait même plutôt pour, mais pas de cette manière violente.
Il lui explique le pourquoi de ce combat, comment lui est devenu ce guerrier prêt à tout, y compris aux meurtres.
Il lui raconte ses années de prison, ses camarades de combat qui perdent la raison. Il lui dit sa femme et sa fille assassinées par des tueurs cagoulés.
La cohabitation devient plus apaisée, chacun tentant de comprendre l’autre…
Mais pour McGreevy, la fin de la cavale semble proche, l’étau se resserre, les forces de l’ordre se rapprochent…
Beaucoup de personnages dans ce roman qui prend parfois des allures de puzzle avec des hommes ou des femmes intervenant, comme ceux qui ont trouvé une perruque ou bien deux femmes amies du fugitif qui sont prêtes à tout pour lui.
Mais les deux principaux personnages sont, bien entendu, cette femme et cet homme aux destins et aux idées contraires obligés de cohabiter et qui vont finir par trouver une certaine sérénité qui malheureusement ne durera pas.
J’ai trouvé cette lecture plus difficile que dans mon souvenir.
C’est très bien écrit, et cela reste pour moi un des meilleurs romans d’Edna O’Brien que j’ai lue et chroniqué sur ce blog.
Dans l’excellent DVD de la collection « à mi-mots » qui lui est consacré, Edna O’Brien nous parle de ce livre et de ce qu’elle nomme les déclics qui l’ont amené à écrire cette histoire.
Extraits :
- « L’avenir, c’est une Irlande réunifiée ! » s’exclamait-il alors-et il y croyait. À présent il avait deux amours : l’Irlande et la patronne.
- Que voulaient-ils, lui et son organisation,-étaient-ce les terres, le joug de l’Histoire, la fureur du sang ?
- Un hippy mon cul, Tom… C’est ton homme… C’est McGreevy en cavale ou planqué…
- Elle remarque le temps bronzé de son visage, un tatouage sur le poignet, le drapeau tricolore, vert, blanc et or, inscrit dans un cercle sur fond indigo.
- J’espère que vous n’avez pas l’intention d’entamer une grève de la faim ! » lui crie-t-elle.
- Le Sud nous a oublié », m’a-t-il répondu. Peiné. Blessé.
- Je m’appelle Creena… Avant, c’était Margaret et maintenant c’est Creena… je préfère ce nom.
- L’Irlande que vous poursuivez est un rêve… Un rêve qui n’existe plus… disparu… « couché avec O’Leary dans la tombe. »
Éditions : Fayard (1995). 10/18 pour l’édition de poche. Réédition Sabine Wespieser (2013).
Titre original : House of Splendide Isolation (1994).
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jean-Baptiste de Seynes.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
 Lanterne magique.
 Les païens d'Irlande.
 Nuit.
 Tu ne tueras point.
Saints et pécheurs.
Fille de la campagne.