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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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27 septembre 2007

JAOUEN Hervé / Les ciels de la baie d'Audierne.

Les ciels de la baie d'Audierne.
Hervé JAOUEN.
Note : 4,5/ 5.
La Mélodie du malheur.
Ce roman date de 2006 et est donc une oeuvre récente d'Hervé Jaouen.
Mélodie va avoir dix huit ans. De sa chambre, dans la maison de son grand-père, elle regarde la baie d'Audierne. Nous sommes au mois de mars, le mois des pluies et des vents qui chassent les nuages, mais pas la grisaille d'un début de printemps.
Elle met sur le papier l'histoire qui a brisé son adolescence. Elle avait quinze ans, Petit Louis, son frère, neuf ans. Elle ne savait pas alors qu'elle était heureuse. Ses parents travaillaient, lui était masseur-kinésithérapeute, sa femme l'aidait au cabinet. Un matin la police arrête son père, quelques jours plus tard l'accusation tombe "Réseau de pédophilie", sa mère est également inculpée. Mélodie est placée dans un foyer, Petit Louis dans une famille d'accueil malgré que leurs grands-parent voulaient s'en occuper. Plusieurs familles seront broyées par la justice et par la rumeur publique. Les dégâts "collatéraux" commencent, un inculpé se suicide, la grand-mère de Mélodie meurt dans ce qui ressemble fort à un suicide. Malgré la libération de la mère, ils doivent maintenant faire face à un problème financier, la vente de tous leurs biens leur permet de survivre, la mère trouve du travail et un logement dans une banlieue lugubre, la régression morale et sociale peut continuer.
Le personnage de Mélodie est à un âge difficile, où même quand les problèmes sont mineurs, ils semblent insurmontables. Alors dans sa situation, le rejet de la société est un exutoire. Donc elle reniera toutes les valeurs que lui avaient inculquées ses parents. Petit Louis, lui choisira le silence, l'obéissance et presque le renoncement de lui-même. Les parents et grands parents ne s'en remettront jamais, mais y avait-il une possibilité de revivre comme avant?
Le juge Sibérius, dont la description par Hervé Jaouen, est un moment de mépris littéraire, avait la loi pour lui. Alors, reste le placard et peut-être un blâme!
Disons de suite que j'ai été un peu gêné par la très grande similitude avec une affaire sordide dont on parle encore et qui reste hélas un modèle de tout ce que l'appareil judiciaire ne devrait jamais pouvoir faire. Il est difficile de se retirer cette idée de la tête au début de ce livre, ce qui en gâche une partie de la lecture. Heureusement cela disparaît dès la seconde partie du roman où nous suivons la vie de ces gens dans un nouvel environnement et les traumatismes qui vont en résulter.
Comme souvent Hervé Jaouen dresse un constat social très réaliste qui se double ici d'une "mise en accusation" d'une justice bâclée par la faute d'un homme incompétent mais disposant de pouvoir inadmissible. Une oeuvre dure, d'un très grand réalisme.
Extraits:
- C'était un puits creusé dans la banquise, et la banquise ça vous broie les os quand elle se brise.
- Cette ville de mon enfance m'a volé mon adolescence, je la déteste.
- Notre long séjour dans la poubelle de l'opprobre venait de commencer.
- Je ne lirai plus jamais de roman policier. Ils vous roulent dans la farine.
- Des aveux, c'est pire qu'un tatouage.
- Prépare toi à en baver Mélodie.
-L'opinion publique est versatile. L'opinion publique est une hyène friande de rebondissement feuilletonesque.
- En Cornouaille, on ne cache pas les morts comme en ville: on les célèbre avec vigueur.
- La langue de mes aïeux rendait les chants encore plus poignants.
- Pas besoin d'avoir fait psycho pour situer son QI : entre le chimpanzé et le débile léger.
- Je vais cesser d'étudier mais je vais beaucoup apprendre.
- J'avais l'air d'une petite pute. Que je n'étais pas. Pas encore.
- Mieux vaut dire : nous nous étions abandonnés les uns les autres.
- Les gens qui en ont trop bavé ne s'en sortent pas toujours indemnes.....
- Logique. Logique du vingt heures. On a tort de dîner en regardant la télé.
- Une ville bombardée est plus facile à reconstruire que des vies détruites.
Éditions : Presses de la cité.
Autres chroniques de cet auteur : Pleure pas sur ton biniou ; La mariée rouge; Merci de fermer la porte ; Connemara Queen ; Le fossé ; Le crime du syndicat ; Les chiens du Sud ; Fleur d'Achélème; Quai de la fosse; Au-dessous du Calvaire; La chasse au merle; Le fils du facteur américain; Marée basse; L'adieu aux îles.

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Commentaires
E
Bonjour Jean-Yves<br /> Merci de ces précisions, j'ajoute que c'est un excellent roman qui donne un regard nouveau sur la vie brisée d'une famille prise dans les méandres de la justice.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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J
Pour toutes celles et tous ceux qui n'ont pas acquis "Les Ciels de la baie d'Audierne" paru aux Presses de la Cité en 2006, une nouvelle opportunité. L'ouvrage vient de reparaître, depuis le 21 février, en Pocket. 5 euros 80 l'ex.<br /> C'est le quatrième roman d'Hervé JAOUEN réédité chez Pocket.
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E
Bonjour Denis.<br /> Désolé, je pensais que mon adresse mail était accessible,mais non.<br /> Donc la voilà :<br /> eireannyvon@aol.com<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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D
je ne trouve pas sur votre site de mail pour vous contacter?<br /> à bientôt<br /> denis
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E
Bonsoir D'irlandaise, j'ai beaucoup de plaisir à te retrouver. Il est agréable de voir que tu viennes sur une chronique d'Hervé Jaouen qui était un ami d'un de nos écrivains préférés, John McGahern.<br /> Pour le fait de continuer à lire, il est difficile de se débarrasser des mauvaises habitudes, alors gardons les bonnes.<br /> En plus vu mon âge canonique, je serai bientôt en retraite, et il y a tellement de livres que j'ai envie de lire, donc je vais sévir encore pendant plusieurs années (enfin je l'espère!).<br /> Bises.<br /> Yvon.
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