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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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12 juillet 2008

ASTRUD Michèle / Amitiès

Amitiés.
Michèle ASTRUD.
Note : 4 / 5.
Vacances d'enfer!
Ce livre qui est estampillé « Récit » est la première oeuvre de cette auteur que je lise. Je n'ai d'ailleurs pas trouvé beaucoup de renseignements sur elle. Elle a écrit au moins deux autres ouvrages.
Une forte pluie et une fuite sur un toit vont-elles faire tomber à l'eau les vacances de ce couple? Il part pour dix jours chez des amis. La femme n'est pas très enthousiaste à cette perspective, en plus si cette maison qu'ils viennent d'acheter a des problèmes d'étanchéité? Mais elle cède à son mari et en voiture! Pendant le premier repos sur la route, un couple s'invite, Alain et Anna, à leur table, puis dans leur vie. Ils repartent ensemble au grand dam de la narratrice, mais par lâcheté ou par naïveté, Olivier accepte et les vacances dérapent. Un accident immobilise la route pendant des heures, Olivier garde les voitures et les enfants. Pour la narratrice les événements s'enchaînent, certains réels, d'autres paraissent tenir du cauchemar. Ces hommes avec elle près de la rivière, ses mains sur elle, Alain qui regardait la scène? Rêve ou réalité? Anna lui propose de faire une blague à son mari Alain. Persuadée de ne jamais revoir ce couple, elle accepte. Dans un petit village pris d'assaut, ils trouvent par miracle deux chambres, mais les gestes et les paroles deviennent de plus en plus ambigus. La solution pour Olivier et son épouse, la fuite au matin, la route et enfin les vacances, les vraies entre amis......
La narratrice est une femme plutôt sauvage, poussant son goût de la solitude assez loin. Sans réelles amitiés, elle accepte celle de cette femme complètement inconnue, mais se trouve prise dans une situation où ses sentiments deviennent confus et exacerbés.
Olivier, le mari, est conseiller technique dans un cabinet d'architecte. A-t-il pris pour lui le célèbre proverbe « Les cordonniers sont les plus mal chaussés ? ». Toujours est-il que le toit de la maison, que lui et son épouse viennent d'acquérir, n'est pas dans le meilleur état possible. Il parait très effacé, aveugle ou refusant de voir les manigances se déroulant autour de lui. Il acquiesce pour faire la route avec ce couple rencontré par hasard tout en le regrettant. Anna est enceinte, soumise, mais lucide, elle reconnaît un comportement irrationnel. Elle espère quitter son mari,  et est prête à lui mettre une autre femme dans les bras. Une lutte d'influence va l'opposer à son époux, qui des deux aura le dernier mot? La force de l'homme ou la ruse et la séduction de la femme? Alain, « beauf » intégral, violent envers les plus faibles que lui, couche volontiers avec tout ce qui bouge. Donc la narratrice ne serait pas pour lui déplaire, et il ne lui déplaît pas non plus.
Alexandre et Jannie sont les amis chez qui ils vont en vacances. Ils ont loué une maison comme dit l'auteur dans le style moderne, copie en moins bien de la demeure bourgeoise de « Mon Oncle » de Jacques Tati. Lui est en vacances pour perdre du poids, elle est une femme trop bien habillée pour le lieu! Ils semblent s'ennuyer, mais l'arrivée de leurs amis ne paraît guère changer le contexte.
Tous vont se retrouver confrontés à une situation qu'ils n'avaient pas prévue et qui laissera des traces.
Une atmosphère des plus étranges entre séduction et haine, entre soumission et domination. Un récit basé sur une ambiguïté permanente et les comportements de ce couple rencontré par hasard sur une aire de stationnement, qui dominent la situation et s'imposent progressivement.
Un livre qui me fait hésiter, certaines situations étant à la limite de la réalité, mais l'auteur, comme elle le fait avec ses personnages, joue avec des situations très ambiguës. L'amitié dans ce concept de vacances communes en prend un sérieux coup, mais n'est-ce pas souvent le cas? Les désirs sexuels peuvent aussi faire changer les gens.
Un livre à lire car très original et sans temps mort.
Extraits:
- Vous êtes téméraires. Dix jours avec des amis, c'est très long. Chapeau bas si vous réussissez à ne pas vous fâcher.
- Avec mon mari, l'idylle n'est plus vraiment parfaite. Je songeais plus à partir qu'à avoir un autre enfant.
- Après vingt-cinq ans, elles ne valent même plus la peine qu'on s'use les doigts à les caresser.
- Dans l'obscurité moite et épaisse, il a soudain un visage si attirant, son regard est noir, brûlant, dévorant.
- Non aucun risque, si je n'avais pas été là, il ne t'aurait sans doute pas effleuré. Il a besoin de spectateurs.
- Ces vacances sont un calvaire, un chemin de croix.
- J'ai l'impression que l'on me les a expédié pour expier mes fautes.
- Notre couple ordinaire avec sa petite fille erre dans un décor à la Jacques Tati, style « Jour de fête » version couleur.
- Aurais-tu mis à jour des tendance homosexuelles que tu ignorais?
- Nous sommes maintenant pris au piège. Accueillis comme des sauveteurs, nous ne pouvons que les décevoir.
- Pourquoi nous recevoir si mal?
- Est-elle une génitrice indigne et castratrice?
- Tu as l'âme d'une femme de chambre, tu as raté ta vocation me lance-t-il avec ironie, avant de s'allonger et de fermer les yeux.
- Tu te trompes, tu n'es pas plus coupable que les autres. Quand une amitié dégénère, il n'y a pas qu'un seul responsable, ce serait trop facile.
Éditions : Entre-Pont.( 2002).

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