COE Jonathan / Les nains de la mort
Les nains de la mort
Jonathan COE
Note : 4
William et les deux nains.
C'est le premier livre de cet auteur auquel je m'attaque ; le nombre de critiques élogieuse m'inquiète un peu, et je n'ai plus guère de contact avec la littérature anglaise depuis un moment. Il serait peut-être temps de s'y remettre, surtout que j'en ai quelques-uns dans ma bibliothèque.
William, jeune provincial débarqué à Londres à la recherche de l'Eldorado, commence à déchanter (ce qui pour un musicien est le début de la fin).
Il habite une cité pas cauchemardesque, mais pas loin. Il est amoureux d'une jeune fille, Madeline, qui entre catholicisme et frigidité, est de charmante compagnie. Les musiciens avec qui il tente de travailler sont plutôt spéciaux et réellement mauvais. Pour vivre, il travaille chez un disquaire dont les clients le rendent particulièrement nerveux, et cerise sur le gâteau, il assiste à l'assassinat du manager du groupe par deux nains cagoulés comme des terroristes voulant être incognito! Il nous raconte les événements qui ont marqué sa vie pendant les quinze derniers jours, avant le drame. L'enregistrement d'une cassette qui devrait leur apporter gloire et fortune, et qui n'est qu'un bide. Bide également dans ses relations avec Madeline, et sa tentative de rapprochement avec Karla. Quelques beuveries, terminées par des virées dans le Londres nocturne, n'arrangent pas son état d'esprit.
On finit par oublier qu'il y a eu un meurtre, mais il ressurgit après quelques notes de musique.
William serait pathétique s'il n'était pas aussi horripilant, bousculé de tout bord. Il subit, espérant des jours meilleurs, mais ne faisant rien pour qu'ils arrivent.
Madeline, vierge effarouchée dont on se demande pourquoi William est tant amoureux entre Stacey, ex fiancée qu'il regrette et Karla la barmaid écossaise. Harry et les autres membres de l'orchestre complètent ce portrait de marginaux.
Descriptions d'une Angleterre de l'après Margaret Tatcher, la dame de fer inébranlable et inoxydable. La décrépitude autant morale que physique, à l'image de la cité Herbert où habite William. Les galères de tous les jours du prolétariat londonien, un peu teinté d'humour pour cacher le désespoir.
Un bon roman oscillant entre roman policier et études sociales, avec en plus une plume de qualité.
Extraits :
- Madeline aime beaucoup ma musique, toutes sortes de musiques. Par exemple elle écoute énormément de musique religieuse, c'est surtout ça qui lui plaît.
- Mais si j'étais toi, j'essaierais quand même de faire une tentative avant la ménopause.
- Les types qui venaient acheter les albums de Michael Jackson et de Whitney Huston avaient tous l'air d'écoliers trop riches.
- Sans son intelligence, je crois qu'il aurait été l'un des pires abrutis que j'ai jamais rencontrés.
- Je vais te dire ce qui m'emmerde. C'est que tu es absolument charmante.
- "Quoi"?
- Absolument charmante avec tout le monde sauf avec moi.
- Tu es vraiment stupide, dit-elle. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi stupide que toi, William.
- Il dit que l'église est un complot de la bourgeoisie pour maintenir l'ordre social.
Éditions :Gallimard
Titre original: The dwarves of death