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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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16 juin 2013

EMERY Alain / D'aussi vastes déserts.

 Les nouvelles de l'été.

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D'aussi vastes déserts.
Alain EMERY.

Note : 5 / 5.
Gens dévastés.
Je suis un fan de nouvelles et j'aime beaucoup les écrits d'Alain. Ici un nouveau recueil de sept nouvelles pour 170 pages, cela donne des récits assez longs pour des nouvelles, la plus longue se développant sur trente pages.
"Aux sangs farouches," raconte la généalogie plutôt dramatique d'une famille, les Guise, leur château, la tour de celui-ci, poétiquement nommée, "La folie douce". Le narrateur de cette histoire est le mari de la défunte Rachel, dernière héritière de la famille. Comme les autres membres, celle-ci a eu une fin tragique. Et lui, le veuf, conte cette triste histoire à une foule de touristes avides de sensations fortes. La folie n'est pas toujours douce! Quelle tristesse!
"À l'écart du fleuve" est sans conteste la nouvelle que je préfère dans ce recueil. La rencontre improbable de quatre personnages que tout oppose. Gwladys se rend chaque jour en moto sur la tombe de Jacques, vêtue de la veste en cuir de celui-ci. Dans la morale elle reste fidèle à la mémoire de cet homme, et pourtant, leur vie ne fût pas des plus simples. Une autre femme Marie, son mari Jeff, la mort pour l'une, la prison pour l'autre. Une histoire toute simple d'amour, d'amitiés et de mort.
"Quatre veines" la richesse n'achète pas tout. L'homme riche, très riche revit son enfance, une femme Dolorès plus âgée que lui, mante religieuse ou pieuvre, née pour être veuve, un beau marin tombe sous son charme, la vie est simple, le bonheur aussi, une cabane bâtie avec des amis de bric et de broc, mais les bourgeois veillent....le cabanon est remplacé par un golf, le bonheur s'envole, le marin s'embarque, il reste une armée d'enfants de la balle!
Dans "Casier 52", un maître nageur qui se souvient de son prédécesseur, RuddyPollock. Une jeune adolescente trouvée morte dans un étang, la ville se réveille, le sang réclame aussi du sang....alors une lettre anonyme..celui qui l'écrit ne se mouille pas...mais pour certains la lumière jaillit! Chaque personne aura son moment de gloire!
"Vivre avec ça", un homme raconte sa longue déchéance, son addiction de plus en plus forte à l'alcool. Pourtant il a une femme, un garçon, un travail. Il lui reste la haine d'une femme qui lui pose cette question : comment peut-il "Vivre avec ça"? Il le vit évidement très mal, mais que s'est-il réellement passé?
"D'un jour à l'autre" dans cette nouvellequi clôt ce recueil,un homme encore, poursuit sa quête personnelle, retrouver une dénommée Lily, même si pour cela il explore les morgues, entre espérance et désespoir.
Je trouve que dans ce recueil les lieux ont une importance primordiale, "La Cambuse", " La folie douce", " La pointe", " Le cheval fou" , "Le Galion"et imprègnent les récits d'une atmosphère propre à chaque histoire.
Des très nombreux personnages dans chacune des nouvelles, Salvatore, le Sicilien, le Toubib, le Chanoine, le narrateur et Léna dans " "D'aussi vastes déserts". Des femmes attachantes, Léna, Rachel, Marie, Dolorès, mais tous les narrateurs eux sont des hommes!
Beaucoup de nostalgie et de mélancolie dans ce recueil, et très souvent une recherche de l'enfance, d'un temps révolu. Dans plusieurs textes le personnage central se réfère à son enfance, et même devenu très riche, les souvenirs sont vivaces!
Toujours très bien écrit, net et précis et beaucoup moins noir parfois que d'autre recueils de l'auteur.
Extraits :
- C'est un homme de silence et de couteaux tirés.
- Son orgueil prétendait lui forger une cuirasse mais il n'a recraché qu'une visière en plomb.
- Que cachait-elle là dessous? Les traces d'une mélancolie féroce? Les morsures de l'alcool?
- Dans cette histoire de famille, je n'ai besoin de personne pour m'égarer.
- Traquer la vérité de cet homme - et de chaque membre de son clan - c'est comme de courir après le reflet du soleil sur la mer. Peine perdue.
- Ont-ils besoin de savoir qu'elle répétait du matin au soir, sans qu'alors je comprenne pourquoi, qu'aux sangs farouches, il allait falloir beaucoup pardonner ?
- La fuite relève parfois de la guérison. La leur s'était révélée miraculeuse.
- Qu'il y ait eu quelque chose entre cet homme que l'instinct obligeait à fuir et cette femme que rien ne retenait est une évidence. Qu'aucun d'entre nous n'en ait saisi l'essence ne l'est pas moins.
- La nostalgie seule ne suffirait pas à me lier au café du port.
- Une fois la mesure donnée, le chœur n'a plus qu'à reprendre la rengaine.
- Le mensonge, chez nous, est un vin qu'on partage. Peu importe celui qui nous remplit la coupe quand on a les lèvres sèches.
- Ici, pour un oui, pour un non, on a de l'enfer plein la bouche. C'est une valeur sûre.
- Jamais je ne me sens plus seul qu'au milieu de mes semblables.
- La clé est dans l'indicible. J'ai cru mille fois tenir une piste. Le début d'une histoire. Un fil auquel me raccrocher.
Éditions : La tour d'Oysel (2013).
Vous trouverez d'autres chroniques d'Alain Emery sur ce blog.

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Commentaires
P
Je l'ai reçu il y a quelques jours et je ne doute pas de passer d'agréables heures au cœur de ces déserts.<br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> Valérie Brun
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A
Vous ne me voyez pas, mais je rougis...
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A
Belle critique mais qu'en est-il de la première nouvelle, la grande ville ne vous a pas séduite :)<br /> <br /> Comme vous je suis tombée sous le charme d'A l'écart du fleuve, particulièrement poignante. <br /> <br /> Mais l'ensemble est vraiment bon.<br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Anne
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