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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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20 mars 2013

O'BRIEN Edna / Fille de la campagne.

 

002112177
Fille de la campagne.
Edna O'BRIEN.

Note : 5 / 5.
Frères ou amants*.
Grande dame des lettres irlandaises, qualifiée de "sulfureuse" après la parution de son premier roman "Les filles de la campagne", Edna O'Brien dont la carrière s'étend sur plus de 35 ans, nous livre ici ses mémoires!
En tant qu'écrivain, elle alterne des livres que j'aime beaucoup "La maison du splendide isolement" que je considère comme son chef-d’œuvre que je me promets sans arrêt de relire afin qu'il figure ici et des titres que je n'ai pas du tout aimés! Je dirais que ce n'est pas une auteur facile, mais elle peut être aussi bonne romancière que nouvelliste.
Une enfance qui aurait pu être heureuse, son père a fait un bel héritage, avec en plus des terres. Mais l'alcool, les chevaux et des affaires désastreuses firent que la famille tira sur la chandelle très longtemps!
L'Irlande, très catholique et conservatrice dans ces années-là, envoyait sa jeunesse évangéliser le monde ou travailler à l'étranger. L'église avait peur du communisme ; le terrible "péril rouge". L'éducation était très religieuse donc fragmentaire, surtout pour les jeunes filles. Edna connait ses premiers émois de jeunesse avec une religieuse dans le couvent où elle étudie...Puis vient le départ pour Dublin, la liberté, un travail dans une pharmacie et déjà cette irrésistible envie d'écrire qui lui vaut le surnom de "La Glouton de la littérature"! Un coup de foudre entre elle et l'écrivain Ernest Gébler, les parents qui s'en mêlent, la fuite sur l'île de Man chez l'écrivain Donleavy, l'intervention de la police, l'annulation de la première union de Gébler et le départ pour Londres. Malgré la naissance de deux enfants dont Carlo*, le mariage bat de l'aile et le succès d'Edna est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Gébler aura cette phrase :
- Tu peux écrire et jamais je ne te pardonnerais.
Alors la carrière et la vie de femme libre d'Edna peuvent commencer et elle ne s'en privera pas, aidée, il faut bien le reconnaître, par une beauté certaine qui attirait les hommes.
Le divorce douloureux, surtout pour la garde des deux garçons, les visites en Irlande où l’accueil est plutôt glacial, mais où étonnamment elle aura le soutien d'un ecclésiastique qui mérite d'être nommé ici, le père Peter Connolly. Mais le succès est là, la situation financière s’améliore, le cinéma américain achète les droits de certains de ses romans.
Des visites à Paris dans l'hôtel où est mort Oscar Wilde, Marguerite Duras, Peter Brooks, Samuel Beckett, ici ou là de vraies histoires d'amour, des soirées un peu folles, l'écriture et la consécration comme récompense. Mais, un jour "La cigale ayant chanté tout l'été...."
Un chapitre de ce livre se nomme "Nord" où l'auteur donne son point de vue très personnel sur la situation de cette partie de l'Irlande, car n'oublions pas qu'elle s'est inspirée d'un membre de l'IRA qu'elle a longuement interrogé pour le personnage masculin de "La maison du splendide isolement". Certainement quelques-unes des plus belles lignes de ce livre et qui rappelle qu'en Irlande, la sagesse est du côté des femmes.
Un chapitre sur sa vie d’enseignante à New-York , enseignante, mais femme du monde, les rencontres se multiplient. Retour dans le Donegal pour clore ce livre.
Beaucoup d'hommes et aussi le ban et l'arrière ban de lettres surtout irlandaises! Elle dresse un portrait assez caustique de Patrick Kavanagh**, de Flann O'Brien**. Elle connut J.P. Donleavy qui parle de l'épisode de l'île de Man dans son livre "Mon Irlande", le poète Val Iremonger, Sean Mc Bride, fondateur d"Amnistie International", elle parle aussi des précurseurs des lettres irlandaises modernes ,Yeats**, Joyce**, James Stephens, Lady Gregory. Par contre John Broderick**, grand écrivain, pourtant dit, en parlant d'Edna O'Brien que" son talent résidait dans sa culotte". A noter que Broderick était homosexuel, ce qui explique peut-être cela!
