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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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10 octobre 2011

ASSIÉ Philippe / L'empreinte du lézard.

L'empreinte du
L'empreinte du lézard.
Philippe ASSIÉ.

Note : 4,5 / 5.
Errances d'ici ou d'ailleurs.
Saut dans l'inconnu avec ce roman dont je ne connais ni l'auteur, ni la maison d'éditions, bien que celle-ci soit basée à Lorient ! De l'auteur, tout ce que je sais est qu'il est décédé en 2010 et que ce texte est son premier roman. À noter, la superbe couverture avec cette magnifique photo.
Un homme Wha, sa vie son oeuvre.....la route, les joies, mais aussi les peines et ce conseil :
-La route a ses règles : ne perd jamais ton sac de vue, ne rate pas une occasion d'avancer, fais gaffe à ce que tu bouffes.
Le mythe Jack Kerouac est mort hélas, bien avant Kerouac lui-même..la route est toujours là tentante, mais aussi très dangereuse.

Deux chemins, un ici, l'autre en Afghanistan, la vie, la route, espoir et difficultés mêlés, solitude d'un hiver isolé par la neige, les amitiés fidèles. Un village rebaptisé Nanadai, hommage rendu par sa mère à une fille morte dans un accident de voiture. Le bouche à oreille pour ne pas trop divulguer son emplacement réel, pour éviter les intrusions trop nombreuses. Solutions extrêmes, mais pas forcément du goût des autorités, la dégradation des voies de communications pour tenir à l'écart chasseurs et bûcherons.....
Mais même ici dans cette communauté, le nerf de la guerre reste l'argent, l'amour libre, et tout le reste a malgré tout un coup financier même réduit à son strict minimum.....Le sexe débridé n'empêche pas les chagrins d'amour......
Les saisons passent, la vie suit son cours, la neige et le soleil....les menus déplaisirs et les grands plaisirs, le monde moderne est loin....le bonheur, enfin un peu, beaucoup de simplicité, mais dans la vie hélas, tout se paye.....Ils voulaient l'amour et la paix, ils eurent la mort et la guerre....Que reste t-il de ce mouvement pacifiste et contestataire aujourd'hui....peu de choses, il me semble.
Beaucoup de personnages, le plus attachant est à mon goût, Lélia, l'amie de jeunesse, sauvageonne, un peu sorcière, pleine de croyances anciennes héritées du monde païen, personnage oh combien attachant...ombre salvatrice, inspiratrice d'un certain retour à la nature qu'elle comprenait.
Wha, le narrateur, qui regarde le monde d'un œil lucide, mais le début de son aventure se nomme Laurence, je n'en parlerais pas je laisse ce soin à l'auteur :
-des yeux noirs à allumer un mort, une bouche pour tailler des pipes au diable, avec ce putain de grain de beauté juste au-dessus des lèvres comme Angélique marquise des anges....
Pas étonnant que la vie de Wha se transformera en enfer ! Lui permettant de survivre seul au cœur d'un hiver particulièrement froid et neigeux...Charko un jeune poulain survivra lui aussi. Avec le temps, Wha devient une sorte de patriarche, le seigneur de Nanadai.
Les copains, Olivier, le dragueur, profiteur dans un milieu de gens plutôt partageurs, alors piquer les femmes des autres n'est pas un problème, flambeur, il dissipera tout, la poudre blanche lui fera perdre définitivement la tête. Il y a aussi Ramsès l’autochtone qui l'âge venant après des années d'abstinence deviendra obsédé sexuel... Enfin il y a d'autres femmes, Kate la superbe irlandaise dont tous les hommes tombent amoureux, sauf un....enfin pas assez pour lui être fidèle.....Bernie qui revient de loin, de très loin...
Malgré tout ce que l'on peut dire ou faire ; hippies pleins de bonne volonté prêchant l'amour et la paix, certains côtés peu reluisants des hommes ressortent malgré tout, le côté possessif d'Olivier par exemple vis à vis de Kate ; certaines compromissions en acceptant de participer à des trafics dangereux, ou de vivre aux dépends d'une femme riche et perdue suite au décès de sa fille, etc....
Qu'est-ce qui a foiré ?????
Certainement l'intrusion des drogues dures et leur banalisation même dans les couches les plus populaires, ouvrant la voix à la situation actuelle....Un chanteur qui se drogue, c'est un artiste, cela aide pour la création.....et après....l'enfer !
Je ressens à la lecture de cet ouvrage un certain désenchantement de la part de l'auteur et aussi de la part de toute une génération qui s'est quelque part perdue en oubliant ses rêves qui d'ailleurs tenaient plus de l'utopie. Un retour vers le passé, c'est bien, mais cela laisse un drôle de goût dans la bouche....
C'est très bien écrit, simple mais efficace, sorte de testament de l’utopie hippie, le monde est beau, gardons-le comme il est et rendons le meilleur encore......les faits malheureusement sont plus forts que les idées.
Un alphabet classique pour la période contemporaine, mais en italique pour les retours en arrière, qui concernent la jeunesse et la période du séjour en Afghanistan, les deux se mêlant parfois dans un même chapitre.
Dans ce livre, il y a une playliste, que je signe des deux mains.....imaginez, « Old man et Harvest  suivis (quelques pages plus loin pour éviter l'overdose) de « On the beach » J'étais jeune mais j'écoute toujours ces deux disques qui font partie de mon Panthéon musical !
Extraits :
- Éblouissant. Ébloui. Éblouissement. J'avance dans la résonance du gong.
- J'ai appris à chasser avec les chats, avec mes frères lézards, ai après l'occitan ambe aquelis del poble mèu que se sovenon de lor langa.
- La route peut être dure et c'est souvent le pays du bonheur, quasiment jamais celui du plaisir.

- On descendait des citernes de bière, le shit et l'acide abondaient, se vendaient, se donnaient.... une chronique de martiens.
- Voilà pourquoi si tu n'as rien à y faire, passe ton chemin. On y tutoie le harki de répugnante façon.
- La neige nous entoure et nous contient.......Seul le ruisseau suit son idée entre de gros ourlets blancs.
- L'Afghanistan- purgatoire et ses vents de poussière au-delà des vitres, assis dans le quartier des hommes, aux odeurs d'oignons doux.
- « La route » ça s'appelait. La route comme s'il n'y en avait qu'une.
- Il ne te veut aucun mal mais tu peux crever, il s'en fout....
- Lélia et Wha s'emmerdent le dimanche à dix ans.
- Lélia et Wha s'emmerdent le dimanche à quinze ans sur le bas-côté de la route.

- Mal aux hormones.
- Neil Young léger et tordu, complexe, léché, énorme !Et puis cette chanson, banjos-picking et gros temps marqués du talon de bottes sur un plancher, l'histoire d'un labyrinthe dite d'une voix déchirée, je n'ai jamais rien entendu d'aussi fort et je peux l'écouter un million de fois avec les poils debout!
- « En Irlande on dit que le regard d'une rousse peut fendre les pierres »
Éditions : « Le doryphore ». Coopérative éditoriale .(2011).
Site ici.
Playliste musicale ici avec en particulier « On the Beach» de Neil Young.
Lien pour le site Babelio.


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