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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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17 juillet 2018

BUCHER André / Un court instant de grâce.

Un court instant
Un court instant de grâce.

André BUCHER.

Note : 4, 5 / 5.
Instant tellement rare…
Neuvième roman de cet auteur dont j’ai lu, il y a longtemps « Déneiger le ciel » qui concourait à l’époque pour le prix « Cezam ».
Nous sommes dans la France profonde, loin des villes et des lieux touristiques. La France des oubliés qui se dépeuple et qui meure à petit feu. Il y a une montagne parfois nommée « Pâle » parfois « Palle ». Cette montagne boisée va devenir le sujet d’affrontement entre les rares habitants de ce hameau perché difficile d’accès.

Nous sommes en décembre 2015. Émilie est une femme du pays, elle vit seule depuis le décès d’Edouard, son époux, mort accidentellement. Leur fils Serge est parti voir ailleurs depuis 2009, loin dans le Nord. Il n’avait pas la vocation pour cette vie rude qui l’attendait en restant au pays. Le travail est rare, les hivers longs et froids, les femmes à marier encore plus rares que le travail. Seule solution pour la jeunesse, l’exil.
Mais la situation pourrait changer, la forêt intéresse des hommes d’affaires. La création d’une centrale à biomasse est envisagée. Pour cela il faut du bois, beaucoup de bois. Petit à petit les arbres plusieurs fois centenaires  
seront abattus et la forêt rasée. La résistance s’organise, Émilie en devient le symbole, elle est aidée en cela par Victor, son tout premier amour… ils avaient dix ans tous les deux. Dans le village deux clans s’affrontent, parfois au sein de la même famille. Le maire est ouvertement pour, ses arguments sont toujours et partout pareils, la création de postes, du travail à venir etc…etc… sauf que souvent les gens embauchés ne sont pas de la région ! Il pense aussi à sa réélection !
Les réunions publiques sont houleuses et les incidents se multiplient. Émilie est projetée à terre et blessée. Une jeune femme venant de la ville et prête à tout est dépêchée sur place. Elle use de son charme mais sans grand résultat. Serge revient pour tenter de convaincre sa mère de ne pas s’opposer à ce projet.
Émilie et Victor, aidés de quelques voisins, résistent malgré les menaces et intimidations…
É
milie, un personnage féminin lumineux. Humaniste et pleine

de bonté mais opiniâtre pour défendre sa forêt et son monde.
Une grande dame, un des plus beaux portraits de femme toute simple, une découverte au cours de mes dernières lectures.
Beaucoup d’autres personnages dans cette fable moderne… quel monde laisserons-nous à nos enfants et
petits-enfants ?
Une très belle écriture que j’ai beaucoup appréciée, les descriptions de la nature sont particulièrement réussies. Un roman écologiste que je recommande. Le pot de terre contre le pot de fer. Parfois la détermination de certains fait reculer le massacre de la nature qui, lui est uniquement dicté par le profit à court terme.
Extraits :

- « Les pâtures du vent », plaisantaient les rares bergers qui venaient là, sur le penchant, estiver leurs troupeaux.
- Il fallait aussi compter avec un autre genre de paroissiens, les corbeaux. Des raconteurs d'histoires souvent tristes, quelquefois drôles.
- Émilie n'aspirait plus qu'à se métamorphoser en ourse, enfouie dans le poudrin, avant de sombrer dans un grand tourbillon onirique.
- À cet instant précis, elle se sentait seule, vraiment seule et désemparée. À ne pouvoir se répéter que des histoires sans paroles de peur que les mots de se gèlent.
- Il accédait à un autre continent, à la fois déroutant et familier.
- Ce qui la dérangeait, chez eux, provenait du fait qu'ils n'étaient pas vraiment des militants.
- Il n'avait donc d'autre solution que de la convaincre en lui faisant miroiter son propre intérêt.
- Il paraît que dans le subconscient d'un chasseur existe un écologiste qui prend des somnifères...
- Il avait découvert la poésie sur les bancs de l'école mais comme de nombreux jeunes, il s'en était détourné durant l'adolescence, avant de se mettre sur le tard à la lecture et d'apprécier les œuvres de Dylan Thomas, John Milton, Walt Whitman, William Butler Yates et e.e.cummings, pour ne citer qu'eux.
Éditions : Le mot et le reste (2018).
Autre chronique de cet auteur sur ce blog.
Déneiger le ciel.

 

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