Un mot aussi sur John McGahern**, John Cheever**etc....D'autres hommes pas tous écrivains, Robert Mitchum en tournage à Londres, John Huston, Paul McCartney, Richard Burton, Marlon Brando....certains frères, d'autres amants, mais jamais les deux à la fois ! D'autres comédiens aussi passent au gré des pages et de leurs rencontres avec l'auteur..Parmi les anonymes un Breton, vendeur d'oignons, toujours éméché !
Ces "Mémoires" sont plus faciles à lire que certains ouvrages de sa biographie. Un peu à la manière de James Joyce, elle a quitté l'Irlande, y retournant parfois, mais son œuvre est profondément irlandaise même si quelques histoires se passent ailleurs.
Un portrait sans fard d'une femme très attachante pleine de convictions et animée d'une envie de vivre et de profiter au maximum des jours qui passent et qui a parfois choqué l'opinion publique irlandaise en dénonçant ses travers, l'hypocrisie, la respectabilité et une religiosité omniprésente et étouffante, avec pour résultat une misère sexuelle récurrente. Ne pas oublier aussi une censure féroce qui frappa tous les écrivains irlandais dont certains comme Edna O'Brien ou Sean O'Casey, choisir l'exil chez le pire ennemi de l'Irlande, l'Angleterre!
Extraits :
- C'était une vieille odeur, source de maints souvenirs, et ainsi, en ce jour d'août de ma soixante-dix-huitième année, je m'assis pour commencer les souvenirs que je m'étais juré de ne jamais écrire.
- Par la suite, dans les temps effroyables, je devais toujours me rattacher à quelque chose, n'importe quoi, pour suspendre l'anéantissement.
- ...elle disait :"L'argent parle, dis-moi pourquoi tout ce qu'il sait dire, c'est au revoir. »
- Le Nord était une région sur une carte, mais à leur façon de haranguer, perdant la raison et se lançant mutuellement des accusations, je pressentis qu'un jour il assombrirait nos vies.
- Je l'appelais Nuit, l'histoire de Marie Hooligan, dans son écume nocturne, son esprit embrouillé et blessant, tout semblant de délicatesse disparue. Ce fut là une de partage de ma vie, entre une forme d'écriture et une autre.
- Cela me fournit les premières lignes de mon roman,"La maison du splendide isolement :
"l'histoire est partout, et s'infiltre dans le sol, le sous-sol. Comme la pluie, la grêle, la neige,
le sang".
- Je me souviens que, pour avoir parlé de lui avec franchise, et avec "ma sotte mentalité de romans à deux sous », un journaliste anglais me présenta comme « la Barbara Cartland du républicanisme au long cours ». (Au sujet de Gerry Adams).
- Il avait un faible pour la balade The Night Before Larry Was Streched ("La veille du jour où Larry s'est fait étendre"), que Brendan Behan lui avait chanté.
Éditions : Sabine.Weispieser éditeur. (2013)
Titre original : Country Girl (2012)
* Ce titre mérite quelques explications, le dernier recueil de nouvelles d'Edna O'Brien se nomme "Saints ou pécheurs", la quatrième de couverture de ce livre nous apprend que seules deux catégories d'hommes trouvaient grâce à ses yeux, ceux qu'elle considérait comme des frères ou ceux qui devenaient ses amants!
A mi-mots émission littéraire d'Arte consacrée à Edna O'Brien
Chroniques d'Edna O'Brien.
La lanterne magique.

Les païens d'Irlande.
Tu ne tueras point.
Nuit.
Saints et pècheurs.

Chroniques de Carlo Gébler: (Fils d'Edna O'Brien).
Comment tuer un homme.
Exorcisme.
Le onzième été.

Chronique de J.P. Donléavy:

Mon Irlande
** autres écrivains répertoriés sur ce blog.

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Commentaires
S
Très envie de lire ce livre depuis sa parution, pas encore eu le temps...
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G
J'ai un livre d'elle dans ma bibliothèque, il faudrait que je le ressorte... je ne l'ai pas lu encore!
Répondre
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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