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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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29 août 2011

CHEVALIER Gérard / L'ombre de la brume.

L'ombre de la
L'ombre de la brume.
Gérard CHEVALIER .

Note : 4 / 5.
À l'ombre des familles en pleurs.
Second roman pour Gérard Chevalier après l'excellent « Ici finit la terre » qui a obtenu le prix du roman « Produit en Bretagne » et celui du Polar insulaire au Salon international du livre d'Ouessant.
Dans un combat antique, un guerrier en décapite un autre...en période de combat plus proche de nous un autre soldat récupère la tête....et la ramène chez lui.
Yvon Leguern est médecin généraliste à Saint Cadou dans les monts d'Arrée, sa vie semble ordinaire, il travaille beaucoup, aligne les kilomètres dans sa 4L fétiche. Il est l'époux de la belle Trifyn, la trop belle Trifyn qui, par contre, roule en grosse cylindrée, fait de l'équitation, bref assume son statut de femme de notable. Des objets disparaissent chez ce médecin, un vieux fusil d'abord, puis une montre puis d'autres choses. Puis Marie Louise qui travaille chez le docteur et ensuite Françoise sa secrétaire semblent s'être évaporées! Il fait chaud, mais quand même ! L'affaire devenant grave la gendarmerie est alertée, Tanguy qui est un proche de la famille commence l'enquête qui, faute d'éléments probants, n'avance guère. Une lettre anonyme parle de retour et de vengeance de Jean-François Leguern, frère d'Yvon qui a disparu sans laisser de traces plusieurs années auparavant. À la mort qui semblait accidentelle de son épouse, il s'est enfui entourant ce décès d'un mystère aujourd'hui encore non élucidé.
Pas mal de personnages dans ce microcosme d'un village des monts d'Arrée. Yvon Leguern semble avoir tout pour être heureux....son cabinet tourne bien, enfant des environs la population le respecte et mieux, l'apprécie...alors pourquoi la vieille Anne Stephan qui l'apprécie beaucoup le met en garde contre un malheur imminent ? Son épouse, la belle et donc désirée Trifyn, ne bénéficie pas de la même affection du village, sa conduite routière entre autre est celle d'une bourgeoise parvenue. Son entourage professionnel est composé de Françoise sa secrétaire, secrètement amoureuse de son employeur, et de Marie Louise toutes deux au service de la famille depuis des années ! Donc pas réellement de soupçons de ce côte là ! En dehors de ce cadre, dans le village, il y a Le Braco, personnage énigmatique, « étranger admis » mais sans plus. Pourquoi s'est-il donc installé ici....Jean François Leguern, frère d'Yvon, a disparu au moment du décès de son épouse et il tient son frère responsable de celui-ci... où est-il ? De retour ? Anne Stephan, veuve, se présente comme une « Valde » une des dernières représentantes du paganisme et des croyances celtiques. Sa maison est très courue la nuit, voyante et guérisseuse elle est un personnage incontournable du village. Elle est le symbole d'un monde disparu. Les gendarmes connaissent la vie et les us et coutumes des environs et un policier vient de Brest pour les suppléer, personnage grossier archétype du flic de la ville, tombant comme un éléphant dans un jeu de quille. Pourtant au fil du temps une certaine amitié le liera avec le juge Prigent, retraité il s’intéresse aux civilisations celtiques et avait enquêté sur la disparition de Jean-François. Il connait ce milieu, il y vit depuis des années.
Gérard Chevalier après nous avoir fait découvrir le monde des îles dans son premier roman nous amène ici dans les monts d'Arrée. Monde plein de vieilles croyances de traditions profondément ancrées dans la vie quotidienne bercée d'anciennes légendes et des lieux aux noms compliqués « Tuchenn Kador » (Le Tertre du Trône). Quelques expressions et dialogues en breton rappellent que cette langue est encore parlée dans les monts d'Arrée. Un des aspects les plus intéressants de ce livre, c'est l'étude d'un bourg à l'intérieur de la Bretagne quand des évènements peu ordinaires s'y déroulent, le café devenant une sorte de forum où toutes les idées et tous les fantasmes des habitants deviennent par un mimétisme une sorte de vérité espérée. Les deux vieux garçons, paysans célibataires, un peu rustres, piliers du bar en sont un parfait exemple.
C'est « Fantasia chez les ploucs » dixit l'auteur ! Mais chez les vrais ploucs, donc chez moi!
Extraits :
- Sans être bêtement nationaliste, il était fier d'appartenir au peuple de Bretagne dont il possédait la langue. Une vraie langue. Riche. Forte. Poétique.
- Sa femme était un mélange instable de glace et de feu. Il n'arrivait pas à prévoir quel aspect de son tempérament se manifesterait.
- Yvon Leguern admirait ces maires de petits villages, souvent plein de bon sens, aptes à calmer les conflits et loin des luttes de pouvoir du monde politique.
- Il faut être breton pour se retrouver affublé d'un nom pareil pour un homme !
- … il observa, admiratif, ces lignes harmonieuses qui, depuis le début de l'humanité, éveille chez les mâles un intérêt possessif.
- Et puis cette femme..., cette somptueuse épouse dont il ne connaissait pas tous les méandres de la personnalité, après treize ans de mariage.... il s'interdisait de la juger.
- Et quand je suis devenue pas belle, il y en avait même plus un pour couper l'herbe au lapin.
- Tout dans les godasses, rien dans le képi !
- Le monstre du Tuchenn Kador est sorti du chaos ! Il rôde autour de nous.... l'heure est venue de payer pour nos péchés et ceux des autres ! Jean-François Leguern réclame justice !
- Vous n'avez rien compris. Il y a des codes de civilité. Les traditions rurales dans les monts d'Arrée sont miraculeusement encore vivantes. C'est un des derniers bastions de la langue celtique... enfin ce qu'il en reste. Il faut respecter la façon de vivre et de penser de ce petit monde.
Éditions : Coop Breizh (2011).
Autre chronique de l'auteur :
Ici finit la terre.

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