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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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8 juillet 2013

PER Dominig / Être ou ne plus être.

 

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Ê
tre ou ne plus être.
Dominig PER.

Note : 4,5 / 5.
Une nécessité unique : le trépas*.
Le très grave problème de l'euthanasie est le sujet de ce roman d'un jeune auteur breton dont vous trouverez deux œuvres déjà commentées sur ce blog. Il s'explique sur sa démarche en écrivant ce roman, oui aux soins palliatifs, mais non à l’acharnement thérapeutique. La liberté de décision....un vaste débat qui à mon goût mérite des gardes-fous.
Djinn, poète édité, fuit la grande ville pour la campagne en espérant y trouver une certaine quiétude qui lui permettra de finir un recueil que son éditeur lui réclame. Il part donc, avec son chien Arhi, fidèle compagnon au "Cloitre en Cambrousse" grâce à la "Compagnie des Chemins de bois", voyage qui s'élève à 800 brouzoufs, mais qu'il paye en picaillons ! Il n'est pas mentionné le taux de change de ces deux monnaies ! Il loge chez les Michaud, gens ordinaires, ni meilleurs, ni pires que le voisinage. Leur fille de 11 ans, Jeanne, est malade, mais la présence d'Arhi la transforme, ils deviennent bien vite de grands complices ! Et donc sa santé s'améliore et elle récupère une joie de vivre normale pour son jeune âge.
Au cours de ses promenades, Djin se rend vite compte que le comportement des gens vis à vis des animaux "de compagnie" est ignoble, mais pour eux normal ! Le bonheur ne dure malheureusement pas longtemps car Arhi est malade, très malade, sa mort est hélas certaine, le vétérinaire lui donne alors deux pastilles d'un poison de sa composition, au cas où.....Djinn et Jeanne, après mures réflexions, passe à l'acte et tente de reprendre une vie normale. Il soigne un oiseau blessé, puis d'autres animaux trouvent refuge chez Djinn qui achète un vieux cheval promis à la mort et qui devient la monture de Jeanne. Hélas pour celle-ci la maladie la rattrape, alors pour le jeune homme se repose le problème....Jeanne insiste pour mourir dignement.....
Djinn, notre guide pour ce voyage, rêveur, défenseur des animaux, jeune homme au grand coeur, Arhi, son chien fidèle compagnon, les chiens vivent moins longtemps que les hommes hélas ! Les Michaud sont aux petits soins pour leur fille Jeanne, la maladie lui a donné une maturité supérieure aux enfants de son âge, mais elle craque malgré tout pour Arhi qui, il faut bien le reconnaitre, y met du sien ! Le vétérinaire est un peu désabusé, il ne soigne que les bêtes qui ont une valeur marchande alors les chiens et les chats ne sont jamais amenés par leur maîtres.
Le curé, son sacerdoce, c'est de sauver des âmes, alors les animaux maltraités ce n'est pas son problème. Une souris et un cheval Wladimir apporte un rayon de soleil dans cette campagne austère et médiocre, car ses habitants sont à ranger dans la catégorie des affreux !
Comme dans tous les livres de Dominig Per, les découvertes sont nombreuses, pour voyager on prend dorénavant "Les Chemins de Bois", mais malheureusement les billets sont vivants avec une durée de (validation) vie très courte et décèdent au compostage ! Les animaux ont leurs propres compartiments et sont jetés manu militari du train s'ils ne disposent pas de titres de transport. Dans les bois poussent des " Transformures" aux effets surprenants ! Mais on trouve aussi "La Chôse" et "Les Trücs" aux conséquences autrement dramatiques. Un mélange d'humour et de gravité dans ce livre, de joie et de tristesse, de bonheur et de chagrin. Bref la vie.Un très beau roman qui mérite d'être découvert. Si un éditeur était intéressé, des libraires ou vous même...vous seriez, je pense, les bienvenus sur le site de l'auteur!
Patrick Poivre d'Arvor a trouvé ce roman "singulier et très réussi".
Extraits :
- C'était un jeune garçon doux, charmant.. et rêveur.
- C'était un chien doux, charmeur... et rêvant.
- La ville allait s'étendre de plus en plus, gagner en largeur tout comme en hauteur et devenir une véritable fourmilière humaine encapuchonnée d'un insupportable et incessant tumulte émaillé de violences diverses.
- Quelques dizaines de secondes plus tard, le convoi s'ébranla et repartit sur la voie en sifflant un air bien connu, donc trois fois, cela va de soi.
- Le village était enroulé sur lui-même. Il partait de la place centrale avec la gare, la mairie, les bistrots, le restaurant, l'église, et se déroulait autour de la rue principale, comme un escargot dans sa coquille.
- Le silence qui entoure le hameau était apaisant et propice à la réflexion, même philosophique. Il contrastait si bien avec d'incessants tumultes qui enveloppaient la grande ville.
- Le jeune homme sorti du cabinet en pleurant à chaudes larmes, si chaudes qu'elles s'évaporaient instantanément au contact de l'air.
- Plusieurs semaines durant, il vécut en solitaire, sans la présence minime, certes, mais vivante de sa tique domestiquée.

- Un long silence s'étendit sur toute la longueur du cabinet. Djinn pleurait à gros bouillon de onze heures, car c'est le nombre de coups que venait tout juste d'égrener l'horloge de l'hôtel de ville.
- Oh, vous savez, il pense que les souffrances d'animaux innocents peuvent laver leurs péchés. Ils s'en confessent et se débarrassent ainsi des fardeaux que sont leurs remords, la honte, le repentir. Je leur donne l'absolution, ils sont satisfaits... et ça les fait venir à la messe.
- Lentement, le jeune homme inséra la pilule dans la gueule du chien, la poussant bien au fond sur la langue, provoquant ainsi une instinctive déglutition.
- Elle trouvait auprès du jeune garçon une force qui lui donnait du courage pour se battre contre sa propre maladie.
- Il faudrait pouvoir apprendre à mourir avant d'apprendre à vivre.
Éditions : Être ou ne plus être (2013).
Pour commander ce livre :
http://etreouneplusetre.e-monsite.com/
*Extraits du chant, "Les séries" tiré du Barzaz-Breiz :
Pas de série pour le nombre Un : La Nécessité unique,
Le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus.
Autres chroniques de Dominig Per:
Un arc en ciel sur la joue.
Autres choses.

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Commentaires
S
voilà un sujet qui m'interpelle - d'autant plus que je suis membre de l'association pour mourir dans la dignité<br /> <br /> je note donc le titre, surtout pour cette belle phrase "il faudrait apprendre à mourir avant d'apprendre à vivre" - parce que ce n'est pas toujours facile de savoir qu'on n'est pas immortel(le) et qu'un jour on ne verra plus ceux que l'on aime
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