La
Sône des Pluies et des tombes.
Xavier Grall
Note 5 /
5
Mémoire personnelle, mémoires collectives.
Pour ceux qui
lisent les commentaires laissés de droite et de gauche sur ce blog,
ont eu un jour la surprise de trouver des formules de salutation en
islandais! Ces messages sont signés « Olöf », dont on aura deviné
qu'elle est islandaise. Si j'en parle aujourd'hui ,c'est pour
signaler la sortie d'un article la concernant écrit par Bernard
Le Nail.
Cette dame ayant eu le bon goût de traduire mon poète
et écrivain breton, Xavier Grall.
Cela m'a donné envie de
relire ce recueil de poésie (en français bien sûr!) et de remettre
ma chronique au goût du jour.
Que dire que ce petit livre qui
"trône" depuis 30 ans dans ma bibliothèque ? Qu’il
m’est indispensable, et qu’il m’inspire, c’est évident, mais
c’est surtout un compagnon de route comme certains disques de Neil
Young. Il m’a suivi dans toutes mes divagations, tous mes
déménagements, puis dans ma quiétude actuelle. Je l’ai lu et
relu, toujours avec la même émotion. Entre « La fête de nuit »
et « Sur la route » de Jack Kerouac.
" Pas de préface
à ma Sône,
Mes amis, attendez que je sois mort
Car je
moissonne encore
Dans mon pays
Par les jours et par les nuits.
"
X.G.
Hélas, Grall est décédé depuis, victime de
certains de ces excès qu’il décrit si bien.
« Plaisirs
maudits qui me crucifient
c'est fini, je m'en vais aux marais
»
Toutes les étapes de ma vie sont là, regret et nostalgie dans
"Allez dire à la ville " fêtes païennes et alcool.
"Incandescences", rythmés comme un texte du Barzaz Breiz,
le feu de la vie à la mort.
Hommage à Kerouac dans "Kerouac
song ":
Kerouac est mort. Il y aura demain sur sa sépulture
des goélands venus du Finistère. La gwerz dans le bec.
Que dire
de ce superbe texte « Amour Kerné » et de sa version musicale par
Dan Ar Braz?
Le respect de la famille dans "Tu lis ton
ascendance ", présence de la mort qui rode dans « Qui, entre
mes épaules ?» mais aussi une grande lucidité dans ces paroles :
«
Qui, dans ces poumons gâtés
a fait germer les poisons des fatals
tabacs
et les venins des drogues ignobles »
L'Ankou encore
dans « Tristan :
« ... j'ai perdu ma vie, j'ai crevé mon
cheval
follement j'ai brûlé ma vie comme une lampe »
Le
regret de la fin d’un mode de vie dans le poème qui est mon
préféré :
"Plainte de Yann Vari Perrot ":
Mon
idéal est mort en Herminie
les
fils d'Arzur ont bradé la demeure
les
horloges vendues ne battent plus les heures
des
antiques fééries
Il ne reste plus rien
de
tout ce que j'aimais
Les
vivants ne m'écoutent pas
et
je ne les entends plus.
Un
texte militant, « Nous te ferons Bretagne » :
Nous
te ferons, Bretagne
Avec
des mots drus comme les grêles
Avec
des mots tranchants comme des faux.
Les
valeurs perdues du vieux pays dans "Pluies" ou "Marins"
; visite à ces chapelles bretonnes, chef-d’œuvre anonyme dans
"Notre Dame de Korreguer":
« Ainsi meurent les
cultes
Sous les fourches du temps
et des saisons meurtrières
»
Quelques hommages à Armand Robin et à l’Irlande
complètent ce recueil. Il y a un peu de provocation dans "Kerdruc
september", complainte du touriste à Pont-Aven sous la pluie et
devant la télévision.
Un dernier poème avant de refermer ce
livre : « J'aimerais partir... »
Vieux livres, anciennes
lectures, vous pouvez reprendre votre place pour quelque temps, mais
un jour je reviendrais vers vous.
Je n'imaginais pas voir les
poèmes de Xavier Grall traduits en islandais, mais j'en suis très
content.
Merci Olöf de m'avoir donné un prétexte pour reprendre
ce livre!
Chronique
datant du 09 septembre 2008.
Couverture islandaise :
09 décembre 2010
Hommage à Xavier GRALL à Combourg.
Commentaires sur Hommage à Xavier GRALL à Combourg.
- Takk, Yvon frændiOui, moi aussi, j'adore ce livre... et Grall, ce grand barde inspiré, y vit, cosmiquement, hors temps...
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