ERNAUX Annie / Retour à Yvetot.

Retour à Yvetot.
Annie ERNAUX.

Note : 4,5 / 5.

Revenir…

Ce livre est annoncé comme « une nouvelle édition augmentée d’inédits ».

Plusieurs parties dans ce court ouvrage :
- Préface, Retour à Yvetot, Cahiers hors-texte, Annexes.
La préface est signée d’Annie Ernaux elle-même, où elle explique qu’elle a répondu favorablement à une invitation de la médiathèque d’Yvetot. Certains chapitres de « Retour à Yvetot » portent des titres intrigants :
- Les ruines. Le territoire d’expérience.
Et d’autres plus classiques :
- Revenir. Aller à l’école. Lire. Comment écrire.
Dans le chapitre « Les ruines », elle nous explique son dépaysement dans une ville où elle a vécu de nombreuses années, mais qui a beaucoup changé.
On retrouve dans cet ouvrage beaucoup des ingrédients qui figuraient dans son premier ouvrage « Les armoires vides ».
Il est fortement question, bien évidemment, de littérature, elle cite bien volontiers Céline, Sagan, Verlaine Jack London, Dickens, George Sand ou Charlotte Brontë. Elle se souvient de l’achat du livre « Le diable au corps » et du

mensonge dit par une de ses amies qui a assuré à la libraire que c’était pour ses parents !
C’était l’âge des premiers disques de variétés, les chansons d’Annie Cordy, d’Eddie Constantine, Line Renaud ou Luis Mariano.
Les spectacles sur la place de la Mairie, où un animateur local racontait des blagues de Roger Nicolas ou de Jean Richard.
Bref une jeunesse de provinciale, tout ce qui a de plus ordinaire.
 Mais il faut aussi citer cette phrase qui revient, me semble-t-il, plusieurs fois dans ce livre

- Venger ma race.
Mots qui lui sont bien souvent reprochés maintenant.
J’ai beaucoup appris à la lecture de ces textes. J’ai découvert Annie Ernaux grâce à son prix Nobel de littérature, et je l’ai donc peu lu.
Elle s’explique avec beaucoup de franchise, mais aussi de pudeur sur son écriture que certains qualifient de « plate » :
- L’écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles.
Je pense que cette écriture est un mélange du langage parlé qu’elle avait avec ses parents (qu’elle qualifie de patois normand) et d’une écriture plus recherchée due à ses lectures et ses études.
Une autre phrase explique son engagement politique :
- Je mesurais le décalage profond entre leur culture d’origine et la littérature que je leur enseignais. Je constatais aussi l’injustice d’une reproduction des inégalités sociales au travers de l’école.
Un livre très intéressant avec des documents inédits, des photos et des courriers avec une de ses amies, Marie-Claude. Un entretien avec une dénommée Marguerite Cornier, professeur-documentaliste à Yvetot et auteur d’une thèse à l’université de Rouen.
Cette dernière partie du livre s’achève par un postface également signé de Marguerite Cornier.
Un ouvrage qui donne envie de découvrir plus avant l’œuvre d’Annie Ernaux.

Extraits :
- Dans les rapides passages que je fais depuis trente ans à Yvetot, je constate des changements, des destructions.
- Le territoire du regard des autres et donc, parfois, le territoire de la honte.
- Il a été élargissement du monde.
- C’est ainsi que j’ai été fortement marquée à douze ans par la lecture du roman de Maupassant, Une vie, dissimulé parmi des paquets de café.
- J’étais encline à penser que la réalité et la vérité se trouvaient dans les livres, dans la littérature.

- Tout écrivain, même quand il invente une histoire, se fonde sur sa mémoire.
- Voilà, c’est ça, c’est le texte qui commande. Plus que la mémoire.

Éditions : Mauconduit (2022)

Autre titre de cet auteur sur ce blog :
Les armoires vides.

Comments

[eireann yvon]

Coucou.

Je découvre Annie Ernaux, et je trouve que ses livres sont intéressants.

fais comme moi tente!

Bises.

Yvon.

[Gambadou]

J'ai du mal avec cette auteure, mais tu vas réussir à me tenter !