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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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16 août 2006

DELLILO Don / Cosmopolis

Cosmopolis-bab
Cosmopolis.
Don DELILLO.
Note: 4 / 5.

Hyène et yens.
Imaginez moi au sommet de mon rêve (cauchemar) hebdomadaire, dans la galerie marchande d’un supermarché. Chez un de mes commerçants favoris, au milieu des galettes de blé noir, quatre-quart bretons et autres kouig-amman, des livres ? C’était pour l’opération "Livr’échanges". Tel le regretté Devos, je dis "si c’est pour la bonne cause ", une douzaine de galettes et " Cosmopolis " de Don Delillo. 
Je ne regrette ni mon repas, ni ce livre qui est excellent dans un genre, le financial-fiction dont le dernier exemple que j’ai lu est le très bon "New-York, 5 heures du matin" de Herbert Libermann, mais en plus crépusculaire, en plus extrémiste.
Dans cette sorte d’huis clos, dans une limousine de très haut luxe, Eric Parker, voit sa fortune fondre comme neige au soleil sur des écrans d’ordinateur. Il a quitté ce matin son appartement de quarante huit pièces dans le quartier le plus chic de New-York, ses chiens et son aquarium avec un requin de dix mètres de long, nageant à son aise.
Et lui, il est là bloqué dans un embouteillage, ses écrans de télé lui reflètent la vie extérieure, des financiers assassinés, des masses de gens dans la rue provoquant des émeutes. Et le yen qui monte, qui monte. Les descriptions du chaos des rues new-yorkaises sont saisissantes, deux mondes :l’intérieur du véhicule ou l’extérieur sont face à face.
Sa vie, dans sa limousine cercueil ou forteresse, entre ses conseillères financières, son médecin et ses gardes du corps, sa femme et ses maîtresses. Ses rares visites dans ces rues qui ne sont pas de son monde. Est-ce le crépuscule d’une manière de vivre ; de quoi demain sera-t-il fait ?
Dommage que certaines scènes sur le final me paraissent superflues, mais l’ensemble dégage une force d’écriture et une telle suggestion de la démesure de l’argent sur la vie du monde, que cela ne retire rien à ce livre qui est une superbe découverte et une grande leçon pour l’avenir.

Extraits :
-Nous sommes tous jeunes et intelligents et nous avons été élevés par les loups. Mais le phénomène de la réputation est une affaire délicate. L’ascension sur un mot et la chute sur une syllabe.
-C’était un argent dur, brillant à facettes.
-Dans les sociétés libres, les gens n’ont pas à redouter la pathologie de l’Etat.
-Ceci est une manifestation contre le futur. Ils veulent bloquer le futur. Ils veulent le normaliser, l’empêcher d’engloutir le présent.
-Les gens ne mourront pas. N’est-ce pas le credo de la nouvelle culture ?
-"D’abord j’ai volé l’argent, et puis je l’ai perdu".
Elle dit en riant : "Où ?".
Sur le marché.
Mais où ? dit-elle. Où va-t-il quand on le perd ?"
-Qu’est-ce que les poètes connaissent à l’argent ? Aimer le monde et en laisser une trace dans un vers. Rien d’autre, dit-elle.
-Il voulait être enterré dans son bombardier nucléaire, son Blackjack A. Il voulait être solarisé.
Editions:  Actes Sud. (2006).
Collection Babel.
Titre original : Cosmopolis (2003).
Traduit de l'américain par Marianne Véron.

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