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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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15 avril 2020

PAULIN Frédéric / La guerre est une ruse.

 

La guerre est une ruse

La guerre est une ruse.
Frédéric PAULIN.

Note : 5 / 5.

Jeu de dupe en Méditerranée.
J’ai plusieurs fois rencontré Frédéric Paulin dans divers salons littéraires en Bretagne, Rennes ou Vannes notamment.

Nous sommes en Algérie en 1992 . Le pays est à feu et à sang, la victoire au premier tour du Front Islamique du Salut aux élections de 1992 qui prône l’islamisation du pays déclenche un coup d’état militaire.
Une guerre civile avec des exactions de tous les bords commence, avec son lot de victimes souvent innocentes. Mais une question se pose, qui tue qui? Les Islamistes ou l’armée ? Et n’y a-t-il pas une certaine connivence entre eux ou du moins une surenchère dans l’horreur.
À Constantine, le capitaine Albin Stein de la DGSE se pose deux questions « La France est-elle capable de sauver l’Algérie ? » et « Combien de temps lui reste-t-il à vivre ? »
À l’autre bout du pays, se trouve le camp d’Aïn M’guel, qui abritait les essais nucléaires français et qui est transformé en lieu d’internement par le pouvoir en place.
Tedj Benlaza est un agent de la DGSE, d’origine algérienne. Il connaît très bien la situation actuelle et craint que cette lutte entre Algériens ne s’exporte en France. Son supérieur hiérarchique, Rémy Bellevue, partage son opinion, mais rongé par un cancer, il sait qu’il va rapidement devoir rentrer en France avec Fadoul Bousso, avec qui il va se marier en France avant de mourir.
Mais ces deux hommes sont apparemment les seuls à penser cela. Les militaires et fonctionnaires français en place en Algérie réfutent en bloc cette thèse.
Les morts s’accumulent, deux géomètres français, des fonctionnaires et un gendarme français. D’autres français sont enlevés mais libérés, des ouvriers étrangers travaillant pour une raffinerie sont égorgés, des soldats et des islamistes sont tués… la peur s’installe et grandit.
Tedj Benlaza traîne sa déprime, son couple bat de l’aile, il téléphone parfois à son épouse et demande des nouvelles de leurs deux filles. Au cour d’une intervention, il croise Gh’zala, très belle femme dont il tombe éperdument amoureux.
Benlaza et Bellevue rentrent en France, mais suivent l’évolution de la situation sur les rives de la Méditerranée ! Tedj Benlaza repart sur Alger...
Et en parallèle, nous suivons, en France, un groupe de jeunes islamistes dont un certain Khaled Kelkal.
Beaucoup de personnages dans cet excellent roman, des anonymes, mais aussi beaucoup de gens connus, en particulier des politiciens des deux pays, des généraux et policiers algériens et des terroristes ayant sévi sur le sol français.
Un récit glaçant qui a dû nécessiter de nombreuses recherches.
Ce livre a été plusieurs fois récompensé et ce n’est que justice !
En fin d’ouvrage on trouve un glossaire, une brève chronologie des
événements en Algérie entre 1988 et 1995 (année où se termine ce livre) et quelques termes arabes utilisés.
Une note personnelle, dans cet ouvrage l’auteur cite plusieurs fois en termes peu flatteurs l’oued El Harrach :

- Mais un relent putride lui saisit les narines. L’odeur monte de l’oued El Harrach toujours lui, le fleuve puant qui refuse que les plages d’Alger soient des lieux de villégiature…
Ayant travaillé et résidé pendant un an à El Harrach, je peux témoigner que cet oued (surnommé oued Merda) n’a pas toujours été, et heureusement, une puanteur, mais c’était souvent… et c’était atroce !
Seconde note personnelle : un peu avant la fin de l’histoire, l’action se déroule à Plouézec… où j’ai encore de la famille.
Extraits :
-
 La peur, c'est juste un peu avant la mort.

- Gombert, lui, est un carriériste comme il en existe des centaines dans les ambassades.
- La Méditerranée scintille sous la lune. C'est un cliché, néanmoins c'est vrai : c'est magnifique. Et apaisant.
- Il y a encore des traces de sang au sol. C'est là que les douze employés d'une entreprise croate ont été égorgés quelques jours auparavant.
- Alger vit. Ça doit étonner les étrangers, mais Alger continue à vivre malgré les attentats qui ensanglantent tout le pays.
- Mais le sergent ne plaisantait plus depuis longtemps, depuis qu'il faisait la guerre, et la guerre il la faisait depuis tant d'années que son visage était exempt de rides au coin des yeux.
- Ça lui arrive parfois lorsque, dans son crâne, ce qui croit être le bien et le mal s'affrontent. Il n'est pas idiot : le bien et le mal en Algérie ont toujours revêtu des habits presque similaires.
- Depuis quelques jours, la France est prise au piège de la guerre larvée qui se joue en Algérie.
Éditions : Agullo éditions (2018) Gallimard Folio pour l’édition de poche (2020).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
La grande peur du petit blanc.
Dans des ouvrages collectifs :
Rennes, ici Rennes.
Maillot noir.

 

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