RAINSFORD Sue / Jusque dans la terre.

Jusque dans la terre.
Sue RAINSFORD.
Note : 4,5 / 5.
Mise en terre ?
Je découvre cette jeune autrice irlandaise, à la lecture de ce premier roman traduit en français.
Roman en quatre parties.
Ada vit avec son père, leur maison est un peu retirée de la ville, comme pour marquer leurs marginalités.
Une maison dans une clairière qui leur sert de cabinet dans laquelle ils reçoivent leurs « cures ». Le père et la fille sont des marginaux, mais ils ont malgré cela une liste de patients ayant des problèmes de santé. Ils se servent de la « Terre » comme moyen de guérison, enterrant les malades, puis les déterrant une fois guéris.
Qui sont-ils vraiment ? Leurs racines viennent-elles de la Terre ?
Le père, certaines nuits, se transforme, il se dénude, son corps change, il marche à quatre pattes, et revient au matin couvert de sang.
Ada éprouve du désir pour Samson et devient sa maîtresse. Son père s’oppose fermement à cette relation qui bouleverse la vie d’Ada et aussi celle de la famille.
Mais elle continue à s’occuper de ses « cures », en particulier d’Olivia, la sœur de Samson. Veuve, elle est enceinte et cela ne se passe pas trop bien.
Une légende court autour d’un étang voisin, le lac des Sœurs-Anguilles.
Croyance ou faits avérés ?
Une autre « Cure » Lorraine vient souvent voir Ada…
Olivia vient lui dire que Samson a disparu, le père d’Ada décède, elle reste seule sans pratiquement aucun contact avec l’extérieur.
Les années passent et un jour, un homme se présente à la porte.
Ada, son père et Samson sont les personnages principaux de ce livre.
Mais Ada et son géniteur, qui sont-ils réellement ?
Quelles relations entretiennent-ils avec les autres protagonistes de ce livre, leurs patients ? Pourquoi le père d’Ada est-il si opposé à sa relation amoureuse avec Samson, lui disant que celui-ci est dangereux ?
Ada est la narratrice presque exclusive de ce récit, car parfois quelques « Cures » prennent la parole, donnant leurs points de vue.
Un roman étrange, déroutant, inclassable mais passionnant.
Une découverte.
Extraits :
- Alors, nous les lui avons retirés, et nous l’avons enfoncée dans le sol.
- Les cures, il a dit en riant. C’est comme ça que vous nous appelez ?
- Il était très, très rare que Père accepte de rendre visite à une cure.
- Les cures aimaient bien croire qu’elles possédaient des dons magiques. C’était plutôt irritant.
- Un en-cas pour la Terre affamée, me suis-je dit, en le regardant s’enfoncer et disparaître.
- Je l’ai accueilli en moi, et chacun de ses mouvements aiguillonnait la douce contusion qu’il réussissait toujours à trouver.
- Père, une pelle à la main, m’attendait sur le Terrain funéraire. Nous allions déterrer M. Kault.
- C’était ridicule de désirer vivre la jeunesse d’une fille cure, de croire que j’avais droit à ces sentiments.
- C’est difficile à exprimer, à décrire, une solitude aussi absolue.
- Toutes les vieilles femmes ont été, autrefois, jeunes. Je le sais.
- Solitude. Solitude. Il faut avoir un cœur, pour se sentir seul.
Éditions : Aux Forges de Vulcain (2022).
Titre original : Follow me to Ground. (2020).