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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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12 mars 2007

JAOUEN Hervé / Le crime du syndicat.

Le crime du syndicat

Hervé JAOUEN

Note : 4.

Les immondes du travail.

Roman écrit en 1984, l'auteur nous rappelle que la gauche est au pouvoir politique, mais le monde des affaires et de l'argent obéit à ses propres lois, souvent hors des lois. Nous suivrons dans ce roman la manipulation d'un homme, le chantage exercé sur lui et sa mort au nom du profit et de la destruction d'un syndicat trop gênant.

Un policier (Le flic) enquête sur la mort violente du chef du personnel dans les toilettes de la banque. Pour l'instant, le meurtre reste mystérieux.

Nous suivons la manipulation d'un homme, suite à une faute professionnelle voulue et orchestrée par sa direction. Ensuite vient le chantage, il est nommé en Bretagne dans le but de détruire un syndicat qui met des bâtons dans les roues dans le bon fonctionnement de cette succursale. Commence le combat entre la direction, dépassée par des ordres venant de plus haut, qui donne les pleins pouvoirs à Ruttard, promu pour la circonstance directeur du personnel, et le syndicat. Pour Ruttard, toutes les méthodes sont bonnes, de la provocation aux conflits internes pour des peccadilles. Diviser pour régner même au prix des pires bassesses.

Disons-le tout net, le personnage le plus sympathique, pour ne pas dire le seul, est "Le Flic".

Joseph Ruttard est le prototype du pauvre type, c'est vrai, pas aidé par la vie, mais qui ne doit sa place qu'au fait que son père ait fait toute sa carrière dans cette banque. Les syndicalistes, jeunes et bardés de diplômes, semblent prendre leurs revendications comme des combats personnels et forment un trio pour le moins complexe. Mais tous sont victimes du système et de la chasse à la promotion et d'un monde incroyablement inhumain.

Un roman plus effrayant qu'un polar classique, car ici nous assistons à la programmation, et aux préparatifs de la mise à mort d'un homme. Ruttard est désigné, poussé à la faute et obligé de s'exécuter. Mais c'est lui qui sera exécuté. Ce qui inquiétant, c'est que ce roman semble "vrai" et que cette histoire est plausible.

La narration du drame s'effectue à différents niveaux . Des notes policières, des documents saisis lors de perquisitions et des compte rendus syndicaux.

Les quelques pages du rapport sur les compétences du personnel sont hallucinantes, Les "Passifs", les "Alliés", "les Irréductibles irrécupérables", etc.... Un très attendu suspense final pour un bon roman, pas très facile à lire pour les non initiés au monde bancaire.

Extraits :

- En soit le meurtre est sans importance.

- Les difficultés conjugales de Ruttard n'excusent pas sa veulerie professionnelle et syndicale. Heureusement! Il nous épargne ainsi les états d'âmes et peut-être les remords.

- Lui dira-t-il un jour à Masson, que Ruttard avait été réellement payé pour ça!

- Il est à noter qu'un tel mouvement n'était pas totalement imprévisible dans la mesure où le Breton a toujours été frondeur (chouannerie, révoltes paysannes du XXème siècle), rêveur (théorie des climats), et passéiste.

- Masson était à éliminer d'urgence.

- George Orwell a écrit 1984. Nous sommes en 1984. L'infâme Ruttard n'a pas raté son rendez-vous avec le futur.

- La victoire de la gauche nous a porté malheur. Les gens attendant je ne sais quoi du gouvernement.

- Guérisseur des coeurs, il était sans le divan, le psychiatre des portefeuilles.

- Il y aura de la compréhension entre nous, mais jamais d'amitié.

Éditions :Denoël, Sueurs froides / Éditions de la Chapelle.

Autres chroniques de cet auteur :

Pleure pas sur ton biniou.

La mariée rouge

Le fossé

Connemara Queen

Merci de fermer la porte.

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