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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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11 décembre 2022

PEREC Georges / Un homme qui dort.

 

Un-homme-qui-dort
Un homme qui dort.

Georges PEREC.
Note : 4 / 5.
Voyage au bout de l’ennui !
Ne vous méprenez pas sur le titre de cette chronique, ce livre n’a absolument rien d’ennuyeux, mais la vie du protagoniste de cette histoire l’est assurément !
Redécouvrir Perec après tant d’années, j’avais lu il y a très, très longtemps « Les choses » que j’ai d’ailleurs toujours dans ma bibliothèque malgré de nombreux déménagements. J’envisage très sérieusement de le relire bientôt.
Durant les 140 pages de ce livre, nous suivons un homme, dans les rues de Paris, ou à la campagne près d’Auxerre chez ses parents où il s’incruste pendant plusieurs mois.
Il habite dans ce qu’il semble être une chambre de bonne. Il a peu de place alors il ne fait rien, il lit, assis sur une banquette qui lui sert de couchage. Les cloches de l’église Saint-Roch rythment son ennui, les bruits de la rue Saint-Honoré lui servent de fond sonore.
À Paris il marche, il se traîne plutôt d’après ce qu’il dit. Nous le suivons dans ses pérégrinations, sorte de découverte pour lui comme pour nous de cette capitale où il traîne sa solitude. Dans les bars ou dans des promenades nocturnes.
Un seul et unique personnage, seul un vague voisin est évoqué à travers les bruits qu’il fait dans la chambre à côté. Il parle à peine de ses parents, chez qui il retourne pourtant vivre. Un personnage autant attachant qu’exaspérant, attachant dans sa solitude mais exaspérant, car on a l’impression qu’il ne fait aucun effort pour se lier avec qui que ce soit.
Il est aussi question de rats, il dit que parfois il ressemble à une vache, et la plupart du temps il attend… Il attend, mais quoi ? Que la pluie s’arrête place Clichy ?
Une très belle écriture, mais une lecture qui m’a semblé un peu ardue, car il ne se passe pas grand-chose dans la vie de cet homme qui pour moi reste une énigme.
Extraits :
- Mais le corps, à cet instant, ne présente plus du tout la belle unité de tout à l’heure, en fait, il s’étale dans tous les sens.
- Tu tends la main, tu écrases la cigarette qui fume dans le cendrier, tu achèves le bol de Nescafé : il est à peine tiède, trop sucré, un peu amer.
- Tu ne t’es jamais sérieusement interrogé sur la priorité de l’œuf ou de la poule. Les inquiétudes métaphysiques n’ont pas notablement buriné les traits de ton noble visage.
- Tu es un oisif, un somnambule, une huître.
- Amnésique errant au Pays des Aveugles : rues larges et vides, lumière froide, visage muet sur lequel glisserait ton regard. Tu ne serais jamais atteint.
- Au fil des heures, des jours, des semaines, des mois, tu te déprends de tout, tu te détaches de tout.
- Tu glisses dans les rues, intouchable, protégé par l’usure pondérée de tes vêtements, par la neutralité de tes pas.
- Maintenant tu vis dans la terreur du silence. Mais n’es-tu pas le plus silencieux de tous ?
Éditions : Denoël (1967). Folio pour l’édition de poche.

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Commentaires
A
J'ai également beaucoup apprécié la lecture de "un homme qui dort". Il y a aussi dans la même veine, "Espèces d'espace". Mais le livre que je préfère de cet auteur est "W ou le souvenir d'enfance".
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