MAISONS Dominique / Avant les diamants.

31 août 2020

Avant les diamants.
Dominique MAISONS.
Note : 5 / 5.
Les dessous troubles d'Hollywood.
Auteur que je découvre avec ce roman noir se déroulant aux États-Unis, en plusieurs endroits de Californie, en particulier à Hollywood entre le 17 mars 1953 et le 29 août 1953.
Un producteur indépendant tente de briser le monopole des grands studios de production. Mais la lutte va être acharnée, et pas mal de monde va y laisser des plumes. Depuis une dizaine d'années l'Outfit de Chicago (une branche de la Maffia) tente de prendre le contrôle de la production d'Hollywood et des millions de dollars qui résultent de ce juteux business. Larkin Moffat est ce producteur raté mais rêvant de gloire, il est prêt à tout, surtout au pire pour y arriver.
Peut-être que l’occasion se présente enfin, l'armée est prête à investir beaucoup d'argent dans le cinéma indépendant, à condition qu'il glorifie l'Amérique. C'est l'époque du Maccarthysme, de la chasse au communisme. Il faut aussi composer avec la toute puissante religion catholique, prompte à censurer tout ce qui ne lui plaît pas.
Moffat a pour petite amie Didi Brumelle, actrice en devenir, mais pour l'instant victime de celui-ci et qui espère un premier rôle qui la mettra sur la voix du succès. Elle fait la connaissance de Liz Montgomery, une belle brunette qui n'a pas froid au yeux. Entre elles, c'est le coup de foudre… mais sortir de la norme quand on débute, peut être risqué !
Au fil des pages, les trahisons se multiplient et la violence empire... Au bout un magot de deux millions de dollars aiguise les appétits !
Une phrase prémonitoire en fin de ce roman :
- Bientôt, on verra sur les écrans des couples mariés dans le même lit, des baisers de plus de trois secondes et des nombrils de femmes blanches.
Énormément de personnages dans ce roman, qui combine à merveille, le ban et l'arrière ban de la capitale du cinéma mondial, et des personnages de fiction qui ne dépareillent pas du tout dans cet univers de requins en eaux troubles. On croise bien évidement des starlettes passant de lit en lit en espérant un peu de gloire. On trouve aussi un curé homosexuel, un metteur en scène nommé V. ayant eu son heure de gloire, heure bien lointaine.
Deux militaires, Chance Buckman, gros joueur qui porte bien mal son prénom , et Annie Morrisson, superbe femme à la chevelure de feu qui fait tourner la tête à beaucoup d'hommes.
C'est bien écrit, agréable de lecture, la description du Hollywood de l'époque me semble très réussi. Un récit qui met à mal la machine à fabriquer du rêve, et qui n'était et n’est encore qu'une usine de propagande pour l'Amérique.
En fin d'ouvrage, l'auteur nous donne une bibliographie non exhaustive d'ouvrages traitant de la vie à Hollywood.
Extraits :
- Malheureusement, la concurrence est rude chez les blondes et elle joue comme un parpaing. Sa carrière s'arrêtera sans doute à la rubrique matrimoniale de Confidential et à quelques navets.
- On voulait un connard. Je crois bien qu'on a mis la main sur le prototype parfait.
- Vos dégueulasseries qu'il revend à tous les bordels du pays, c'est fini.
- Hollywood est une dévoreuse d'innocence.
- Si tu veux des mecs qui sont prêts à tout pour quelques dollars, va chercher du côté des toxicos.
- Elle frémit en réalisant qu'elle est pleine de souvenirs, mais si peu de projets d'avenir.
- Le temps des films produits par des juifs selon les principes moraux catholiques pour un public protestant est révolu. Une morale mondiale va se dessiner, au service des intérêts commerciaux des multinationales, et ce sera la seule qui comptera.
- Avec une grimace de dédain, Lomax repose sur la table de la librairie l'exemplaire de Go de John Clellon Homes qu'il s'étonnait de trouver là. La Beat Generation, ces jeunes gens laxistes, défaitistes et déviants s'épanouit également à Los Angeles.
Éditions : La Martinière (2020) .