BERROU Bernard / Sunny Park.

Sunny Park.
Bernard BERROU.
Note : 4  / 5.
Soleil couchant.....!
J'ai rencontré cet auteur à Carhaix et à Riantec, spécialiste de l'Irlande ; je n'ai pour l'instant rien lu de lui. Étant dans une période « Science Fiction », pourquoi ne pas commencer par ce roman? Le monde tel qu'il sera dans quelques décennies?
Fin du XXI ème siècle, dans une ville, quelque part en Europe, la population de cette gigantesque cité est de presque 100 millions d'habitants. Les campagnes alentour se dépeuplent, les paysans affluent, le travail se fait rare! Alors la ville est devenue un monde vide de sens, les gens essayent non plus d'être, mais simplement d'avoir encore une existence légale! Certaines primes permettent de survivre, la voiture est définitivement bannie, les routes sont des chemins dévastés, les transports en commun sont très aléatoires, seuls les parcs d'attractions attirent encore une population hébétée de « Ginger-Up »! Ce breuvage légalisé a pris la place de l'alcool et des drogues, les trafiquants et les gangs ont été anéantis, donc tout semble parfait.
Gaspard vit au 8ème étage d'un immeuble, dans une rue de plusieurs dizaines de kilomètres, il vit un amour fou avec Sabine, un amour qui dure depuis un temps anormal pour l'époque. En effet ils vivent ensemble depuis trois mois! Archibald, le nain, est à leur service, Gaspard l'a acheté à un trafiquant, car ce commerce est devenu illicite!
A un autre niveau, nous faisons la connaissance d'Alex Sénant, historien de la ville qui donne des conférences secrètes dans les caves d'immeubles désaffectés.
Gaspard fait la connaissance de Vanina, sa voisine. Avec Sabine, ils décident d'aller à Sunny Park tous les trois, pour une grande nuit de fête! Une visite à Forrest-Games, puis un détour au « Phéroscenter », mais là tout bascule.....Quelles sont les racines du mal qui ronge la ville?
Pas mal de personnages dans ce roman. Gaspard se pose des questions, malgré l'abus de « Ginger-Up », il contemple le monde, s'interroge sur ce coup de téléphone des autorités lui signalant la disparition d'une de ses amies, Agnès.
Sabine et lui paraissent des gens sans problèmes, enfin pour l'époque! Vanina, la voisine, est une belle femme plus qu'attirante, c'est elle qui par jeu de séduction impose cette visite à Sunny Park.
Alex Sénant est l' érudit un peu rebelle, il connait l'histoire et en tire les conclusions qui s'imposent, mais pourquoi?
L'histoire est originale, l'idée d'un monde sous l'influence d'une puissante drogue est innovante! La lumière artificielle vient du sol, la première station de bus est pour Gaspard très loin! Le vocabulaire s'est appauvri, les livres sont devenus des antiquités, bref un monde idéal. Entre la folie des hommes et la contre folie d'autres, que va devenir le genre humain? Le bien et le mal n'ont plus grand sens dans la vie de tous les jours, d'ailleurs la vie a t-elle encore un sens?
Une fin de roman digne d'un film d' aventure à grand spectacle et une lecture très agréable.
Une note d'humour, les forces de sécurité de Sunny Park sont appelés les « Brits » pour Brigade Interne de Sunny Park, l'auteur ne nous dit pas si une main frondeuse ou rebelle a écrit sur un mur « Brits out ».
Extraits :
- ….une phrase toute simple inscrite au fond du cerveau qui disait à peu près ceci : « La peur est nécessaire, car elle n'est que le signe paradoxal de notre lucidité. »
- Après avoir connu une période faste où se multiplièrent les rapts et les trafics juteux, le commerce du nain était à présent en régression.
- Les journées s'écoulaient dans la hantise du désordre et de la haine.
- La liqueur de gingembre fut légalisée après l'abolition des drogues dures et le démantèlement des réseaux clandestins.
- Gagner sa vie n'était plus de règle, il fallait plutôt s'occuper de gagner la vie. Ce qu'on avait coutume d'appeler métiers relevait d'une pure abstraction.
- Quelques voix timides dénoncèrent l'escalade d'un monde virtuel, le divertissement débile, le lavage de cerveau.
- Il y a une centaine d'années, la plupart des hommes avaient vendu au diable le peu d'âme qui leur restait.
- Depuis l'usage répandu du ginger-up, les pulsions régissaient l'ensemble des comportements.
- Elle évoqua alors avec maints détails la lointaine province de Sud-Britannie, dans une région de marais salants, là où elle a vécu.....
- Les habitudes de la vie sédentaire ne permettaient plus d'évaluer les distances avec justesse.
- C'était le zéro du temps et de l'histoire qui annonçait une ère nouvelle.
- « On ressemble à un troupeau de moutons qui part s'abreuver au grand large des pâturages », ironisait-il. Éditions : Terre de Brume (2007)